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V O Y A G E S
1 f o n t aucune difficulté de couper les
i.Mii. oreilles , le nez & même la gorge
de leurs percs , lors que le K.oi le
requiert 3 pour obtenir les charges
qu'ils pofledenti chofe dont il y a
plufieurs exemples. En un mot,
comme lafortune de ce premier Miniilre
depend uniquement de la volonté
d'un Frince incpnilant, qui
fuit aveuglément les mouvemens de
fes paffions , fans avoir égard à la
raifon y il ignore fouvent la veille
le malheur dont il eft accablé le
lendemain. De plus,quoi qu'ilfoit
le premier Miniftre & le plus grand
Seigneur de l ' E t a t , il ne laiffe pas
d'être en même tems le plus grand
de tous les efclaves; n'aiant aucun
repos, 5c craignant toujours de perdre
les bonnes graces de fon Maître.
Cependant il ne fauroit plaire
à tout le monde , & il eft refponfable
de tous les malheurs qui arrivent
à l'Etat,
Chef des Celui qui le fuit eft le Koertfie basdTesI''
i'' o" bachi, c'eft-à-dire, le General
des Courtches. C'eft un corps
qu'on tire des 'Turcomans ou Tartares
originaires, vieille race de bons
foldats,qui vivent entr'eux cnpaftres
ou bergers à la campagne, fous
des tentes,avec leur bétail,difperfez
par toute la Ferfe, fans fe mêler
avec les autres. Ils fervent à
cheval, & font armés d'arcs & de
fléchés.
Chef ies On compte après celui-ci le Couefclavcs,
Ur-jîgafa, ou General des efclaves
GeorgienSi & autres efclaves blancs,
qui font armés comme les précedens
d'arcs & de fléchés , établis
fous le regne i'Abas le Grand,
Enfuite le Tufingtchi-jigafi, ou
General du corps des moufquetaires
, qu'on choiiit à la campagne
parmi les gens les plus laborieux &
les plus robuftes. Ils fervent à cheval
en campagne, comme nos dragons,
6c combattent à pied, Ce corps
fut ausfi établi p a r ^ t e l e Grand,
Chef des Ces trois Generaux-là étoient aumoiif
trefois commandez par un Sethah-
• • " « " " ' • t e r , ou chef fixe : mais ils ne le
font aujourd'hui que par un Serdaer,
OU chef établi pour uneexpedition,
après laquelle il eft conge-
d i é ,
& recompenfé de ce fervice
cxtraord
»rHin.ire
Après ceux-ci vient \tNazir^ow Grand
grand Surintendant de la Maifon du Surinten-;
K-oij Se chef des gardes-hôtes.
Celui-ci a.{oushnleMiersjichaer- Grand
¿>asjei ou grand Veneur j 6c le Miraibor
basje 3 ou grand Ecuyer. Ecuyer.
On compte ausfi entre les princi- chef du
paux Officiers de l'Etat hDtwaenbegie,
ou chef du Confeil d e j u f t i - «.
ce j qui juge en dernier reflbrt de
toutes les caufes civiles & criminelles
, à l'exception des difputes de
petite confequence dont juge le
Deroga du lieu où elles arrivent.
'L^MtiJIausjeElmemalick^on maî- Maître
tre des comptes 6c des finances,où compte»;
il y a une chambre pour l'enregî- '
trement des troupes Perfanes , de
certains officiers j & des gouvernemens
que les Beg lerbegs, les Chans 6c
ItsSultms poiTedent pour l'entretien
de leur maifon & de leur dignité:
mais'en échange ils font obligez
d'entretenir un certain nombre de
troupes, & de payer tous les ans au
R.oi une fomme d'argent à laquelle
ils font taxez j outre que ce Prince
s'en referve ausfi une certaine partie.
Le Mupphie ou chef des cham- chef des
bres des comptes & des finances, où Chaml'on
enregître les comptes des Sei-comptes;
gneuries, qui appartiennent particulierementàfaMajefté,
Ôcdes autres
revenus, quifervencpour l'entretien
de la Cour.
Le yacka Nuviez, ou l'écrivain
des chofcs cafuelles, qui tient un
journal de tout ce qui fe paiîe dans le
Royaume ôc dans les Provinces voiiînes.
'LesNumefisjum-hasjeSyOw premiers Medecins
medecins du R o i , qui font en grande ^^
eftime auprès de ce Prince, & qui regloient
autrefois fa conduite en plufieurs
chofes j mais dont l'autorité
eit fort diminuée à préfent. Tous ces
Officiers-là ont droit de feance au
Palais Royal. Le principal de ceux
qui n'ont point ce privilege eft le
Sjs-jck-agaji.basje, chef des portiers. Chef dn
ou grand maître de la Cour, qui a
l'infpedtion du Palais, Se y regicle
rang. Ce Seigneur a d'ordinaire un
gros
bclan.
DE
gros bâton d'or, garni de diamans
i. Mai. a la main j 6c a continuellement les
yeux attachez fur le R o i , pour y découvrir
fa volonté. 11 execute en
perfonne fes ordres dans les lieux où
life trouve, 6c les fait executer par
fcs Tafaouls ou huisfiers, lorsqu'ils
Iniroduc-s'écendent plus loin. C'eft luiausfi
conduit les Miniftres étrangers
étrangers, au près du Roi, les prenant fous le
brasj & qui les reconduit enfuite à
l'endroit où ils doivent s'aiTeoir, lors
qu'on leur permet de le faire.
Le Megter, ou grjind Chambelán,
qui ne s'asfiedpasnonplusàla
Cour. Ce Seigneur a une bourfe à
fon côté, dans laquelle il y a quelques
mouchoirs , une montre, du
contre^poifon 6c des herbes pour faire
dormir, à l'ufage du Roi. 11 aaufli
la difpofition des habits que ce
Prince porte ordinairement. C'eft
prefqne toujours un Eunuque, parce
qu'il accompagne fouvent le Roi
au ferrail, ou Haram , ce qui lui
donne beaucoup de credit & d'autorité.
Il ne faut pas oublier les Beglerbegs,
c'eft-à-dire en Turc, Seigneurs
des Seigneurs, qui font G(
neurs des grandes Provinces ou Pais
d^Etaî. Ceux-ci ont communément
fous eux des Chaans ou des Sultan.
& confument le principal revenu de
leurs Provinces , n'en donnant au
Roi qu'une petite partie en prefens;
outre qu'ils font obligez d'entretenir
un certain nombre de troupes.
Au refte ils font comme de petits
Rois dans leurs Provinces, à la referve
de l'obeïlTance qu'ils doivent
à fa Majcfté. Il y a 15. ou ló. de
ces BcgUrbegs dans cet Empire, 8c
cette charge eft fi confiderable,que
ceux qui en font revêms ont rang
au Palais Royal, immédiatement
après le Toefenikji Agaf^ côté,
êc le Nazir de l'autre , devant le
JvIien-Sjikaer-baJie i ou le grand
Veneur.
& Les Chaans Se les Sultans , qui
• font auiïl des Gouverneurs de Provinces,
ne different guère àtsBeg-
Urhegs , 6c le Chaan a fimplement
le rang au-deiTus du Siàtan. lis
jouïilènt aufli du revenu des terres
Éegle
Chaa
Sulta
C O R N E I L L E LE B R U N . 20;)
qui font fous leur département, & 1704-
font obligez d'entretenir uncertain i-M"-
nombre de troupes j 6c de fairedes
prefens au Roi^ outre qu'il y en a
qui font dépendans des Begkrbegs.
Les Dervaßes j font les Gouverneurs
des Pats de Domaine yCiúiioni^^^'
deftinez pour l'entretien de la Cour,
& de certaines troupes , & ils ont
l'infpeaion des deniers,qui en pro^
viennent. Ceux-ci ont des appointemens,
ou une partie des revenus
de leur gouvernement, & ils
font des prefens au Roi comme les
autres.
Outre ces grands officiers desDerogaes.
Provinces, les fortereíTesácles villes
ont leurs Gouverneurs particuliers,
qu'on appelle Derogues. Ceux
des grandes villes, commeIfpahany
6ec. font auffi la charge de Lieutenans
civils criminels. Lors qu'ils
executent leur charge, ils n'ont aucun
égard aux perfonnes, &puniffent
indifféremment tous les délinquants
, 6c s'attribuent le profit des
amandes.
Les Calantaars , ou chefs decaíanla
populace, font les principaux""^*
Magiftrats des villages & des
bourgs ; mais leur autorité ne s'étend
que fur la populace dans les grandes
villes, & particulièrement à Ifpahan.
Ils en font proprement les protecteurs
6c défendent leurs caufes aux
tribunaux de juftice. C'eft eux, qui
font l'état des taxes ordinaires 6c
extraordinaires, qu'ils reglent felon
les moyens 6c la capacité des habitans
J 6c ils en font porter les deniers
dans les bureaux établis pour
cela.
Ceux-ci ont fous eux les Ked- Ked-chochodaes
i ou maîtres des quartiers,
qui executent leurs ordres, 6c proregent,
à peu près de la même maniere,
ceux, qui font fous leur direction,
6c font la college des taxes,
qui leur font impofées.
Les Chefs ou Magiftrats des pe-Chefs des
tits villages y ont la même autorité,
que les Calantaars exercent dan
les grands, 6c danslesboui'gs. On
les nomme Rajies, ou Regens.
La charge de Siagban/ar, oudesiagban
receveur des droits impofez fur fou- »
J t Douais
d tesnicrs.