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104, V Ú Y À G E S
1692. fervice à la chaiTe, ou d'une autre
2ï. Mai, maniéré , ils font fliire à fon honneur
une petite cabane de bois, ékvée
d'une braffe , fur quatre pilliers,
dans laquellails lepofent,&
Ilsidmrt- l'y, laiffent tant qu'elle dure. Il leur
tent 11 elt permis d'avoir autant de femmes
qu'ils en peuvent entretenir,&lors
que le terme dé leurs couches approche
, elles fe retirent dans un
bois, & fe mettent dans une cabane
faite exprès, oii elles acc(
chent, iins qu'il foit permis à leurs
maris d'approcher d'elles de deux
mois.
Qiiand ils veulent fe marier, ils
Leurs achettent leurs femmes de leurs penanages.
^^ ^^ ^^^^^ ceremonies
à leurs noces, ïe contentant d 'y inviter
leurs plus proches parens ; &
après les avoir regalez, le marié va
fe covicher fans façon avec fa fem-
Polygamie.
Accouchemens.
me. Ils n'ont point de prêtre, & 169Î.
ne peuvent fe marier qu'au quatriè-^î''''"'
me degré. En raifonnant avec eux,
ce,Minifl:re les exhorta à reconnoitre
Jefits-Chrifi le Sauveur du monde,
& à fe convertir à llti, les affûtant
qu'en le faifant ils feroienc
heureux en ce monde & dans la vie
à-venir. Ils repondirent à cela,
qu'ils voyoient tous les jours ua
grand nombre de pauvres Rtijfiem,
qui avoient à peine du pain à manger
, bien qu'ils fulTent Chrétiens j
& qu'à l'égard de la vie éternelle,
c'étoit une chofe dont ils ne s'embarraffoient
pas j & enfin, qu'ils vouloient
vivre & mourir comme avoient
fait leurs peres , foit que
leur croyance fût bien ou mal fondée.
On pourra juger de leurs ha-Jj™«'»«
billemens &: de leur air,pat latail-mco»;
le douce ci-jointe.
a
Ils habitent dans des loges de bois 1 glaçon , auffi-tôt que le bois eft
quarrées, comme les paifans Rufjlens;
mais ils fe fervent de foyers
au lieu de fourneaux, & brûlent du
bois. Ils couvrent l'ouverture du
toit, par où fort la fumée , d'un
converti en charbon, & retiennent
de cette maniere la chaleur dans la
chambre, fans empêcher la lumiere
d'y entrer, ce glaçon étant tranfparent.
Les chaifes ne font pas en
ufaÓ
E C O R N E I L L E LE B R U N . 10,-
iiiige parmi eux; Ils ontau lieu de
ij. Mai.rcela, des bancs qui ont trois aunes
de large, & une aune de haut, fur
lefquels ils s'affeïent, les jambes
croifées à la Perfanm, k qui leur
fervent de lits pendant la nuit. Ils
îlsfubfif- fubliftent de la chaiTe, dont la principale
eft celle des élans, qui abon'.
corn- ' dent en ce pais-là. Ils les tirent à
coups de fleche, & en fechent la
chair,qu'ils coupent en trenches, &
l'expofent à l'air,penduëautourde
leurs maifons. Lors qu'elle a été
bien mouillée & qu'elle eft entièrement
mortifiée, ils la fechent une
fécondé fois, 8c c'eft pour eux un
ragoût admirable. Au refte, ils ne
mangent ni poules ni cochon. Ils
placent dans les bois de groflés arr
balêtes, auxquelles ils attachent
une bride, & y mettent une amor- 1692.
ce, en laiflant l'embouchure ouverte, is. Mm.
& lors que l'élan , ou quelqu'autre
bête fauve veut s'enfaifir, l'arbalête
fe .débande & les perce de
part en part. Ils font aulli des
trous erj terre, qu'ils couvrent de
ronces & d'herbes , dans lefquels
ces animaux tombent en courant,
& n'en fauroient fortir. Au reñe
ces Tañares vivent dans cíes villa- Us vivens
ges, fituez le long de la riviere de
Xiízawaiajjuíqucsauchá.tC3.ud'Uí- tiondu
ka, & font fous la proteâion du
C z a r , auquel ils payent tribut Se
vivent en repos. Leurs habitations
s'étendent plus de 800. lieues
à' Allemagne ¡m nord de la Sjberie,
& même jufques au nord du pais
des Samoiedes.
C H A P I •Ì R E XIX.
•effe ¿ ' U t k a , à Neujanskoi ; a T u m e e n,
Arrivée amjui
& à ' l ' o b o i , ou T o b o i s k a . Defcription de cette Comìnent
ér a T o b o l ou
inept elle
eft tomhée fm la domìnàtion du Czar, avi
Syberie.
Arrivée ^ \ l'tès avoir quitté ces payeris ;
à la for- J^^ Mt-IshrantzaTriv^lcpremier
ïutka. deJuirrihiorteveSe d'Utkai fituée
fur la frontiere des Tartares de Baskir
& muffimi. Pendant qu'il y étoit,
il y vint un gentilhomme Tartare
â'Vffitni, pais fous la domination du
Czar : ce gentilhomme cherchoit fa
femme, qui l'avoit quitté fans fujet,
bien qu'il n'y eût guere qu'ils fuffent
mariés. Ne l'y trouvant pas,
il s'en confola en difant , qu'elle
en avoit quitté fix autres avant lui,
& qu'elle aimoit apparemment la
nouveauté.
Le dixième i'û. partit de cette ville
par terre & paita devant le château
à'ÂjadaiW. traverfà enfiare la
riviere de Neuia, côtoya celle
de Reefch jufques au château i'Arfilffias,
& fe rendit de l à , à la forÌ
Ncu- tereffe de Neiijanskoi, fur la riviere
Ì/ ¡msiioi. (Jj, On ne fauroit voir un
ville.
avee toute la
plus beau pais , que celui qui fé
trouve entre Utka. & cette place,
rempli de belles prairies, de bois,
de lacs, de terres labourées & bien
cultivées, abondant en toute chofe,
& bien peuplé par itsRuJJiens.
Ce Miniiire en repartit le vingU
unieme par eau, & trouva les bords
de la riviere, habitez par des Ritffens
Chrétiens, ornés de bons villages
& de beaux châteaux, jufques
à la Tvra, qui vient de l'occident
& va fe jetter dans le Tobôl.
Le vingt-cinpicme, il arriva à la
ville de Tz/wei-WjlaqueUe eft auiïï bien ^
peuplée, remplie d e a f -
fez forte felon fa fituation. Les trois
quarts des habitans en font Chrétiens
, & le refte Tartares Mahometans.
Ils font un grand negoce parmi
les Tartares Kalmuqtus, Bugaresic
autres; & ceux de la campagne fubfiftent
du labourage & de la pêche.
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