V O Y A G E S
j-Q, d'une poularde ; 4. à 5. Ibis d'un
iç.Maiv poulet, & 10. à 12. lois d'uiie perdrix.
11 s'y en trouve qui ne Ibnt
pas plus grolles que des eailles, dont
on ne donne que 5. à 6. lois de la
couple j aufli-bien que des cailles
& des pigeons. Les canards iauvages
y valent 7. à 8. fols la piece:
une bonne oye apprivoifée 4.0. à 5 o 3
un gros dindon 7. à 8, & les dindonneaux
à proportion. Les chapons
y font exceflivement gras , &
affez rares j auiïi n'y en apporte-ton
guère que pour en faire despréfens.
Il y a outre cela , beaucoup de
becafles & de beeaflines ; plulieurs
efpeces de canards iauvages, des farcellcs,
des grues, des ramiers,des
tourterelles, des allouettes, des grives
, & des perdrix , dont il s'en
trouve qui ont la tête rouge, qu'on
ne peut tirer qu'en volant, ou prendre
à Toifeau.
Les bêtes fauves y font cepen^
dant, aifez rares; mais le bétail &
iur tout le boeuf y abonde; on en a
12. livres pour une vingtaine de
fols. A la vérité les Perfes n'en
mangent guère , à la referve de la
lie du peuple. Il fe vend prefque
tout à Se parmi les Chretiens.
On ne donne auffi que 15.316.fols
de 12. livres de mouton j mais il
hauñe de prix à mefure qu'on approche
de l'hyver, pendant lequel
on en donne jufqu'à 50. fols, &de
l'agneau jufqu'à 3. livres dix fols.
Il en eft de même du chevreau. Il
y a au ni beaucoup de loups & de
renards en ce pais ; mais ils font
fort petits.
Prix du On ne donne auñi , ordinairement,
que 8. à 10. fols, de 12. livres
de pain, &20. à 24. fols pour
autant de ris ; 8. à g. du froment,
& 6. à 7. de l'orge, lors qu'iln'eft
pas mondé. On le donne aux chevaux,
parce qu'il n'y a point d'avoine
en Perje -, mais le froment
à'Effiigne y abonde. On le grille
avant qu'il foit parfaitement mûr,
6c après l'avoir arrofé d'eau falèe, on
le crie par les rues.
Beurre. Le beurre , dont on fe fert dans
les fauces, & à divers apprêts , fe
vend 5. à 6. llorins les 12. livres, lyaj,.
& le beurre frais, qui eft admirable, ip. Mat
7. à 8., florins.
L'huile qu'on emploie de même
fe fait de la femence de Konsjae-, &
reilémble aifez à l'huile d'olive, hors Hmlc.
qu'elle a l'odeur plus forte. On en
a 13. livres pour 15. fols. Il y en
a cependant une autre forte , qui
eft meilleure , faite de femence de
Kousjit y qui conte une fois autant.
La femence de jMaa, qu'on appelle
Kajang aux Indes Orientiilcs,
eft aufli d'un grand ufage dans les
fauces. La 'Ferfe produit outre cela
, de petites feves rouges, & des
blanches, qui reflemblent aflez à
celles de 'Turquie -, des pois blancs ,
& des gris ; de petites feves noires
pour les chevaux, & des pois verts
du crû de VEurope,
Le bois eft fort cher en ce pais- Onfcreti
l à , & s'y vend au poids : on n'en J™"
a que 12. hvres pour 4. à 5. fols,ir!tm"a
& il en eft de même du charbon."'™/'''
Cela fait qu'on eft obligé de s'y fervir
de tourbes, faites de fiente de
chameau, de vache, de brebis, de
cheval & d'àne. Les principaux
Arméniens de Julfa le font comme
les autres , autrement le feu coûteroit
plus que les viandes ; au lieu
qu'on ne donne pas plus de trente
fols de 220. à230,livresdecest0urbes.
On s'en fert fur tour pour échaufer
les fours, dans lefqueîs on
fait cuire la meilleure partie des
mets de ce païs-ci, fans peine & à
peu de frais. L'ufage qu'on fait de
cettefientecontribue ausfi à la propreté
des grands chemins, dont on
foin d'enlever toutes les ordures
qui fervent de fumier pourengraiffer
les terres. On emploie jufqu'à
la fiente humaine à cet ufage.
J'oubliois à parler delaracinedeRacinc
Rujnas , que les/»¿«bj a p p e l l e n t ' ^ " ï"
SoUman-doJiyn, & qu'on trouve dans
la province de Servan , & aux environs
de la ville de Tmris. Il s'en
fait un grand negoce aux Indes,oh
l'on y en envoyé tous les ans, l'un
portant l'autre 300. balots, chaque
balot contenant 150. à 160. livres.
Mansja^ c'eft-à-dire, 12. livres
legeres, en vaut ordinairement, audeft
) E C O R N E I L L E LE B R U N .
1704
deffuS de 12. Marnoedjes , qui font
mI environ deux rifdalles ou cinq flo
Orp
rins; Ces racmcs-là, quifontmeil
leures en ce pais, que par tout ail
leurs, fervent à la teinture.
'I Fameliri
On envoie aufli tous les ans de
la découverte de ce remede à
chaifeur, qui avoit cafle la jambe 19. Mai
d'un cerf, qui ne laiffa pas de le
fauver. L'hiftoire dit que ce chaffeur
Tauris & de Cap m aux Indes, 7
800. paniers d"Junftgmentum, ou
d'Orpin,, que les Fcr/ej appellent
Zernig- Ces paniers en contiennent
chacun 1-50. à 160. livres, & la livre
en vaut,felon qu'il eft plus ou
moins bon, de trois quarts d'écus,
jufques à un éeu Se demi. On s'en
fert beaucoup à la peinture en ce
pais-ci, & à plufieurs autres ufages.
11 me femble qu'on enenvoye
aufli en Turquie.
La Perfe produit de plus, une
" precieufe drogue, inconnue à bien
des gens dans le pais même. C'eft
une efpece de gomme,qu'on y appelle
Afaoeie, laquelle fe trouve aux
environs de la ville de Liier dans
de certaines mines ou grottes. Elle
eft mole & noire comme de la poix,
mais l'odeur en eft plus agréable,
& elle diftille de la roche. Celle
d'oii fe tire la meilleure eft fermée
& fcellée. Se il n'y a que le Gou-"
verneur de Lair & quelques autres
Seigneurs qui puiffent y entrer pour
l'envoyer au Roi. On n'en tire pas
plus de 8. à 10. onces pat an, de
forte qu'elle eft fort rare. Cette
gomme eft admirable pour les oscaflfez
, & on aiTure que quelque
moulu , brife ou fracalTé que le corps
humain puiflTe être, elle le rétablit
en 24. heures de tems. On en fait
fondre pour cela, la grofl'eur d'un
pois , dans une cueiller avec du
beurre, qu'on fait avaler au malade,
& on en applique autant , ou un
peu davantage fur la blefl'ure , à
proportion que le cas le requiert
& puis on la bande d'un linge, &
on fe fert d'atels, lors qu'il s'agit
d'une jambe rompue. On attribué
étant retourné à la chafl'e le
lendemain tira encore un cerf, &
fut bien.futpris de trouver quec'étoit
le même auquel il avoit caife
la jambe k vedle j & fur tout de
voir qu'elle étoit à peu près gue-
;rie. Le bruit de cet accident s'etant
répandu de tous côtés, on imputa
cette prompte guérifon à la vertu
;de cette gomme, la chofe étantar^
rivée proche du lieu oîi elle fe d.iitille.
On en fit l'épreuve fur d'autres
blefl'ures & elle ne manqua pas
de produire le même eftet. 11 n'en
fallut pas davantage pour lui donner
une grande réputation.
Il s'en trouve une autre au pais
de Lorefian , qui produit à peu
près le même eftet, hors qu'il faut
3. ou 4. fois plus de tems pour la
perfeftion de la cure. On en connoit
la difference eii mettant cette
iomme fur un charbon de feu, la
Aimée de celle-ci aiant l'odeur de
la p o i x , au lieu que l'autre eft beaucoup
plus agréable: mais la meilleure
épreuve qu'on en puiflfe faire
eft fur un poulet auquel on caCTe
la jambe pour cela, & puis on applique
le remede comme defl'us.
Cette épreuve s'eft faite plufieurs
fois. Au refte, comme cette )»»-
w/i appartient uniquement au Roi,
& qu'il ne s'en produit guere, il
eft fort difficile d'en obtenir , Se
fur tout pour de l'argent. Cependant,
ceux qui en ont ladireftionj
ne laiflént pas d'en faire quelques
fois des préfens en cachette aux
premiers Miniftres de l'Etat. Celle
de Lorejlan n'eft pas tout à fait fi
rare. Je croi cependant être pourvu
de l'une & de l'autre ou je mé
trompe fort.
C h a - -
' I.