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J^Q fuis pel-faadé, au contraire, que le
9, Nov.'^ouc a été ciré de laroche vive, que
la montagne produit naturellement,
ians qu'on ait été obligé d'en aller
chercher plus loin. 11 eft même vifible
qu'une grande partie de cet édifice
a été taillée dans le roc même
de la montagne à laquelle il eft
joint. On n'en Îauroit douter pour
peu qu'on examine les deifx tom^
beaux, qui font dans cette montagne
> la plupart des efcàliers > les
principaux fondemens des murs, &
d'autres pierres de rocher qu'on
trouve par ci-parlà, furtoutdansla
partie feptentrionale de cet édifice.
Au refte ce qui a donné lieu à cette
erreur eft que la plupart de ces
pierres font polies comme un miroir,
fur tout celles qui font au-dedans
des portiques; aux fenêtres, & celles
des planchers ou pavez , qu'on
y voit encore. Une autre raifon,
qui les fait prendre pour du marbre,
eft qu'elles paroiftent de différentes
couleurs , jaunâtres , blanches,
grifes, rouilatres , d'un bleu
enfoncé, 6c même noires en quelques
endroits. Qiiant à moij j'impute
cette varieté de, couleur au
tems, d'autant plus, qu'elle fe trouve
dans le rocher de la montagne
même. Cependant , la meilleure
partie de cet édifice eft d'un bleu
clair , 6r afin d'en pouvoir mieux
juger, je me fuis donné lapeinede
peindre d'après nature, toutes ces
couleurs en detrempe.
La ville ^ l'égard de la ville de PerfepodePerfe
Us même, il n'en refte aucunestratiere^'^'
cesj fi ce n'eft que les Tocliers qu'on
ment dé-trouvede côté & d'autre, donnent
truite, ¿ç. croire qu'il y a eu desbâtimens
au-delà de l'enceinte des murailles
de l'édifice, dont on vient de
parler. Les Perfes difent, & il paroit
aulîi par leurs écrits, que cette
que des conjefturcs, puis qu'il n'en j - q -,
refte aucune trace, que lacolomnep; not!
qui eft au fud hors de l'enceinte des
ruines du Palais, & le portique qui
eft au nord.
v i l le avoit une grande étendue
qu'elle étoit fituée dans la plaine, &
que les ruines qu'on y voit encore
aujourd'hui , font celles du palais
des anciens R.ois de Perfe. Il me
femble,autant que j'en ai pu juger,
qu'elle devoir s'étendre le long de la
montagne, & delà aiTez avant dans
la plaine: mais après tout ce ne font
J'eus prefquetoujours lebonheur
d'être favorilé d'un très-beau tems
pendant le fejour que j 'y fis, à la relérve
qu'il tomboit de temsentems
de la pluie ou de la neige, &:qu'il
geloit quelquefois , ce qui m'obligeoit
de garder la maifon, en attendant
un tems plus favorable. Je ne
laiilbis pas au refte de m'y rendre
le plus fouvent qu'il m'étoit pollible
, même d'y faire la cuifine;
&: fi j'avois eu un compagnon auiîi
curieux que moi, & un bon chien,
je ferois refté la nuit dans une grote
delà montagne, pour m'épargner
la peine d 'y aller tous les jours. C'eft
ce que font les Arabes fous leurs
tentes, fuivis de leur bétail, avec lequel
ils viennent labourer la terre
jufques fous les murs de ces ruines.
Ils me venoient fouvent rendre
vifite , pendant que j'étois occupé
à travailler à ces belles antiquitez.
Les habitans des villages
d'alentour le faifoient auflî, demê- •
me que leur Kalantaer ou Baillif.
11 y venoit ausfi tous les jours de
pauvres gens , attirez par la curiolité
d'un fi beau fpe£tacle, fuivis de
leurs familles & de leurs chameaux,
qui montoient & defcendoient le
grand efcalier , comme leurs condufteurs.
J'obfervai que ces genslà
examinoient ces fameufes ruines,
avec plus de curiofité & d'attention
que n'a fait Mr. Tavernier, qui dit Faute
qu'il y avoit encore 12. colomnes^^^^^
en asfiete, il y a 48. ans , à quoi il nier,
ajoute, que cesruines, dontonfaic
tant de bruit dans le monde, ne valent
pas la peine qu'on s'éloigne une
demi lieue de fon chemin pour les
voir ; & qu'un certain Hollanàois
en aiant faitledeffein, par ordre de
la Compagnie des hides , pour le
Roi Ahas II. s'étoit plaint d'avoir
perdu tant de tems inutilement.
Qiiant au premier point, je nefaurois
m'empêcher de dire que j'aide
la peine à croire que cet Auteur y
ait jamais été, puis qu'il s'y trouve
encore
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