DE C O R N E I L L E LE B R U N. 193
1704. encore plus de large. La racine de
7. Aïiil, celle-ci avoit quatre branches grifacrifice
fes, marquetées. On me l'envoya
de Juif a, où elle avoit été 19. ans
en terre. J'ai audi defliné à côté
de cette plante, un certain fruit qui
croit dans une iaifon plus avancée,
lequel les Perfes nomment Badensjom,
d'Abra-,
hain.
& les Europeans, Foekje-fockiefc.
11 eft violet , & il y en a de
'blanc, ordinairement delagroffeur
d'un concombre; mais i l s'en trouve
qui font une fois plus gros. U
dont il y en avoit plus de 200, cou- 170^-
verts des bonnets ou turbans, dont ij.AvriL
on a déjà parlé. Je m'étois placé
au milieu du chemin , où ce i^rince
eft admirable dans le potage , frit
dans le beurre , & de plufieurs autres
maniérés. On tranfplante l'arbriffeau
qui le porte, pendant qu'il eft
jeune , & le fruit en devient meilleur.
La fleur en eft blanche, violette
& jaune, & ilpouiTe communément
un pied & demi hors de
terre , avec plufieurs petites branches
, que le poids du fruit fait
courberjufques à terre. O n le trouvera
au num. 73 , avec la plante precedente.
La lettre A . marque les
feuilles de la rhubarbe, le B . l a racine,
& le G. le Foekje-fockkfe.
L e feptieme de ce mois il tomba
à Juif a une pluie violente, accompagnée
de grêle, qui couvrit toute
la campagne, & dont on ne s'apperçut
prefque point à la ville. Il
y avoit auiTl plulieurs années que cela
n'étoit arrivé. Nous eûmes pendant
tout le refte du mois, du vent,
de la pluie, & un tems fort variable.
Le quinzième, on celebra la fête
du Bairam koï'han , ou du facrifice
à:Abraham. Monfieur Kajlelein, qui
connoillbit ma curioiité , ordonna
à fon écuier, & à deux autres de fes
domeftiques de m'accompagner à
cheval , au lieu deftiné pour cela.
La mulique du Roi avoit recommencé
à fe faire entendre la veille,
au coucher du S o l e i l , & continua
jufques au lendemain au même tems,
les muficiens , qui font en grand
nombre fe relevant de tems en tems.
J'allai fur les fept heures du matin
au Chiaer-baeg, où le R o i devoir fe
rendre en traverfant fes jardins. Il
y arriva une demi-heure après, avec
une grande fuite de Seigneurs,
devoit paffer, & après l'avoir vû,
avec toute fa f u i t e , je me rendis au
grand gallop à Baharoek, cimetiere
Fùïfan, à une bonne demi-lieuè de
la v i l l e , où fe devoit faire la ceremonie.
Elle confifte au fimple facrifice
d'un chameau mâle, qui n'a
aucun défaut, carfanscelaonl'eftime
impur. , L e Varoega , c'eft-àdire
le BailÎif de la v i l l e , & quelquefois
le Roi même, lui donne le
premier coup d'une groiTe lance,
enfuite de quoi on acheve de le percer
à coups de fabre ou de couteau.
Après cela, on le coupe en mor.»
ceaux, & on le partage entre les o&
ficiers des diiferens quartiers de la
ville , & comme chacun s'empreffe
d'en avoir fa part, cela eaufe
fouvent un grand defordre, & il
demeure quelquefois plufieurs perfonnes
fur la p l a c e , comme il arriva
ce jour-là, car tout le monde y va
armé de fabres ou de bâtons. Se i l y
a une telle foule de perfonnes &: de
chevaux, qu'on a de la peine à fe
remuer. Quant à moi, je me retirai
des premiers, 6c me rendis au
Chiatr-haeg, pour y voirpaiTercette
multitude, à f o n retour vers la
ville. Enfin, après qu'un chacun
eut attrapé ce qu'il put de l'offrande,
on s'en retourna en triomphe,
les officiers des quartiersàlatêtede
ceux de leur département, en fautant
& en danfant le fabre à la main,
& de grands bâtons élevez, faifant
de grands cris, & frappant fur des
baflins Se de petits tambours. Le
premier morceau, qu'on coupe de
cette bête, eft deftiné pour le R o i , 6c
on le porte au Palais fur la pointe
d'une lance. Au refte ce retour fe
fit en très-bon ordre , U avec de
grands témoignages de joie. On
v i t paroitre d'abord les gardes du
Roi , & puis ce Prince à cheval,
fous un grand parafol, pour le garantir
de l'ardeur des rayons du fol
e i l , fuivi des Seigneurs de la Cour,
& ceux-ci de 12. chevaux de main
de fa Majefté , 5c de 4. élephans.
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