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V O Y A G E S
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ijToj.aux mariez, deuxperes, deuxme-
I8. JanV. res,deux freres & deux foeurs, que
Ton introduit de même. Puis on fe
met à table, où toutes les places
font marquées. L'écuier tranchant
fe place entre les deux filles de noce,
vis-à-vis de la mariée, ¿c elles
lui nouent aufliuneécharpeaubras.
Le marié efl: placé entre les peres
les freres j & la mariée entre les
raeres&les foeurs. Après le repas on
regale, dans un autre appartement,
le maréchal, les maitres d'hôtel,
& l'écuier tranchant. On danfe enfuite,
& c'ell: le maréchal qui commence
avec la mariée; puis il prie
les aptres dames de danfer avec les
maitres d'hôtel. Les peres & les
meres danfent après ceux-ci ; les
freres & les fceurs , & enfin , les
mariés, & deux ou trois autres couples.
Cela fait, le maréchal crie L IBEiLTE',
& puis danfe qui veut. Ces
noces durent communément trois
jours de fuite, & le dernier, les filles
de la nóce régalent le maréchal,
les maitres d'hôtel, leurs afiilians
& l'écuier-tranchant.
enterre- Leurs enterrcmens fe font de cet
inenî. te maniere. On garde le corps quel
qties jours, & celui c^ui précédé h
pompe funebre, on invite en pre.
mier lieu , les principaux de la
nation -, puis la plupart des marchands
& quelques autres amis, tant
à la ville que dans la Slahode. Cet.
te invitation fe fait par deux perfonnes
de leur nation, deftinées pour
cela, ou choifies par les parens du
défunt. Ceux-ci portent de longs
manteaux noirs & un crêpe au chapeau.
Qiioi qu'on s'affemble ordinairement
à deux heures après
midi , il efl: nuit avant que le
corps foit mis en terre en hyver,
& même aifez tard en été. On
employe à ce convoi 15. ou 16.
pleureurs une douzaine de porteurs,
tous mariés & habillez de
noir, avec de grands manteaux de
même, qu'on tient pour cela dans
les Eglifes. Les pleureurs fe placent
dans le meilleur appartement
à droite, avec les plus proches parens
mâles du défunt, & tout le
monde les falue en entrant. On don-
] ne aux porteurs un crêpe au cha-1705.
' peau, & un autre qu'ils portent en 18. iam,
echarpe par deflus l'épaule, &
quelquefois encore des gands
blancs. On met toutes fortes de
rafraichilfemens fur deux tables ,
placées en deux chambres différentes
, & on préfente continuellement
à un chacun, du vin , de
la limonade faite de biere, des
fucreries , du pain rôti , & des
citrons lors qu'il s'en trouve. Avant
que le corps forte de la maifon, on
fait ordinairement préfent, à chacun
des porteurs , d'une cueiller
d'argent, où efl: gravé le nom du
défunt. On en donne auffi quelquefois
au miniftre, au maitre d'école
& aux pleureurs. Lors que c'eft une
fille qu'on porte en terre, on donne
des bagues d'or où efl aufli gravé
le nom deladefiinte, au lieu de ces
cueillers. Les porteurs clouent le
deiTus du cercueil avant de fortir,
& dès qu'on a commencé le convoi,
le maitre d'école & fes écoliers fe
mettent à chanter, tenant un livre à
la main .• mais les Reformés ne le
font qu'au cimetiere. On partainfî
fans lire les noms deperfonne. Les
jeunes écoliers précèdent le corps,
fuivis de leur maitre, du minifl:re,
& des prieurs d'enterrement. Le
corps fuit immédiatement, accompagné
des plus proches parens,des
pleureurs , des marchands & des
officiers , qui ne vont pas régulièrement
deux à deux comme parmi
nous, mais quatre ou cinq à la fois
comme il leur plait. Qiiand on efl:
arrivé au cimetiere, & qu'on apofé
le corps en terre, on recommence
quelques chants fúnebres. Enfuite
le minillre fait un difcours,
& remercie ceux qui ont accompag:
né le corps , de l'honneur
qu'ils lui ont fait ; les porteurs,
qui ont tous la pêle à la main,
jettent de la terre fur le cercueil,
jufques à ce que la fofle foit à peu
près remplie : puis on invite les affifl
ans à retourner à la maifon du
défunt j mais il n'y entregúete que
les porteurs, qu'on y régale de boiffons
& de tabac. On fait quelquefois
une oraiibnfunebredansl'Eglif
e .
DE C O R N E I L L E LE B R U N .
,TO,.fe, & on y invite les femmes. La
î8. Janv. veuve du défunt s'y rend accompagnée
des plus proches parentes,
toutes couvertes decrêpon. Cellesci
donnent fouvent des marques publiques
de leur douleur dans les rues.
On donne aufll quelquefois un repas.
Cette pompe funebre fe fait
en earoil'e en été, & à cheval,parce
qu'on nefauroitalleràpied. Les
cercueils fe faifoient autrefois de
'bois de chêne; mais cela cil défendu
à préfent , le Czar voulant
qu'on employe ce bois-là, àunaii-1703.
tre ufage.
Le nombre des Reformés qui fe
trouvent ici fe monte environ à 200
perfonnes. Celui des Luthertens efl:
beaucoup plus grand; aufli ont-ils
deux Eglifes, au lieu que les autres
n'en ont qu'une dans la Slabode.
Deux Jefuites s'y font établis depuis
.quelques années, lefquels y
enfeignent le latin à plufieurs enfans
de leur communion.
C h a p i t r e XII.
Départ de f a Majefté Czarienne pour Veronis, oit tAuteur &
plufieurs autres l'accompagnent. Chofes remarquables en chemin.
Arrivée a Veronis.
Le tems du départ du Czar étant
arrivé , il fe fit accompagner
par Ivan Alexewitz Moe~
Jln Poeskin , premier infpeflreur
des monafl:eres de Ruße , lequel avoit
été gouverneur ä^Afirilcan,
charge dont il s'étoit aquitté dignement
; par Alexe Petrmitz Jfmeelhoff
; le Knees Gregoire Gregonwitz
Gagarm^ Ivan Andrewitz
Tolstoy y gouvcrnem d'Afoph ; Ivan
Davideii-'itz, gouverneur de Kolomna;
Alexandre IVaJfele'JJitz linken
, grand maitre de la maifon, &
gentilhomme de la chambre de fa
Majefl:é ; Nariskie, fils de fon oncle
, & par plufieurs autres feigneurs,
qui arrivèrent à Veronis après
nous. Le Czar fit aufli cet honneur
au fleur de Konigzegg, Envoyé
extraordinaire de Pologne-, au fleur
Keiferling , Envoyé du Roi de
Pruße ; au fleur Bellofeur, Agent du
Sr. Ogienskie, un des premiers Généraux,
& des meilleurs amis du Roi
de Pologne ; à quelques officiers de
fa maifon , & au fils du fameux
General le Fort. Il prit outre ce
la , trois marchands , Monfr.
Steels ; galant homme, fort eftimé
de ce Prince, & Monfr. Hill, Anglais
, fk le Sieur Kmfms Hollandois,
tous très afieftionnez à fa Majefté.
Elle foiihaita, que je prifl'e
les devans avec euX; & nous partîmes
le trente-unième Janvier. Le
Czar nous fuivit le lendemain , avee
le refte de la compagnie. Nous
avions fait ferrer le deilbus de nos
traîneaux, pour qu'ils pufl'ent mieux
refifter à l'incommodité du voyage,
la terre n'étant guère couverte de
neige. Sa Majefl:é nous avoit ac.
cordé dtsPoJi''^odens, & nous avions
fix traîneaux pour nous & pour nos
domefl:iques. Nous partîmes de la
Slabode Allemande fur les 3. heures
après midi , & nous devions trouver
des relais de chevaux de vingt
en vingt izierfies. On trouve des
pilliers de werjie en vierfie d'ici à
Veronis , fur lefquels on voit, en
carafteres RuJJiens & Allemands l'année
1701. tcnis auquel ils furent
plantez. On a mis entre chacun
de ces pilliers, qui fontaflez hauts
& peints de rouge, 19. à 20. petits
arbres, des deux eôtez du chemin;
& il s'en trouve quelquefois 3. ou
4. enfemble, entrelacez de branches
comme des gabions , pour les défendre
& les empêcher de fortirde
terre. 11 y a 552. de ces pilliers
qui font à peu près , iio. lieues
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