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V O Y A G E S
Ì caufe d u mmvais tcms, & padames encore la nuit à k belle 1707.
- r é t a m e s f i u - l c b o r d d ' u i i a u l - . é t o i l e , & fans eau. Le ¿ t m i r joar3P-Awil.
1 7 0 7 . " « =
II. Avril, nous ;
^ _ i. Ton iious apporta des pro- j du mois nous en trouvâmes de bonvilions
de Saesje-Zabortm, à l ' e n - : ne dans les montagnes : elle fortoit
404.
f e a u ,
Endroit tree des terres de Mogan. Comme ',dcs rochers, & nous arrivâmes fur
rempli de I j s pa'ifans de ce tjuartier-lipaffi
Malhei
reufe
chute
d'nn Pi
fin.
pour de grands voleurs , nous finies
bonne garde ¡Se traverlames le
lendeinain ï.x riviere de Balharoc,
dont le cours eli fort rapide , &
le foir à Samachi. j ' y allai fait
un Seignetir RnJJîcn nommé Sortes
Fedowiis, que j'avois connu à jijiracnît,
. Samachi.
oit il avoit un regiment: il étoit
alors C o n f u í en cette v i l l e . Se
notis la côtoyâmes mcmeaflez long ' me fit nulle honnêtetcz, en me dttems,
trouvant par tout des tentes : lant qu'il litoit fur le point de re-
Sí du bétail : nous y rencontrâmes 1 tourner à Jjtracan par la v o y e de
auiïi une Car avant qui venoit de | A í í / d í ^ í t / , & que nous pourrions
Samachi, & alloit à Iffahmt. On ifaire le voyage de compagnie,
ne peut rien v o i r de plus agreable ' Les Perjmis commirent en ce violent,,
que les prairies émaillées de fleurs tenis-Iàde grandes violences contre
qu'on trouve fur les bords de cett
e ri 'iere; nous y tînies paître nos
c h e v a u x ; chofe a f l é z extraordinaire
en ce p.ùs-là. Le j o u r f u i v a n t l es
^Innemctts folemnizérent leur p.iq
u e , aiant f a i t provillon d ' un agneau
pour cela. E n f u i t e , nous continuâmes
notre v o y a g e par un très-beau
tems.
U n marchand Perfan de notre
Caravane tomba de cheval 6c fe caf-
, fa toutes les ctites , • dont i l perdit
immédiatement la parole & le fentiment.
On fit tout ce qu'on put
pour le fauver, en lui appliquant
de la Mmnie, dont il n'y avoit que
moi qui fût p o u r v û , mais inutilement:
il mourut pendant la n u i t,
& on le fit tranfporter à Ardevil
pour l ' y mettre en terre.
L e vingt-feftiime nous n'avançâmes
que 2. lieuës & fûmes obligez
de relter en rafe campagne. Comme
l'air étoit fort ferain, nous eiimes
le plailir de confiderer att(
les Jcfuites,donc ils voulurencdcmo- Terfan
l ir le Couvent ; mais il a r r i v a , par
bonheur, en c e moment, im de ces
peresj qui étoit bon medecin 6c fore
connu du peuple , lequel f u t a f l ez
éloquent pour leur perfuader de s'en
retourner c h e z e u x , fans avoir exec
u t é l e u r è n t r e p r i f e . Ils y revinrent
cependant une fécondé fois , mais
fans faire de mal. Au reite ces fortes
de violences arrivent tous les
jours par la moleife du Gouverneur,
qui efl: un homme entièrement abandonné
àfes plaifirs & au v i n , qu'il
prétend que le R o i lui a permis de
boire. Cet e x e m p l e , que ne manquent
pas de f u i v r e les habitans, efl:
c a u f e d e c e d e f o r d r e , & f a i t que les
étrangers y font e x p o f e z à toutes
fortes d ' a v a n i e s , ficnefauroientpaffer
les rués fans qu'on leur j e t t e des
pierres à la tête. Cela m'obligea
de garder la chambre tant que
j e reftai en cette v i l l e , & cependant
on ne laiifa p a s d e m ' i n f u l -
vement les montagnes d u J'c^/r^rt«. |ter5 &:cela fe fait impunément, la
L e lendemain, vers les 8. heures, j u f t i c e n'étant nullement obferveej
nous arrivâmes fur les bords du/C«r au lieu que le precedent Gouverneur
& de VAras, 2. l ' e n d r o i t où ces fleu- étoit un homme équitable , qui fe
ves unifient leurs eaux. J ' y trouvai faifoit craindre , èc rempliifoit les
le rivage bien c h a n g é , tous les (devoirs de fa charge. Un autre inj
o n c s , q u i emp ê' c h' o i •e n t d' en ap- - .onvcnient cont r ibue à c e t t e l i c enprocher,
en aiant été ôtés. Nous
pailames la journée à tranfporter
nos bagages de l'autre côté,
comme nous avions fait en venant.
L e vingt-neiivteme nous avançâmes
confiderablement le long de la riviere
au n o r d , & enfuite à r e f t , 6r
c e , c'eft- que lestroupesnefoncpas
payées & ne vivent que de rapine.
Les Mofcovites ,<:\}.n y habitent, font
e x p o f e z aux mêmes v i o l e n c e s , 8c ne
manquent cependant pas de repréfenter
aiTez fouvent avec combien
de f a c i l i t é le C z a r pourroit s'en vang
e i ' j
D E C O R N E I L L E LE B R U N .
1 faifant une invaiion en ce
1707. ge
3P.AvrÜ. qLiartier-là : quoi ccux-c _ ^
l quoi ceux-ci répon-
dent qu.'ils n'en iéroient pas f â c h e z ,
ôc qu'ils feroient plus Itóureux fous
ion gouvernement , que fous celui
d c l e u r Prince naturel. Ils déclarent
même ouvertement qu'ils ne fe
défendroient pas , & prient Mahomet
que cela arrive j au ili fuis-je pcrf
u a d é q u c l e C z a r en viendroit facilement
about. Cependant c'eft un
gouvernement confiderable & qui
rapporte de gros revenus, en deçà de
l ' ^ r r t i , q u i l e f e p a r e des autres Etats
de la Monarchie de Perfe. Ceux qui
proviennent des foyes de Gilan, des
cottons £c d u faffran font a f l é z connus.
Outre cela le terroir produit
de très-bons vins rouges & blancs,
forts à la v é r i t é , mais très-agreables
a v e c d e l ' e a u , 6c f u r t o u t l e s blancsj
de très-bons f r u i t s , f i v o i r des pommes
, des p o i r e s , des châtaignes & c j
de beaux chevaux 6c du bétail. En
un mot c'eft un beau £c bon p a i s , qui
eft très-fertile du c ô t é de-la Geòrgie :
à l a v e r i t é i l n ' y a pas aiTez de mon-
Païs fei
tile.
de pour le bien cultiver. Cependant 1707.
i l abonde en g i b i e r , en ris 6c en 30. Avril.-
grains, & le pain y eft excellent-. O u - -
tre cela, il y aun beau port àBaggn.
Les Gouverneurs de cette Province
ne manquent pas auffi de s 'y enrichir
en peu de tems. A u r e f t e , elle feroit
fore à la bienfeance de fa M a j e f té
C z a r i e n n e j étant contigue à fes Et
a t s , 6c f o r t avantageufe à fes f u j e t s,
qui y négocient depuis long-tems.
11 lui feroit même très-facile de la
c o n f e r v e r , après en avoir f a i t la conq
u ê t e , en y faifant élever quelques
fortereflés.
J ' é c r i v i s à mes amis d'Ifpahan avant
mon depart de cette v i l l e , &
donnai mes lettres au J é f u i t e , dont
j ' a i p a r l é , duquel j ' a i reçu mille honnêtetez
: auili ne faurois-je m'empêcher
de plaindre fa deftinée , 6c
celle de fes confreres, qui font oblig
e z de v i v r e dans un l i e u , où ils font
e x p o f e z aux violences d'unepopulace
infolente & implacable contre
les Chrétiens.
C H A P I T R E L X X X I IL
Depart de Samachi. Arrivée ii l^íie^a^vaey. Depart de
N i e f a w a e y j arrivée a A f t r a c a n.
JE partis de Samachilevingt-quatrième
Mai f u r l e f o i r , le C o a f u l
Riißen&:ccuxdc fa fuite aiant pris
lesdevans. Je les trouvai dans les
montagnes, à une lieuë dé la v i l l e ,
avec plu fleurs Armeniens, 6c quelques
6c nous commençâmes
notre v o y a g e à la pointe du j o u r , paffant
à c ô t é d'un bâtiment démoli,
qui reffembloit à un ancien monument,
étant rempli de tombes. Enf
u i t e , nous traverfàmesunerivicre,
quelques canaux 6c des montagnes,
couvertes de petits arbres fauvages,
6c d e plufieurs plantes vertes,6c nous
arrêtâmes à 8. heures du foir fur le
bord d ' un canal. Le lendemain nous
fuivîmes le cours de la riviere jufques
aux montagnes, 6cla travcrfàmes
une fécondé f o i s > p u i s nous paffàmes
la nuit fur le r i v a g e , après une
traite d e 8. lieues. Delà nous entrâmes
dans une p l a i n e , qui donne fur
la mer Cafpienne , d'où nous vîmes
plufieurs villages dans l'éloignementj
des terres labourées & d'autres
inondées j 6c fur les 7. heures
nous apperçumes les dunes 6: la mer
même. Nous la côtoyiîmcs vers le
f o i r , & traverlames un petit g o l fe
q u ' e l l c f o r m e dans les terres, où je
trouvai plufieurs pierres de touche j
6c nous arrivâmes furies 10. heures à
Niefawaey, où nousrejoignîmesles Ait
Riijjkns, qui avoient pris un autre
chemin. N o u s y trouvâmes 6. barques
RnJJiameSi 6c plufieurs tentes
f u r i e r i v a g e , fous lefquellcs il y a-
F f f 5 voie