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17°+
9. Nov
V O Y A G E S
à l'armée, en terns de guerre, fur
un autel d ' a r g e n t , comme le marque
e¡iimte-Cnrfe (a). Ce feu étoit
commis à la garde des Mages, &
on ne le laillbit jamais éteindre
Lxu'au décès du R.oi. Voiez Dtodore
de Sicile (by
Celui qu'on prend pour un Roi
devant l ' a u t e l , eft vétu d'une robe
longue, à la maniere des Medes, la
couronne fur la t ê t e , & tenant à la
main un ferpent à demi courbé. Je
fuis perfuadé qu'il fait une ofTcand
e , & cela eft d'autant plus vraifemblable,
qu'on fait que Cambjfes
avec des Heches pour fe diftinguer i ^04.
des autres nations. Les figures qu'on 9. Nov.
voit fur l'efcalier, le carquois fur l'épaule,
en font foi. aiTcdés
L a p c t i t e f i g u r e qui paroit e n l ' a i r , J " ' ' ' "'
laquelle Mr. Hyde prend pour un
Roi qui v o l e , ou pour une ame, qui
s'éleve vers les c i e u x , eft habillée &:
coëffee comme celle du Roi , qui
eft au-defldus d'elle. Strahon (e) dit
que les Ferfes ne briiloient pas les
oftrandes, qu'ils prcfentoicnt au Soleil
, mais qu'ils les partageoient en"-
tr'eux,étant perfuadcz que les Dieux
fe contentoient des ames des ani-
& CTWecoient en même tems Rois I maux qu'ils leur oftroicnt. Quant
& Mages & qu'ils étoient obligez | à moi, il me iemble que cette figu.
de preïénter des oftrandes en cette
qualité. Ausli, lors que Cjrns accompagna
Cyaxares, Roi des Me-
<ÎH,fon oncle, dans fou expedition
contre les Afyriens, Cambyfes prefenta
une oftVande pour fou fils, &
pour fon armée: & lors que Cyras,
après la conquête du Royaume de
Bahylone, retourna en Petfe-, Cambyfes
fit aftémbler les grands du
Royaume, & fit un decret par lequel
il enjoignit à Cjns, de faire
une offrande en per'fonne , en fare
pourroit bien fignifier un Oracle ,
parce qu'elle eft affile fur un trep
i e d , comme cela fe pratiquoit à
Delfhes.
Les figures , repréfentées à côté
du tombeau , d e part & d'autre, font
aufll vêtues à la maniéré des Medes,
& celles qu'on voit entre les ornemens,
les mains élevées, à la PeV'
fame.
Les têtes d'animaux , avec une
corne , ne font que des ornemens,
^ — — repréfentent la pHjJ'iHice des
veut de fon peuple, lors qu'ilferoit ! Rois, comme on l'a déjàobfervé.
parvenu à la couronne de Perfe,\ Le Soleil, qui paroit au-delTusLÎ soa
p r è s f a m o r t ; 8c cette céremonie de l ' A u t e l , reprelente l'ancienne
fe devoir faire par un Frince du vinité des PCT/H , comme le mat-Divinité
fan<^,enl'abfenceduRoi. Xenophon (]y\znt: Strahn &c ^imte-Cnrfe. ¿"Pnfe
en fait mention dans fon I n f t i t u t i on | Enfin , une des principales raide
Cms (c). 1 > porte à croire que
Q u a n t au f e r p e n t à d e m i c o u r b é , I C A i f a / » « - doit avoir été l'ancien
- - • • . • • ' Palais de Perfepolis eft, qu'on
trouve, que les tombeaux qui font
à l'eft dans la montagne , fe nommoient
anciennement les monumens
Royaux.
Quant à celui de Naxi-Rnjtan,
je ne doute nullement, que ce ne
foit Darius , fils d'HyJiafpes , qui
l'ait fait b â t i r , parce que l'exterieur
de ce tombeau repond exafteraent à
la defcription qu'en fait Cfe/i^ïj dans
fon hiftûire de Perfe ( i ) après Hérodote
, & à celle de Diodore de Sicile,
dont on a déjà parlé.
Voici le fens des paroles de cet
H i f t o -
on fait que les anciens defighoient
par cet hieroglyphe, un Roi dont
la domination n'étoit pas fort étend
u e , au lieu que lors qu'il s'agiffoit
d'un grand Monarque, ils le
faifoient par un ferpent en forme de
cercle , tenant la queue entre les
dents , comme on le trouve dans
Horns Apollo ( d ) . Cela me f a i t j u -
g e r , que ce f e r p e n t , fi c'en eft un,
que le Roi tient à la main, defigne
le Roi de Perfe: Si quand même ce
fcroit un a r c , ma conjefture n'en feroit
pas moins fondée, l'arc étant
afFefté aux ? i i / w , q u i le portoient
i . N i m r T (blLXVII. (cl L.I. "libi' (d) Nicolai Hiero
.LY INO ¿ Í s é . í o S . (=) GeogVL-XV. p.îj«- f'íq- Edit?C.ftub. ( f) V. E.ccp. Pho
's4m. IS- feu,p.64i.Op,Herodot.Ed.Frincof.
1704.
9. NOV.
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D E C O R N E I L
H i f t o r i e n : D a r i u s f e f i t f a i r e î i n t o m -
beau f i r tme double montagne, oit fes
a'/uis, qui le voulurent voir, fe firent
élever par un Prêtre, à l'aide d'une
corde.
T o u t cela bien confideré on ne
fauroit difconvenir qu'il ne fe trouve
beaucoup de reffemblance entre
Chilminar, & le Palais de l'ancienne
ville de Pcrfepolis-. mais ilferoit
difficile de deligner le tems auquel
il a été bâti , parce que lors que
Xemphon (a) parle du voyage que
L E LE B R U N. 291
Cyrus fit à&Babylone en Perfe, pour 1704..
aller voir le R o i fon pere , il dit 9. Nov,
fimplement, qu'aiant laiffé fes troupes
en chemin , il s'avança vers la
ville, fans la nommer. Au refte, il
y a bien de l'apparence, que la ville
i'Elimats, qui étoit la capitale
du Royaume, fut nommée enfuite
Perfepehs. Quant aux figures & aux
ornemens , qu'on trouve à Chilminar
, elles ont été faites depuis par
plufieurs Rois.
C H A P I T R E L I V.
Qmlquei ohfervations concernant le fondateur du Palais Royal de
Perfepolis , détruit par Alexandre le Grand , & connu aujourâhui
fom le nom de Chilminar.
APrès c[u'Alexandre le Grand
eut défait le R o i Darius, &
le tut emparé de fon Empire,felon
• la prophétie de Daniel (b) , ce
Prince expofa au pillage de fesfoldats
la fiimeufe ville de Perfepolis,
lituée fur VAraxe, qui paflbit à côt
é de Chilminar , à une petite diftance
, felon le favant Ifaac Voffins
( c ) . 11 s'empara enfuite des trefors
qu'on avoit amaiTez dans le
Palais de cette capitale, depuis le
tems de Cyrus , fondateur de cet
Empire. On dit qu'ils fe montoient
à fix vingts mille talens(d3.
11 fiiut ajouter à cela fix raille talens
qui fe trouvèrent à Pafargade
i 50000. à Sufe, & 26000. à
Ecbatane, qui font en tout la forame
de C G I L mille talens , fiins
compter l'argent , qui étoit à Damas
, ii Arbelle & à Bahylone ( e ),
A la vérité, Diodore & Plutarque ( f}
aufli-bien que Jufiin ( g ) difent,
qu'on n'en trouva que 4,0000. à
Sufe.
Rien ne fait plus connoitre le
mauvais ufagc c^a'Alexandre fit de
fes conquêtes &c d e fa f o r t u n e , que
l'excès qu'il commit le jour qu'il
en célébra la fête. Il y invita tous
fes amis , & plufieurs courtifanes,
parmi lefquelles il s'en trouva une
Greque, nommée ZZK?«,laquelle le
voiant échaufé de v i n , lui confeilla
de mettre le feu au fuperbe Pa-II m et le
lais de cette ville, & excita en même
tems les conviez à fuivre l'exem- Perfepoplede
ce Prince. Son armée, qui^'®',
campoit affez près de la ville, voyant
cet incendie , & l'imputant au haz
a r d , y accourut, pou t en prévenir
les fuites : mais les foldats aiant trouvé
Alexandre la torche à la main,
jettérent l'eau qu'ils avoient apportée
&r fe joignirent à lui pour achever
de détruire ce beau Palais , la
gloire de l ' O r i e n t , & lefiegedefes
Rois. D/Wire, dit ( h ^ que cela arriva
vers la fin de la 4. année de la
C X I I . Olympiade, l'an 3621. de la
création du monde, felon Helvicus-y
4385. d e l à p e r i o d e y a l i oe K f , & 327.
avantlanaiftance de notre Seigneur
•Jefus-Chrifi. O n prétend qu'yfkxandre
voulut fe vanger par-là de
la
(a) L. vm. c. (b) C. XI. f . feq. (c) Ad Pomp. Mel. c. 8. p. m. 370,
Diod. Sic. L. XVII. p. fioo. Ed. Steph. fen p. 144. Ed. Wcch. Conf. Curt, l : V. c. 10.
Cim.L. VI. C.4. ArtiMi.L.III.deexp.Alcs. (f) In Vit. Alex.c.66. (g) L.XI.c.r
p. C. feq.
T o m . I I . Pp 2
(d) Vid.
(e) Conf.
(h) L. &