Mépris
han i en ditbic ausfi crop librement
íes Icntimens. Ce Seigneur, qui
avoir été elevé aux premieres charges,
& au Gouvernement de la même
ville de Tnnris, après avoir été
Général des efclaves Orcajfiens &
Géorgiens de fa M a j e f t é , fe rendit
à Ispahan y oii le K.oi lui demanda
ce qu'il venoit faire, & Uii ordonna
, fans attendre fa reponfe , de
s'en retourner à fon Gouvernement,
& de là à EJlerabad, ville dir
zander an i pour y commander fon
arméeV5c''s'ôppoïer aux courfesdés
Turcomans y qui infeftoient ce pais
l à , & en enlevoient les habitansSc
le bétail. Il répondit au R o i qu'il
étoit bien fâché de ne pouvoir obéir
à fa M a j e f t é , parce qu'il favoit,
qu'on n'agiñbit pas à la C o u r comme
on y devoit a g i r , ôc qu'on l'avoit
averti qu'on ne vouloir l'éloigner
que pour le perdre: que s'il
folloit qu'il eut le malheur d'être
i-icrifie à la haine de fes ennemis,
i l aimoit mieux que ce fut à l'inftant,
qu'après fon depart. Il dit
cela d'une manieic aifez f e i c h e , &
y ajoûta quelques raifonnemens qui
animerenc tellement le Roi contre
l u i , qu'on Talla prendre chez lu
le 6. Septembre, & après l'avoir
g a r o t t é , on le mena publiquement
en prifon monté fur un m u l e t , fie
on mit le féellé à tout ce qu'il
avoit. Nonobftanc cette violence,
on ne laiiTa pas de le relâcher quelques
jours après, à condition qu'il
ne fortiroit pas de chez lui.
On pourroit donner plufieurs autres
exemples de la violence fie de
la foibleiîe de ce Prince, qui s'expofe
tellement au mépris de fes fujets
, qu'ils difent publiquement,
qu'il n'a de R o i , q u e lenom. AulTi
peut-on dire avec raifon, Malheur
an païs qui efi gouverné par un enfmt!
On dit que fon cadet,qu'on
garde au Palais, & qui a du genie
& du mérité, s'écrie fouvent, en apprenant
la conduite d u R o i f o n f r e -
B R U N. nf
qu'il ne fauroit s'imaginer ce 1704.
q u ' i l fait de la Couronne. C e Prin-1. Mai.
ce lui aiantiin jourenvoyéunebouteille
de vin , celui-ci la lui renv
o y a , en difant fierement qu'il n'en
avoit pas befoin. Ces cholés-Ià, fi
peu conformes à la manierf; des autres
pais, paroitront étranges 5c incroyables
à ceux qui ignorent celles
de celui-ci. Au refteTimbecilitéde
ce Prince eft t e l l e , que lors qu'il
perd une bagatele au jeu^il prie celui
qui l'a gag-née de n'en rien dire
au NaztTy qui la doit payer.
Il refte à parler de l'habillement HaUt^ .
des Perfes. Ils font plus courts que . ® "
ceux des Turcs, Se diferent felon la
,qualité & le rang des perfonnes.
"Ceux des gens d'épce, par exemp
l e , font tout autres que ceux des
gens de robe, il en eft de même
à l'égard de leurs femmes. Il fè
trouve auflî une grande différence
entre ceux des femmes mariées &
des filles} des femmes avancées en
âge & des jeunes perfonnes. L'habit
des plus .confiderables parmi les
gens de robe fe trouve reprefenté
au Num. 86. Le Mandiel ou le turban,
qu'ils ont fur la t ê t e , diiFere
fouvent : il s'en trouve de toutes
fortes de couleurs, les uns rayez',
les autres brochez d'or & d'argent,
& d'autres blancs. Les Ecclefiaftiques
les portent plus grands q u e l«
autres, mais d'une grande propreté
fie bien pliiïez. En un mot leurs
habits font magnifiques 6c la plûpart
à fleurs, ce qui ne leur convient
pas fî bien qu'aux femmes à
mon gré. C e u x des Ti<rcs ionz plusLesTurcs
modeftes & mieux entendus, & ont haM^és
un air plus mâle. Au refte lesdcftemcnt
Perfes ne changent point de m o d e , 5 " Y"
fie ont confervé cet air de grandeur,
qui regnoit parmi eux du tems
à'Alexandre. Les perfonnesdecondition
ne vont jamais à p i e d , mais
à cheval, avec des coureurs à leurs
côtés. Ceux de moindre confideration
ne laiiTent pas de les imiter,,
(Sr font obligez de faire des emprunts
pour c e l a , qu'ils ne fe mettent
guere en peine d'aquitter. Les
grands Seigneurs & ceux qui font
richcs garniiTent les brides de leurs
che