194 V O Y
I r o i ^^ y lOo. mills
Avril, le perfonnes tant à pied qvl'à chev
A G E S
vend publiquement. i/of..
a l , outre ceux qui s'étoieiit placés
fur le haut des maifons. Je fus le
feul European qui s'y trouva habillé
à la maniéré de notre pais. Auffi
tôt que le R o i parut , on fit écarter
la foule à grands coups de
bâton, de forte que plufieurs tombèrent
dans l'eau avec leurs chevaux;
d'autres furent accablés de
coups, & moi je me retirai fort
fatigué. Cependant tout fut fait
plus d'une heure avant midi, nonobftant
qu'on eut traverfé la ville
en ceremonie en s'en retournant. On
avoir auili fait promener ce chameau
, de même, par toutes les
rues, dix jours de fuite avant celui
du facrifice, couvert d'épines & de
chofes pareilles , & précédé d'une
lance, d'une hache, & de plufieurs
inilrumens.
Abon- On égorge & on mange ce jourdanccdc
l à , plus de 50. millemoutons à îsièm'sa!
f han, & ceux qui ont le bonheur
d'attraper un morceau du chameau,
ne manquent pas de le faire bouillir
avec leur mouton. D'autres en
font une relique qu'ils confervent
toute l'année. Au refte, ileft trèscertain
qu'on confomme tous les
jours de l'année 10. à 12. mille moutons
& chevreaux en cette v i l l e , &
que tout le monde eft obligé d'en
manger ce jour-là. J'en rencontrai
une fi prodigieufe quantité quelques
jours auparavant , que j'eus
bien de k peine à m'en debaraOer.
On y mange aulli un nombre inconcevable
d'agneaux ; de 20, 25 ,
à 30. jours. Cela commence au mois
de Novembre, & dure jufques à
ceux d'Avril &c de Mai s fur tout
parmi les perfonnes de confideration.
Le prix de ces agneaux, eft
ordinairement de 7 , 8, à 9. Moroedjes
, dont il en faut fept pour
faire un écu de notre monnoye. Ces
agneaux pefent environ, 6, jufques
à' 12. livres. C'eft une des
plus grandes délicateiTes de la Perf
e , & fur tout parmi les gens de condition
, qui ne mangent jamais de
b e u f , qu'on laiffe aux pauvres ,
auffi-bien que le b u f l e , qui fe
Quelques jours après cette fête, 13. Avril;
K-oi alla à la campagne avec l'es
concubines, & fe divertit à voir paf- campafer
à la nage quelques èlephans, au f
travers d'une riviere, que les pluies cubines.
avoient fait enfler extraordinairement.
Le vmgt-îroijleme3 on celebra la Fête
fête d'Aidtkadier , jour auquel les
Fer fes prétendent que Mahomet declara
au peuple, qyx'Âli devoir être
fon fuccelfeur, & leur ordonna de
le reconnoitre en cette qualité. Ils
difent que cela fe fit dans VArabie
heureufe, proche du village de Shomkadier^
d'où ils derivent le nom de
cette f ê t e , qu'il n'y a que lesPerfes
qui celebrent. Les autres Mahometans
n'en veulent pas entendre
parler.
Les arbres commencèrent à pouffer
en ce tems-là , 6v le mois finit
par de grandes pluies, qui endommagèrent
plufieurs maifons, & en
renverférent d'autres. On ne doit
pas s'en étonner, la maçonnerie de
ce pais-là étant comme une éponge
j &: les maifons plattes par le
h a u t , de forte qu'il eft impoffible
de les tenir féches lors qu'il pleut.
Le tems fe mit au beau, à l'entrée
du mois de Mai. J'allai à la
campagne avec Monfieur Kiijielein^
à delfein de fuivre le cours de la riviere;
mais nous la trouvâmes tellement
debordèe par les pluies qui
avoient regnè depuis un certain
tems, que nous fûmes obligez de
traverfer les terres, par un chemin
qui nous conduifit en deux hèures
de tems à une maifon de plaifance
nommée Goes-jeronjiu^ la riviere de Ancienne
Zenderoe, à l'eft de la viUe. Ellea3i"pí¿
un grand jardin rempli de Sené &riincc.
d'arbres fruitiers, où plufieurs envoyez
de la Compagnie des hides,
fe font arrêtez à leur arrivée, & à
leur depart à^Ispahan. Cette maifon
a plufieurs appartemens, dont
une partie commence à tomber
en ruines, & les environs en font
très-agréables. On trouve dans cc
jardin quatre grands arbres defené,
à une petite diftance, lefquels couvrent
une gloriette, où l'on monte
par
D E C O R N E I L L E LE B R Ü N . 19?
furvint tout à coup nous obligea de
retourner à J u i f a , n o u s reliâmes
jufques au foir. Les jours fuivans
continuèrent variables, & j e fus attaqué
de la fievre, dont je n'eu^
que quelques accès, qui ne laiiTérent
pas de m'affoiblir de maniéré,
que je m'en fentis jufqu'à la fin du
par quelques marches , Ils font
I. Mat'courts & gros de tige,&: il y en a
deux quiont 16. piedsdetour. On
les eftime fort anciens, jufques l à,
qu'on prétend que T a w c r / ö f e repofa
autrefois à l'ombre de leur feuillage.
j Nous nous ètion s flattez d'y trouver
du gibier , mais la pluie qui
I. Mai.
C h a p i t r e XL>
Définition ¿'Ifpahan, é de ce qiiily a de plus remarquable
en cette ville, & aux environs.
VoëleW
f,fille par
ííchoii. Ispahan eft une ville de très-grande
étendue en comptant fes fauxbourgs.
Cependant elle ne paroit
pas beaucoup par dehors , foit à
l'égard des mofquées, des tours ou
des grands bâtimens, parce que les
arbres, dont elle eft entourée, la
couvrent en été. Par cetie raifon
j'attendis l'hyver pour en faire le
Plan, & nonobftant cette precaution
je ne pus le faire qu'affez imparfaitement
à caufe des palmiers,
des pins, des fenés & des cyprès qui
s'y trouvent, qui font toujours vertsj
M ^^ ''
11»