i i S v o y a g é
Tungufes.
il tombe-àlarenrerfe, coma?.
janv.nic Lin homme hors de f o i , & Toifeaii
s'envole. Il reprend fes efpvits
au bout d'un quart d'heure, & declare
ce qîi'on veut favoir , & cc
qu'il dit ne manque pas d'arriver.
L'habit de ce magicien efl: ii pefant
qu'on a de la peine à le foulevcr
Rlchefli d'une main. Celui-ci étoit fortrien
bétail, & ceux qui venoient
l'interroger lui donnoient tout ce
qu'il demandoit.
Dcfcrip- Ces Tmgufes de Nifovier font
tiondes Payens, robuftes &• bien faits de
corps. Ils ont les cheveux noirs &
longs, nouez par derriere, &c leur
tombant fur le dos comme une queue
de cheval. Leur vifage eft aflez larg
e , fans avoir le nez p l a t , & ils ont
les yeux petits comme les Kalnm-
Ltofha- ques. Ils vont nuds en été , tant
hommes que femmes , à la referve
d'une ceinture de c u i r , qui couvre
leur nudité, Screffemble à une frang
e , & lesfemmcsontleurscheveux
trelTés avec du corail, auquel elles
attachent de petites figures de fer.
I l s portent au bras gauche un certain
pot rempli de bois fumant, qui
empêche les mouches de les piquer.
Ces Infeftes f e trouvent en Ii grande
quantité fur la riviere de Tmgvska,
qu'on eft obligé de s'y couvrir
le vifage & les mains ; mais ces
Payens y font tellement accoutumez
qu'ils ne les fentent qu'à peine.
I l s aiment la beauté , dont ils ont
cependant une idée fort finguliere,
puis que pour y contribuer , ils fe
Lturs or.font coudre & piquer le f r o n t , les
nememt. joues & le menton avec du fil trempé
dans une graiiTe noire, qu'ils retirent
enfuite des cicatrices , dont
les marques leur demeurent, &: font
eftimées parmi eux comme un grand
ornement. AuiH n'en voit-on guère
qui n'en ayent de pafeilles. On
en jugera mieux par la taille douce
ci jointe.
Leurs ha- L'hyver ils s'habillent de peaux
bm d'hy- de rennes crues, dont le devant eft
orné de crin de c h e v a l , l e bas de
peau de chien,fans fefervir de toile
de peau de renms fans en ôtei l é g j .
les cornes, fur tout lors qu'ils vont iî-Jjhv,
à la chaffe de ces animaux-là, dont Leur ad.
ils s'approchent par ce moyen, en'^''®«»'»
fe gliifant fur l'herbe, & en étant
à portée, ils ne manquent guerede
les percer de leurs fléchés.
Lors qu'ils veulent fe divertir ils Divertiffe
mettent en rondj & l'un d'entr'eux
fe tient au milieu du cercle
un bâton à la main, dont il tache
de donner furies jambesdefescom^
pagnons en tournant. Se ils l'évitent
avec tant d'adreife, qu'il arrive
rarement qu'ils en foient atteints
: & lors qu'il en touche un,
on plonge celui qui a reçu le coup
dans la riviere.
Ils pofent les corps de ceux qui
meurent parmi e u x , tous nuds fur
un arbre, & les y laiffent pourrir,
cnfuite de quoi ils mettent leurs os
en terre.
Ils n'ont point d'autres prêtres Magique
l<im,Schaman ou magicien
mais ils ont tous des idoles de bois
dans leurs cabanes, d'une demi aune
de long & de forme humaine;
auxquelles ils prefentent à manger
ce qu'ils ont de meilleur, comme les
Oftinquis,&: avec auffi peu de propreté.
Ces cabanes, qui font faites d'é- Defctipcorce
de bouleau, font ornées en!'°"'''=
dehors de queues & de crinieres de b ™ "
chevaux ; de leurs arcs & de leurs
flèches ; & il y en a peii qui ne
foient entourées de jeunes chiens
pendus. Ils fe nourriifent de poiffon
en été, & ont des barques d'é- Ddcots
corce d'arbres coufuës enfemble,'•"î"''-
qui ne laiffent pas de contenir 7. à
8. perfonnes, & qui font longues j
étroites & fans bancs. Ils s'y tiennent
à genoux &• f e fervent de rames
, larges par les deux bouts,
qu'ils tiennent par le m i l i e u ,& les
^ ic:>
manient avec beaucoup d'adrcffe
& de promptitude, mouillant tous
en même tems, fur les grandes rivieres
comme fur les petites. Ils
pèchent en été , & chaifent tout
l ' h y v e r , pendant lequel ils fe repai
ni de laine, & ils fe font uneefpe- p a , „ cm ue cerrs
f fent de 'cIel r f s , de rennes. Se de cLuepuart ioonc.
ce de ruban & du fil de peau de î chofes pareilles,
poilfon. Ils fe couvrent auffi la tête
C H A -
D E C O R N E I L L E L E B R U N . 1 19
1693.
j. Fcvr.
1693.
ri. Fsvi-.
"B. \.'orj}s Je ifUt-s .-^mis .4it!r-{s .
C . CA/i/is ^e/ti/uj , ci'oTT/r ils Si nourris
C h a p i t r e X X I V.
Arrivée a Bmaakoi, ¿r « B u l a g a n s k o i . Defmption iiesBumes
& c . Arrivée a ]ekatskoi, é" f a defiription. Caverne hrûlan^
te. Départ liujekutskoi. Arrivée au lac de B a i k a l . Defcri]i~
iton de ce lac ère.
Arrivée à T E premier jour de Février Mr. 1
I j ™ " i J l ' E n v o y é arriva à la forterefie
de Biiratzkoi, fur la r i v i eA à'Angara
, qui fe décharge dans le lac de
Baikalylitn habité par des payens,
nommés Burates.
A lîiiia- Le mziemey il arrivai Bvlagansgansitoi.
Les valées & le plat p a i s , en
Burates, font aulli habitez par ces Burates,
^tM^' pctiple riche en bétail. Les beufs
leurs ca- y font fort velus , & leurs cabanés
font bafl'es, faites de bois, &
couvertes de terre. Ils font leur
feu au milieu, & la fumée en fort
par un trou percé au iommet de la
cabane. Ils n'ont aucune connoiff
i n c e de l'agriculture, ni des jardins
fruitiers. Leurs villages font ordinairement
fitués le long des rivières
, & ils ne changent pas de demeure
comme lesTimgiiJésicksMU
très payens. Ils ont à côté de leurs
portes des pieux fichésenterre, au
bout defquels ils empalent des boiicfl
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