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1704. 'i^re fi épaiiTe que nous avions de
31.0a. la peine à ouvrir les yeux, outre
qu'il faifoit froid. 11 tomba plus
de pluie vers le midi, qu'il n'enétoit
tombé pendant tout l'été. Cela
ne nous empêcha pas de pourfuivre
notre voyage, Se notre compagnie
fut renforcée en chemin de plulieurs
voyageurs, qui fe joignirent
à nous pour être plus en fureté.
Deux de nos coureurs fe trouvèrent
indifpofez en ce quartier-là, nous
fûmes obligez d'y en lailler un,
jul'ques à ce qu'il fut en état de retourner
à Ispnbany ou de nous fuivre:
mais l'autre, qui étoit àmoi,
s'étant trouvé un peu foulagé ne
voulut pas nous quiter.
Le premier jour de JSfovembre le
tems fe remit au beau, & nous continuâmes
notre route par un village
rempli de voleurs. Nous n'en fûmes
pas plutôt fortis , que nous
nous apperçumes qu'il nous manquoit
un âne , qui appartenoit au
conducteur de notre caravane. On
renvoya deux de nos gens au village,
oii ils le trouvèrent par bonheur
entre les mains d'un honnête homm
e , q u i les pria d'examiner fa charge
pour voir s'il n'y manquoitrien,
enfuite de quoi ils vinrent nous rejoindre.
Nous étant avancez dans la plaine
, nous trouvâmes un pont de pierre
à 5. arches, que nous ne voulûmes
pas traverfer parce qu'il nous
parut en mauvais état d'un côté,
aimant mieux paiTer à gué la riviere
qui n'étoit pas p r o f o n d e ,& qui
abondoic en bon poiifon, dont nous
ne pûmes profiter, parce que lejour
étoit fort avancé, & que nous avions
encore une longue traite à faire.
Arabes. Nous rencontrâmes quelques yirabes,
nouvellementdecampés,qui
alloient chercher une autre demeure.
Leurs femmes & leurs filles avoient
des bagues, avec une perle
& quelques pierres des plus communes
au bout du nez. Ce joyau
fait en forme decroiiTantjleurpendoit
jufques à la bouche, & elles
avoient d'autres ornemens aux cheveux
j la tête couverte d'un certain
linge, ôc le vifage découvert. Leur
C E S
'jupe de-deiVus ne leur tomboitguc- 1704.
re au deflbus des hanches > la fecon- i. Non
de à demi jambe, & la chemife un
peu plus bas, par dcflus le caleçon
& les bas, & elles avoient des mules
de feutre. La plupart de ces femmes
volent aulli hardiment que
les hommes, & font preique auilL
robulles. Ces gens-là fe repandent
par tout le R o y a u m e , & o n t l e teint
bafané. Les hommes font habillez
comme le commun peuple dupais.
Nous arrivâmes furlesdeuxheures
au village de Konskiefar , qui
a un bon C/ira-vanferai de pierre,
oii nous nous arrêtâmes, le tems étant
fort mauvaisjmais cela ne dura
pas, de forte que nous continuâmes
notre route à 5. heures du matin
par de belles plaines, 6c enfuite
par des montagnes & des rochers,
dont les chemins étoient fort difficiles.
Nous paiîames enfuiteàcôté
d'un Caravanfcrai démoli,dans un
quartier rempli de voleurs, où il voleurs:
faut bien fe tenir fur fes gardes. De
là nous entrâmes dans une grande
plaine remplie d'eau, & de rofeaux,
aulÏÏ bien que de plufieurs fortes
d'oifeaux, entre lefquels il y en avoit
un d'une grandeur extraordinaire,
que j e pris pour un oifeau de
proye. Nous y trouvâmes auiîi des
Arabes fous des tentes 3 & après avoir
côtoyé & traverfe bien des montagnes
nous arrivâmes le deuxième
au bourg à'AJfapas dans une plaine
aifez fertile, où les terres étoient
toutes labourées & bien arrofées,&:
où il y a un Caravanferai de pierre.
Nous y reitames jufques à minuit,
& arrivâmes le troijieme au
bourg 6.'Oe5joen, où il y a aulli un
Caravanferai de pierre, à côté duquel
il paiTe un canal. Ce lieu-là
eft aiiez agréable & bien fitué, proche
de plufieurs autres villages. On
y faitpaîtreunequancitéprodigieu- :
fe de brebis & de chevres , quoi
que l'herbe y foit toute flétrie. Se
cependant elle doit être fort nourriiTante
puifque ces troupeaux s'y
engraiifentextraordinairement;chofe
aifez furprenante vû la fechereffe
de la Perfe , 6c la fterilité des
montagnes qui y font remplies de
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