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284 V O Y A
704. ^^ abfolumcnt anéanties que cel-
9. Nov. les du iuperbe Palais des Rois de
G E S
Rî-ri'pï ¿toit la gloire de tout l'o.
lis détruit rient,& qui du t fa dellruftion à la de-
Aandrc.
dccc
lais.
bauche & aux fureurs à.' Alexandre le
Grand, lequel après l'avoir fauve de
celles de la guerre, le rcduiilt en cen^
dres à la requifition de Thaïs, courtifane
Greque. II s'en repentit à la verité,
mais trop tard. giuinte-Curfe marque
que toute la charpente de ce
Palais étoit de cedre ¡mais je croirois
plutôt qu'elle étoit de bois de fenné,
qui abonde en Ferfe , où l'on ne
trouve point de cèdres , arbre qui
m'eft fort connu, & dont j'ai fait la
defcription, dans mon premier voy;
g e , en parlant du mont Cependantje
pourroisme tromper, &
le toems auroit pu caufer un aulli
grand changement à l'égard de ces
arbres-là, qu'à celui des ruines, dont
nous parlons.
Elles font fituées au 30. degré, 4.0.
minutes de latitude feptentrionale,
de la partie méridionale de l'JJîe,
dans la province de Fars ou de Farjlftan,
au fud-eft à!lf^ahan, & au nordeftde
Zjie-raes,o\x de Chiras,ielon
la fupputation que j'en ai faite par
eau & par terre. J'ai obfervélamê.
me exaftitude dans tout le cours de
ma relation,où j'ai marqué l a j u f te
diflance des lieux, en quoi j'ai beaucoup
corrigé les défauts deplulieurs
Ecrivains, &delaplûpart des cartes
de Geographic.
Cifferens Les Perfis prétendent que lavil-
PcrTe ï - Perfepolis a porté autrefois le
lit. nom de Zjie-raes, Se enfuite celui
dépars, d'après la province de ce
nom, fi ce n'eft que la province ait
pris celui de la ville. Au refte,clle
fe trouve nommée Elymdis dans le
premier livre des Maccabàs l'on
dit qa'Antiochus s'avança vers cette
ville avec une puiifante armée , après
la mort d'Alexandre, pour s'emparer
des treforsquiyétoientjmais
qu'il ne put parvenir à fon but. L e fe-1704.
cond livre marque que ce Prince en 9. Nor";
fut chaffé honteufement par les habitans
; ce qui prouve clairement
<lv.!iPerfepolist& la même v i l l e , q ue
les Hc'hreux nommtniElymaïs. Les
anciennes annales de Perfe prétendent
qu'elle fut fondée par un certain
Roi nommé SJemfchid, qui regnoit
en ce païs,lousletitred'Empereur,
il y a environ 5000. ans.
Ils veulent peut-être parler de Cons
ou de C)ri«,premierfondateur
de cet Empire, & le plus illuftrede
tous fes Rois ; le même dont parle
fi avantageufement le Prophète
Daniel , celui qui délivra les
Jmfs de la captivité de Bahylone ,
& fit rebâtir le temple de Dieu,
comme on le voit au commencement
du livre d'Efdras. Ils prétendent
même que ce SJemfchid vécut
1000. ans, & ils comprennent fous
ce tems tous les fucceffeurs de ce
Prince, qui ont fleuri jufques au
tems d'Alexandre, connu parmi eux
fous le nom de Schandar , ou de
Schandar Su-alcarnam. Ce dernier
nom donne à entendre que ce Roi
de Macedoine portoit deux efpeces
de cornes, marques de fa force &•
de fa puilfance. Il y a des favans
parmi eux, qui lui donnent auffi,
à ce que j'ai appris depuis, le nom
de Schandar-Fejragoes, c'eft-à-dire ,
&\sds.Philifpe, comme il l'étoitve.
ritablement, & qui prennent les
trefies de fes cheveux pour des cornes
: d'autres y attachent un fens
myftique, &: veulent que cela marque
les deux parties du Monde connu
, l'orient & l'occident. A la vérité
les Orientaux ont accoutumé de
donner ce nom de cornes aux côtez
ou aux bords d'une chofe. Aullt
voit-on Alexandre repréfenté de cette
maniéré fur quelques médailles,
fur lefquelles les treifes de fes cheveux
reiTemblent à des cornes.
CHAD
E C O R N E I L L E LE B R U N .
1704.
[r. Nov.
1704.
9. NoVj
C H A P I T R E LUI.
Remarques particulières a l'égard de Perfepolis , & des anciens
Auteurs, qui ont écrit fur ce fujet.
Scnti-
J - < P c r p ^ qu'yii'^to,prétendent
Perfans à qii'un de leurs R.ois ou de leurs hefoS'iM"
' nommé Giemfchid ou ZjemâePczk
fchid, fut le fondateur decettecapitaie
du Royaume de Perfe, & qu'il
la nomma EJiechar , c'eft-à-dire,
taillée dans le roc. Ils ajoutent, que
cette ville avoit une fi grande étendue,
qu'elle contenoit même la ville
de Chiras dans fon enceinte : que
la Reine Homai,^\\<i de Baham'an,
fonda le Palais de cette v i l l e , nommé
GihU ou Chilminar ; & que les
tombeaux de la montagne, doivent
leur origine au Prince Kitfchtafb,
fils du cinquième Roi de la race des
Cajanides , nommé Lohorafp. Voi.
Herbelot. (a).
Rtlations Cependant,comme ces Relationslà
font mêlées de pluiieurs fables,
qui n'ont guere de vraifemblance, &
qu'elles ne s'accordent en aucune
maniéré, ni avec les anciennes hiftoires
Greqnes, ni avec les hiiloriens
facrés, on ne fauroit y faire de
fond.
Cela étant, je ne ferai aucune difficulté
de dire, avec toute la deference
due au jugement des favans,
que ce qui refte des ruines de Chilminar
, fa fituation, les vertiges de
l'Edifice, les figures & leurs vêtemens
3 les ornemens & tout ce qui
s'y trouve, répond aux maniérés des
anciens Perfes, & à la defcription
qu'on trouve de l'ancien Palais de
PerfifoUs.
obrervî- Diodore de Sicile , qu'on dit qui
Kodore vivoit du tems de Jules Cefar &
ie iiù\c. d'Angufie, eft le feul des anciens
hiftoriens, qui nous ait laiifé une
ébauche du fameux Palais de Perfepolis
, détruit par Alexandre le
• (a) Biblioth. Orientale au mot Efitchar. pag. 317,
tki stcph. JP9. fetiq. & Wech. p. 543. feqq.
des Auteurs
modernes
in.
certaines,
Opinion
de l'Auteur.
grand, tirée des antiquitez E g y f'
tiennes, Greques & autres, que le
tems a anéanties. Cet Auteur, après
avoir d i t , (^'Alexandre avoit expofé
cette * capitale du Royaume de * Mktî/-
Perfe, la plus riche de l'univers,
au pillage de fes Macédoniens, à la/3«pM<,W;
referve du Palais R o y a l , i* décrit fx^^î
ce Palais, comme une piece particuliere,
en ces mots. Ce fi4perbe
Edifice, dit-il, ou Palais Royal, efè
ceint d'un triflemur,dontlepremier,
qui efl d'une grande magnificence, eft
¿levé de 16. coudées, ^ flanqué de
tours avec un parapet. Le fécond,
femblable au premier, à l'égard de la
fabrique, efi deux fois plus élevé. Le
troifiime efi quarré, taillé dans le roc,
ér a 60. coudées de hauteur. Les
courtines en font garnies de palijfades
de cuivre avec des portes de même,
élevées de 20. coudées, les premieres
four donner de la terreur, & les autres
four la fureté d-u Palais ; a. l'efè
duquel on voit m terrain de quatre
demis arpens, er au delà la montagne
Royale , oit font les tombeaux de$
Rois, (b)
On ne doit pas s'étonner, au reft
e , que les ruines de cet ancien édifice,
réduit en cendres ¡píx Alexandre
le grand, il y a 2000. ans, ne
répondent pas exaftement à la defcription
que Diodore a faite de ce
Palais, pour peu qu'on faiTc d'attention
aux grands changemens-qui
font arrivez en Perfe depuis ce temslà:
qu'après la mort de ce Prince
elle tomba en partage à un de fes
capitaines, qui la rendit héréditaire
à fa famille : que les Parthes en
firent enfuite la conquête; que les
Perfes s'en remirent en pofleilîon en
la perfonne à!Artaxerxes, du tenis
d'Aïexan-
(b) yid;ant.Bibl.Hillor.lib,i7. p.m. Ed.Hcni
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