D E C O R N E I L L E
170+ rocher , outre que les arbres n'y
3. Nov. abondent pas.
Tombc;
iu.
On voit à côté de ce Caravanferai
un tombeau couvert d'un petit
dôme élevé, & ceint d'unemuraiile.
On pretend que c'eft celui d'un
frere du Roi J e / . q u i tâchades'emparer
'de cette partie du Royaume
& fe cafla la jambe fur cette montagne,
dont il mourut. Les revenus
de ce village fervent encore aujourd'hui
pour l'entretien de ce tombeau
, & de ceux qui en ont la direition.
Abon- Comme cc quartier-là abonde en
""ôîion 8c poiffon, nous fîmes jetter les filets
5= gibier, à l'eau, & nous en tirâmes quatre
gros poiffons, dont les deux plus
grands reffembloient affez à des carpes,
les autres avoient de grandes
écailles & le ventre jaune ; c'eft un
bon poiiTon, quoi que la peau en foit
fort épaiiTe. On y trouve auill beaucoup
de perdrix, des becailines &"
des grues , qiy s'élevent fort en
l'air.
Nous pourfuivimes notre voyage
après le coucher du foleil,&; entrâmes
à la pointe du jour dans les
montagnes, qui font élevées &: remplies
de rocher: les chemins en
font fi étroits que les chevaux &
autres bêtes de fomme ont de la
peine à y paiTerj outre qu'ils font
L E B R U N . 257
fi efcarpez & fi gliffans, en plufieurs j
endroits, que ces pauvres animaux 3. Nav!
y tombent fouvent à la renverfe.
Cela n'eit pas moinsfatiguant pour
les veyageurs, qui ne peuvent s'y
tenir à cheval, & qui font continuellement
obligez de monter & de
defcendre. Je me reflbuvins en cet
endroit des défilez, que Q. Cmfe
d i t , qu'Alexandre paffa en ces quartiers
là. On trouve fur le fommet
de cette montagne une belle fontaine
couverte de pierre. Il étoit
10. heures lorfque nous parvînmes
de l'autre c ô t é , o i l nous trouvâmes
un Caravanferai à demi ruiné.
Sur les deux heures après midi
nous arrivâmes à un petit canal
d'eau vive,après avoir traverfédes
rochers, dontles chemins font trèsmauvais.
Je m'y arrêtai avec quelques
autres, & nous y dinâmes à
l'ombre de quelques arbres , pendant
que le refte de la compagnie
pourfuivit fon chemin. Ces arbreslà
, qui s'étendent jufques fur les
rochers font des amandiers fauvages
& des Sackas. Nous pourfuivimes
enfuite notre chemin le long
de ce canal, par des terres labourées,
& arrivâmes à 3. heures an
Caravanferai de Majien , oit nous
nous arrêtâmes.
C H A P I T R E L L
Amandien fauvages, ér antres arbres. Montagnes fur lefquelks
il y avait autrefois des forterelfes. Riviere de Bendemir. Arrivée
a Perfepolis.
Branches T E deifinai en Cet endroit une brand'arbres.
J che d'amandier fauvage, & celle
d'un Sackas. Celle de l'amandier
étoit longue & deliée, comme il
paroit au Num. 115. à la lettre A.
& n'avoir qu'une feule amande, la
faifon en étant palTée. La branche
du Sackas eil: chargée d'un petit
fruit roufl'àtre qui reifemble affez
aux pépins des grenades : il
en croit plufieurs à une feule
TOM. IL
queue, reprefentée avec les feuilles
à la lettre B. Ce fruit devient
vert en meuriffant; on le pele Se
puis on en caffe la coquille pour en
tirer l'amande : il eft: excellent
mariné, auill bien que les amandes
fauvages.
La Perfe produit un autre arbre, Artre
qu'on nomme Afrag, lequel porte
beaucoup de fleurs, des feuilles
fort ferrées & cependant feparées
L 1 les
K L
)K;