D E C O R N E I L L E L E B R U N . 371
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Convoi
funebre.
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1706. qui conduit au tombeau, unpeji.
juiil. tit ouvrage en forme d'autel, avec
une bordure rouge au milieu de la
façade, & quelques caraderes Chi-
?ms en or. Le pavé qui eit devant
le tombeau, eft de la même maçonnerie
que le refte de l'ouvrage, blanc
& divifé en trois parties, feparécs
les unes des autres, avec une petite
élévation par derriere.' Il y a un
autelfemblable à droite fur le front,
avec une efpece de niche au milieu.
Depenre Ges tombeaux-là coûtentjufques
faiicpoïï^ 2,3.&-400. écus. Au refte ii s'en
ces'toni- trouve qui n'ont point d'ornemens,
beaux. jT^j^jg la^ maçonnerie & la façon de
l'ouvrage ne different pas,afin que'
les morts repofent en toute fureté.
Lors que j'arrivai en ce lieu-là,on
étoit occupé à faire un de ces tombeaux
5 pour une perfonne qu'on alloit
mettre en terre. Le convoi s'y
rendit peu après, & j 'y vis plufieurs
tentes pourvues de toutes les chofes
neceifaires, pourlacuifme, Ôcpour
mettre le couvert. J'obfervai avec
foin toute la ceremonie du convoi,
quireiTembloit à uneproceflîon, par
le nombre des perfonnes dont il étoit
compofé , & des ornemens qu'ils
portoient,favoirdes drapeaux, des
parafols, fie des dais, fousl'undefquelsonportoitun
de leurs Saints,
connu fous le nom de joosje. J'y
entendis auili lefon de quelques cloches.
Lors que le corps fut parvenu
au lieu où on devoit le mettre
en terre, tout s'y fit avec célérité
Sx en très-bon ordre. IlyavoitviS'
à-vis d'un de ces tombeaux,un pavillon
& plufieurs parafols, fous l'un
defquels j'obfervai une grande table
couverte de toutes fortes de viandes
apportées de la v i l l e , &entr'au-
"tresd'un cochon c r i î ,& d'un bouc,
qu'i dévoient fefvir d'offrandes au
Saint dont on vient de parler. Cependant
, on jetta quelqu'argent
dans la foiTe, & puis on y mit le
corps. Un prêtre qui étoit à un
bout de cette foiTc, tenoit un livre
à la main, dans lequel il lifoit; 8c
il en avoit un autre à côté de lui,
avec un plat d'argent rempli defemence,
dont il jettoic de tems en
TOM. IL
tems une poignée vers les aiîîftans,
fur le cercueil 6c fur l'enfant de la3i/jui:l.'
femme qu'on venoit de mettre en
terre, lequel étoit de l'autre côté
du tombeau, couvert d'une robe de
toile crue, qui lui paflbit par-deffus
la tête, à la maniere des anciens,
qui fe couvroient ainfidefacs,dans
les tems de deuil Ôc d'affliibion, 6c
fe jettoient par terre. Cet enfant,
qui n'avoit pas plus de 10. ans, le fit
auiH à diverfes reprifes, 8c puis fe
remettoit en fa place, felon l'ordre
qu'il en recevoit des affiftans, entre
lefquels étoit fon pere, habillé
de blanc. Enfuite, le prêtre fit approcher
cet enfant, auquel il fit répandre
quelques poignées de terre
fur le cercueil de fa mere," & ainiÎ
finit cette ceremonie. Rien ne m'y
parut plus extraordinaire que lafemence
qu'on y repandit } qui fervoit
apparemment d'emblème pour
marquer aux aflîftans , qu'on fouhaitoit
que leur pofterité multipliât
de même.
Pendant qu^on étoit ocçupé aRepaifas
preparer le ciment, dont on apar-^®''""
l é , on fe mit à table , au nombre
de plus de5oo.perfonnes,entrelefquelles
il y avoit plufieurs femmes,
habillées de blanc, avec une machine
en pointe au-deiTus de la tête. Se
de la même couleur, qui leur tomboit
jufques au milieu du corps. On
rcfta-là jufques au foir, fous les arbres.
Ces tombeaux ne font qu'à
une petite lieue de Batavia y & il
y en a même un grand nombre, qui
n'en font pas il éloignez. On en
trouvera le defieinaunum. 224,. La
coutume de ces repas-là, s'accorde
à ce que j'ai dit ailleurs des mets
qu'on apporte fur les tombeaux des
trepaiTez en d'autres lieux. Il y en
a mênie, oii l'on vient fumer prendre
du caffé, Sic. D^autres y vont
faire leurs devotions, comme je l'ai
vû pratiquer à Chirasj ou Zjie-raes
en Perfe. Ils font même fouvenc
de ces repas-là, peu après l'enterrement
fur des tapis qu'ils étendeiit
fur la terre. Cela fe pratique parmi
les Chrétiens orieritaux, favoir
en Geòrgie i c^i Armenie 8c parmi les
G w i ,qui vont aufli faire des lamen«
B b b 2 tations