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4 5¿ L E T T R E S U R L E S R E M A R a U E S
Dieu Mars , fur le témoignage du
même Strahon, qui dit ( a ) , qu'ils
honoroient le Dieu de la Guerre,
fur tous les autres D i e u x , & q u e les
peuples de la Carmank , Province
l i i j e t te aux Perfcs, lui offroient des
certains ufàges des Perfes modernds
& des Indiens , je ne voi pas qu'il
en puifl'e tirer un grand avantage,
puil'que les perfcnnes éclairées n'ignorent
pas, que les coutumes des
modernes, là comme ailleurs, diffe-
-—.lets, parce q u ' i l s s'en fervoient I rent f o r t de celles des Anciens, 8c
à la guerre au l i e u d e c l i e v a u x . Ce- i f u r tout eu égard à une antiquité
p e n d a n t , comme Xckd/jAokdit(b), [de plus de deux mille ans. Ausli»
que Cyrus offrit d e s c h e v a u x a u So- ! fuis-je p e r f u a d é , qu'au cas qii'uii
l e i l j ' & c Paafanias ( c ) que les des '
Bâlaves , qui vivoient il y a
Pcrjes ont facrifié des chevaux &
mille ans, revînt fur la t e r r e , il ne
d ' a u t r e s bêtes à cet aftre du j o u r,
reconnoitroit affurement rien aux
on peut en convenir ; mais on
manieres, à la langue , aux vêtemens,
ne doit pas conclure de l à , que
ni aux moeurs de fes compatriotes.
\es figures de l'efialier de Chdminar
Les' coutumes les manieres
reprefentent la proceffion d ' u n Sac
des Guebres d ' a u j o u r d ' h u i , 6c
r i f i c e , ni que ce lieu-là ait été un
celles des Pajens des IndeSjOpzWix,
T e m p l e de PerfipoUs -, puis qu'on
Chardm appelle fi fouvent à f o n fec
égorgeoit , le jour de la naiflance
o u r s , ne lui font pas plus favora»
des R o i s , appelle autrefois TyiS«,
bles : ces Guebres different pour le
plufieurs chevaux, des mulets, des
moins autant des anciens Mages,
boeufs, des « î / s . S c des brebis, dont
que les Juifs modernes, d e leurs ancêtres
leurs fujets leur faifoient prefent
o r t h o d o x e s , & que la p l u f -
pour leur t a b l e , comme le r a p p o r te
p i r t des Chrétiens le font à pre-
Athene-eÇà), d'après d'anciens A u - f f e n t de l ' E g l i f e p r i m i t i v e , tant par
t e u r s Perfans,ionx. les ouvrages, ne | r a p p o r t aux moeurs q u ' à la d o f t n -
fubfiftent p l u s depuis long-tems. De ne. Les Guebres d'aujourd'hui, f o nt
f o r t e , qu'il y a bien plus d'apparen- de pauvres ignorans , qui ont perce
que ces figures repréfentent une ¡ d u par la f u i t e des t e m s , 6f p a r l es
de ces f ê t e s - l à , q u ' u n f a c r i f i c e . Qui grands changemens, qui font arriplus
e f t , Herodote , qui vivoit du vés en Perfe, la veritable connoiftems
de Xerxes le G r a n d , lorfque fance du culte de leurs Ancêtres
la Monarchie des anciens Perfes écomble
de fa g l o i r e , dit
dont ils n'ont retenu que la lettre ,
comme les Sdmaritair/s ont retenu
u'ils n'avoient aucunes'im/î^M des ' le Pentateuque. Il eft même àpre-
)<•««, ni Temfles , ni Autels, 6c f ume r , qq uu ee les G r a J , q u i a d o r o i e n t
les f a u x Dieux , introduifirent de
leur tems , beaucoup de nouveaut
e z dans le c u l t e des Perfes , fort
oppofées à leurs anciennes manicres.
11 eft v r a i , que les Parthes &
une autre race d e R o i s Perfans , y
quelques fiècles après
même qu'ils fe moquoient de ceux
t]^ui en a v o i e n t , & qu'ils fecontentoient
d ' o f f r i r leurs Sacrifices fur
des lieux é l e v e z , & purs ( e ) , chof
e confirmée par Strabon ( f ). Je
croi que cela fuffit pour prouver
q u e les ruines de Chelminar nefont régnèrent , quelques (lècles :
pas celles d ' u n lemfU, puifque les | e u x : mais il y a bien de l'app;
anciens Perfes n'en avoient paS; & | c e , que les Sarafms
par conféquent que ce font celles dirent maîtres enfuit,
d ' u n Palais , auquel ces figures &
ces ornemens conviennent beaucoup
mieux : car quoi q u e Monfieur Chardin
tâche . adroitement d'autorifer
fon f e n t i m e n t , en comparant les repréfentations
de cet eftalier à de
qui s'en renfoiis
les premiers
C/i/ijïAtî; les Tartares[omTamerlan,
& puis les Turcs, ne manquèrent
pas ausfi d ' y i n t r o d u i r e plufieurs
grands changemens, foit par
addreife ou par tyrannie , lefquels
n ' o n t pas peu c o n t r i b u é à obf cur c&i r
(a) Cit. lib. p. m. 717- W L. VHI. Cyrop. c.i
IV. p. m.i4!.Scc. (c) Voyez, cit. lil>. I. cap. 131.
(c) te Laa«. s. a. m. 1.10.
131. {fl Lib. XV. p. m. 73î
(d) h.
D E C O R N E I L
& à brouiller encore davantage les
affaires des anciens Perfes. Les Indes
n'ont pas été moins fujettes à
ces fortes de changemens & d e révolutions:
mais comme cela n ' e i t p as
de notre fiijct j e ne m'y arrêterai
pas. D'ailleurs , j'avoue franchement
que j ' a j o u t e beaucoup plus de
f o i à ce que les anciens Hiiforiens
Grecs ont obfervé des moeurs&des
coutumes des premiers Perfes, foit
en paix foit en guerre , à la feule
relèrve de ce qui regarde le culte
religieux , qu'à toutes les hiftoires
fabuleufes des Perfans modernes.
C e p e n d a n t , les Guebres de notre
tems font eftimables en ce qu'ils rej
e t t e n t abfolument le culte des f a ux
Dieux & des Idoles , & qu'ils ne
reconnoiffent qu'un feul Dieu j en
ce qu'ils rendent j u f t i c e à leurs ancêtres
à cet égard , & declarent
q u ' i l s ne rendent aux planetes
q u ' u n honneur e x t é r i e u r , comme le
remarque Monfieur Hyde dans fon
Hifloria Veter. Perfar. Religionis,
chofe q u ' i l d i t avoir tirée de leurs
propres écrits , Se que vous avez
a p p r i f e de leur p r o p r e bouche, comme
vous le marquez au Chap. 79.
pag. 387. de votre Voyage. Unie
f e m b l e , q u 'U n'en faut pas davantage
pour r e f u t e r , ou du moins pour
afFoiblir la fécondé raifon de Monfieur
Chardin , puifque fi les anciens
Perfes n'ont pas été Idolât
r e s , il s'enfuit que les figures de
l'efialier ne fauroient être chargées
des chofes dont les véritables P a / i s i
f e fervoient dans leurs facrifices,
pour les porter à ce Temple prétendu.
Elles prouvent même le cont
r a i r e , de la maniéré que vous les
r e p r é f e n t e z , conformément à l ' h i f -
t o i r e & à la raifon. Au refte , je
ne dirai rien à l'égard des fautes
q u ' i l a commifes par rapport à ces
figures, puifque vous les avez fuffifamment
relevées, & que perfonne
n'en faurqit mieux juger que
vous. Les Hiftoriens vous favorifent
auiîi , puis qu'ils nient tous
que les anciens Perfes aient facrifié
des creatures humaines, comme fai-
T O M . II.
W L. I. ( (b) L. XJ. pag. m- 513,
L E LE B R U f i . i^sl
foient les Maffagetes, felon Herodo-,
te ( a j , & Strabon(b)-. Si ces mê-'
mes Auteurs n'auroient ailiirémenc
pas manqué de le d i r e , au cas que
les Perfes l'euffent f a i t comme eux.
Qtiant aux figures, que Monfieur
Chardin reprelènte p o r t a n t des jambes
humaines , vous avez ; ce me
femble, faffifamment p r o u v é , c[ue
c'eft une pure imagination , outre
q u ' i l efl: impoflible que cela f o i t,
le tout bien confiderè. On peut
encore moins concevoir que les fécondes
figures de chaque bande,
que la premiere mene par la main,
foient deftinées à fervir de victimes,
puis qu'il s'en t r o u v e , qui
ont une machine au c ô t é g a u c h e,
q u ' i l nomme un étui d'arc , à la
pag. 69 : mais il y a bien p k i s d ' a p . Tom.IlI.
p a r e n c e , que c'eft un Gerra, ou 5é®rÈ°d!'
bouclier de cordes & de cuir , qiiein4.
les Perfes portoient au côté gauc
h e , & un poignard fur la hanche
droite , comme le marque Hérodote
(c) , en parlant des armes des
anciens Perfes. Les 58. & 59.
planches de Monfieur Chardin en
font foi , puis qu'on voit ce bouclier
dans la p r e m i e r e , où Içsfigu-
•es paroilTent à gauche, & particulièrement
à celle qui eil marquée
de la l e t t r e 0 , & le p o i g n a r d à celles
q u i font à la fécondé , où elles
font tournées à droite , habillées
comme les précédentes , dont le
poignard ne paroit pas ; mais on
•oit les deux bouts de l ' é t u i des
autres : or il me femble, q u ' i l n'eft
guère naturel de conduire des vie -
times à l'autel , le bouclier Se le
poignard au côté. On voit de plus,
au même num. 58. de ce Chevalier
, une pcrfonne de d i f t i n f t i o n,
marquée A. laquelle en conduit une
autre la Tiare fur la t ê t e , dont
le vêtement refiemble à celui d'un
Mage , ou de quelque prêtre : &
c e p e n d a n t , felon Monfieur C W -
din, cette figure doit fervir de victime
, chofe afi'ez extraordinaire.
Celle qui eft marquée R . au même
num. Se les 4, fùivantes , ont uni
inflrument à la main , qu'il nom-
N n n me,
(c) L. VII. c. fit.