m '
' ü l l t i i : ' » ; '
í " ' - ' t. ;i
•.liií
:íi
1707
IKjuill.
408 V O Y
le vifitcr : mais j'appris en même
terns , que tous mes amis avoient
été maiTacrez avec le Gouverneur
Timafe Ivanf^itz (Jrfofskie, Se le
Colonel de ¡Vigne dans la rebellion
des Strelfes en 1705 : qu'il ne s'en
étoit fauvé q u e 3 . o u 4 j quietoient
partis trois jours auparavant pour ie
rendre à MofcovJ, lavoir le fils du
Gouverneur &c fa femme, le Conful
dont on vient de parler, leCapitaine
ÎVagcnaer, £c un certain
chirurgien 5 & que tous les étrangers
avoient été maflacrez avec leurs
femmes Se enfans : que fa Majefté
Czarienne y envoya enfuite des
troupes réglées, & licpunirdemort
la plupart des Strelfes, Se ceux qui
avoient trempé avec eux dans ce carnage.
A G E S • ^
Qiiant à-moi j e rendis graces
à Dieu de ce que j'étoisenPiTfe
lors que cela arriva. La femme j valet
du Gouverneur qui avoit échapé à
f la fureur de ces barbares , eût le
malheur de perdre tout ce qu'elle
avoir en s'en allant à Mofcox^ , le
feu aiant pris à la barque , fur laquelle
elle devoir s'y rendre , dont
elle mourut de chagrin après fon
arrivée.
Vaiffeaux Je trouvai à mon retour hAJlraparïeV^^^
14. barques enfoncées , par la
gence. negligence du Capitaine Meyer y
dont on a parlé plufieurs fois , &
qui périt aufll dans ce tumulte.
Mais il y en étoit arrivé 5. autres
depuis 3. mois,fous la conduitedu
Commandeur Laurent Van der
Burgh y homme de mérité & de capacité,
qui s'étoit engagé au fervice
de fa Majefté Czarienne, ^ q ui
travailloit alors à rétablir celles qui
c
Un foir que j'avois compagnies 1707^
la femme de la maifon oùjelogeois n.juiiK
accoucha d'un fils, fans qi-¡e j'en
fiiife rien, nonobftant quefacham- dinaire
bre fût au-deflus de la mienoe. N ous
avions cependantbienobfervé,qu'il
s'y étoit rendu plufieurs femmes j
mais comme cela arrivoit allez fouvent
, je n'y avois fait aucune reflexion
, deibrtc que je fus furpris
de l'apprendre après le depart de
mes amis. Lors que fon mari, qui
étoit un des commisdelaChancellerie,
fut de retour au logis, je lui
fis un prefent de piftaches,de dattes,
6c d'amandes pour regaler fes
commeres. Sur le foir elles fe mirent
toutes à chanteriurunton,qui
me parut d'Eglife 5 & comme je
n'avois rien entendu de femblable
jufques alors, je demandai à mon
qui entendoit la langue du
pais 3 ce que cela vouloir dire, à
quoi il repondit qu'elles et oient faoïileSy
Se que c'étoit la coutume en de
pareilles occafions. Mais je fus bien •
plus furpris le lendemain de.trouver
l'accouchée afiife à la porte de
la rué avec fon enfant. Elle regala
d'eau de v i e , f u r le foir, lesfem-
.mes qui l'avoient allîftée la veille,
S: ne l'épargna pas elle-même, chofe
ordinaire en ce pais-ci.
PaiTant un jour dans la place du oifeau
marché , j 'ach' etai- un oi feau, que lingulicr,
les Riiljiens appellent Babbeon'poxteur
d'eau, dont j'avois fouvent ouï
parler, Se que j'avois cherché plufieurs
fois inutilement, tant ici
qu'à Ifpahan : je lui prefentai du
poifibh qu'il ne voulut pas manni
aucune autre chofe. Il me
étoient enfoncées., & à les mettre fut auflî impoifible de lui faire éen
état de fervir fur la mer Cafpien-1 tendre le c o l , qu'il tenoit raccournei
avec plufieurs autres échapées,
deçà &: delà.
II arrivoit cependant encore tous
les jours d'autres HoUandois , qui
venoient fervir en ce païs-là. J'appris
au refte, avec douleur que Mr.
Meynarà , gentilhomme Anglais,
que j'avois rencontré à Zjie-raes,
avoit perdu la vue , 8c l'ufage de
quelques membres , 6c étoit parti
en cet état pour fe rendre en fa patrie.
paroiflant à demi endormi. En
voici la reprefentation. Il étoit encore
jeune , & cependant quatre
fois plus gros qu'une oye , dont il
avoit en partie la forme & le plumage
j le bec long de 15. pouces &
large de deux, avec un crochet jaune
par le bout, comme un perroquet.
Le fac ou le jabot dans lequel
il porte fon eau , en contient
plus de quatre pintes , 6c il a les
jambçs courtes. Je lui coupai la
tête
D E C O R N E I L L E LE B R U N . 409
tête & une partie du c o l , auquel
j e laiiTai le f a c , qu'on voit dans la '
taille douce.
Le feu prit plufieurs fois en cette'
v i l l e , pendant le fejour que j ' y fis,
mais prefque toujours dans le fauxbourg
des Tartareseurentfoin
de l'éteindre. Comme j'ai déjà parlé
amplement de ces gens-là , j'ajouterai
fimplement une particularité
qui n'étoit pas encore parvenue
à ma connoiflance.
En l'an 1246, ils choifirentpour
chef de la Tartane un certain Kui~
qu'ils furnommérent GogCham,
c'eft-à-dire. R o i ' o u Empereur, fe
nommant eux-mêmes Moaks ou
Mongales. Cet Empereur 6c les
Succefleurs fe difoient dans leurs
écrits, La force de Dieu y ér Empereurs
de l'ÜmverSy&i faifoientgraver
autour de leur Seau ces paroles
: U n D i e u a u C i e l j un
K u i n e C h a m s u r . l a t e r -
REi La force de Dieu, cr VEmpereur
du Genre-humain. Ces Princes
entretenoient toujours cinq ar-
T o M. II.
mees, pour* tenir leurs fuje
l'obeïflance. Ce premier Empereur
triompha,fur les frontières de
Perfe , du Prince Bajothîioy , qui
s'étoit emparé de tous les htatsdes
Chrétiens^ des iÎ^z^iî^./??; jufques à
la Méditerranée y à Antiocheèiàtxi^
journées au delà, 8c lui enleva 14.
Royaumes , qu'il pofledoit depuis
la jufques-là. l i f e nommoic
Bajotby A\y marquoit fa dignité.
Au reile les T^rii^m n'ont jamais Empceu
un plus grand Prince que r^ur^de
thii, dont l'armée étoit forte derenom-^'
600. mille hommes, favoir de 160.mé.
mille 'Tartares , 6c de 440. mille
Chrétiens , fans compter les Infidelles.
Cette armée étoit divifée
en cinq parties.
Ce païs-là,qui eft à l'orient, feLeMon-
I nomme , & eft habité par^^^"
I quatre nations différentes , lavoir
jles grands Mo^igales ou Moals -, les
\Satno7igals y ou Alovgnks marins,
qu'on nomme aulfi Tartares , d'après
la riviere de Tartar , qui traverfe
leur pais ; les Merkates 6c les
G Me