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i í'í;
169,-. P"c« q u e l ' O t / ii'cftpasna-
I. Janv- vjgable, en cette l i i l b n , par Surgut
& NarHm,ic forte que les voyageurs
font obligez depafler par TomshiSc
Jemfesht pour fe rendre en J r i t r i e.
Ces Barabmfj, qui font une eipece
de Kdmilqtlts, payent tribut à
fa jMajefté Czariennc, & au Prince
Buftuchm. lis ont trois chefs ou
Taifchi, qui reçoivent les droits qui
leur font impofez, & font tenir au
Czar la part qui lui en eft due ; Ic
premier à la ville de Twa, le fécond
au château de Tdw^a, & le troifième
à celui de Kuleuba, le tout
en pelleteries. Cell: un peuple malin
& belliqueux, qui habite dans
des cabanes de bois, comme les îtf?-
t'arcs àtSyberie. Ilsnefefen'entpas
de fourneaux, mais de cheminees,
ou plutôt detuyaux, paroùilsfont
fortir la fumée, & qu'ils bouchent
lorfque le bois eft réduit en charbon,
pour en conferver la chaleur,
en fuite de quoi ils les r'ouvrent lors
qu'elle eft paifée.
Leur de- habitent dans des efpeces de
meure, villages, fous des huttes legeres en
é t é , &r en de bonnes cabanes de bois
en hyver. Le labourage eft en ufage
parmi eux, & ils fement de l'avoine
, de l ' o r g e , du farazin &c.
mais ils n'aiment pas le fegle : cependant
ils n'en refufentpaslepain
lors qu'on leur en prefente ; à la
vérité ils ne font que le mâcher af.
fez désagréablement, & à contrecoeur
, & le rejettent le plus fouvent.
Ils fe fervent au lieu de pain,
pain. d'orge mondé , qu'ils font griller
dans un chauderon de fer ardent,
jufques à ce qu'il foit dur comme
une pierre , & puis le mangent le
même jour. Ils font audi de la farine
de Sarana, ou d'oignons de lis
jaunes, dont ils font de la bouillie ;
& ils boivent une eau de vie diftiboiffon.
lée, faite de lait de cavale , qu'ils
nomment Kumis ; & du Karaza-,
qui eft un thé noir, que les Bolgures
leur apportent.
Ils n'ont point d'autres armes,
qu'un arc & des flèches, comme le
refte des Turtares. Leur bétail conlifte
en chevaux, en chameaux, en
Vaches £c en brebis, mais ils-n'ont
Loi
point de cochons. On trouve aufli 1695.
en ce pais-là toutes fortes de pellet
e r i e s , favoir des martes, des é-rie,
cureuils, des hermines, des renards
&c. 11 s'étend de Tora jufqu'à l'Oby,
& on n'y trouve point de montagnes,
mais il eft rempli de cedres,
de bouleaux, de lapins, & de bocages,
& entre-coupé de pluficurs
ruiffeaux, dont l'eau eft claire comme
du criftal. Ces gens-là s'habillent,
tant hommes que femmes, à
la mOLniereàtsKalrnuques, &illeur
eft permis d'avoir autant de femmes
, qu'ils en peuvent entretenir.
Lors qu'ils vont à lachafl-edansles
bois, ils y portent leur Saitan: Leur I
C'eft une image de bois, taillée fim- iole,
plement avec un couteau , & couverte
d'étofe de différentes couleurs,
à la maniere des femmes de
Ruße. Elle eft enfermée dans une
boete , qu'ils tranfportent dans un
traineau particulier , & lui oft'renc
les premices de leur chaffe fans d i f .
tinftion.
Lors qu'ils font une bonne chaf- Prefensà
fe, ils placent à leur retour , leur
idole dans l'endroit le plus élevé de
leur cabane , dans fa boëte , & la
couvrent des plus belles pelleteries,
en reconnoift'ance du bien qu'elle
leur a procuré, & les y laiifent pourrir
, étant perfuadez qu'ils commettroient
un faerilege en les étant, ou
en s'en fervant à d'autres ufages.
On trouve au-delà de VOby la Tomsville
de Tomskoi, place frontiere de toi,
faMajeftéCzarienne: c'eft une belle
& grande ville, bien fortifiée, 6c
pourvue d'une bonne garnifon de
Ruffiens & deCofaques, pour s'oppofer
aux courfes & aux incurfions
des Tartara de Syberie. Il s'y trouve
aufli dans un desfauxbourgs,au.
delà de la riviere , un grand nombre
de Tartara Buchares, tributaires
de ce Prince. Cette ville eft
fituée fur la riviere de Tom , qui
a fa fource dans le pais des&ZwKques.
Il s'y fait un grand commet- Negoee ä
ce à la Chine, par les fiijets du chine.
áeBufuchtu, & par les Buchares,
parmi lefquels fe mêlent quelques
marchands Rußens. On fait ce
voyage en trois mois, & on en revient
D E C O R N E I L L E LE B R U N . 139
mepe
'il fai
le des Kalmuques, &• ils parlent auffi
celle des Tartares de la Crtmée,
que les Turcs entendent.
De Krafmjar , en defcendant la
jufqu'à Jemfeskoi,\e pais eft
habité par des Tungufes & des Burattes.
Le château 4'Ilmskoi eft fur
la frontier,
Pojas,àoi
feshi&ch^
place, frc
pas grandi
1695. de même j mais avec
ï.Janv. ne inexprimable , parce q
tout tranfporter fur des chameaux
jufques au bois & à l'eau, en quel
ques endroits. 11 faut traverfer h
pais des Kalmuques, & pan"eràii:ii
koton ville Ae\i Chine, hors de l ' en
: muraille, JVIais
X RuJJiens, & à
angeres de faire
que ce pais eft
qui pillent tous
oms, qu'ils
Pli! de
Kirgifes
ceinte de la gn
il eft impoflibl
d'autres nation
ce voyage, p;
rempli de vole
ceux qui y paffent à m
ne foient bien accompagnez.
De Tomskoi, en defcendant la riviere,
le pais eft abfolument defert,
jufques à la ville de Jenifeskoi,VLm,
rempli de bocages. 11 en eft de
même entre les deux rivieres de Kia
& de Zulim, jufques aux villes de
Kufneskoi & de Krafnajar, où le pais
n'eft habité que fur les frontières,
jointes à celles des Kirgifes, fous la
domination du Chan de Bufuchtu.
La ville de Krafnajar eft une forterelfe
, qui a une bonne garnifon
de Cofaques , fujets de fa Majefté
Czarienne , pour s'oppofer aux
courfes & aux incurfions des Ktrgifes.
Aufli y t i e n t - o n toujours au
grand marché, devant le palais du
Gouverneur, vingt maîtres bien armez,
dont les chevaux font fellez
jour & nuit. Car bien que l e s & -
gifes foient en paix avec les Syberitns,
on nes'yfiepas, parcequ'ils
enlèvent fouvent, par furprife, les
habitans & les chevaux , qui font
aux environs de cette v i l l e . Sedans
les villages. Mais les Cofaques leur
169?.
, Janv.
Tungofei
8t Burat-
'' des Mongales, contre le
It on a parlé, entre JeniiWedeSelinginskoi.
Cette
ntiere des Mongales, n'eft
:, mais elle a une bonne
, prefque toute compofée
de cavalerie, pour défendre la par-
- occidentale du pais des Mongales,
des Mirotty, Mily & Burattes,
Tartares qui en dépendent. Il croît
efpece de bois de Santal d'une
dureté extraordinaire, aux environs
de cette ville. íes Burattes.
fous la proteftion de fa
Czarienne , demeuroient
IX environs de Selinginskoi.
puis qu'ils ont commencé
,quifoM
Majefté
autrefois
mais'deà
f e jo
IX Mongales , à l'inftigatio
des Ch,
les;
environs du la
les montagnes ,
tribut à ce Prin
ufure le
;re.
. fud-
& de
l :
font fouvent payer ave_
mal qu'ils font de cette mi
•oi, Ces Kirgifes s'étendent
eft jufques au pais d
nation belliqueufe , robuft<
grande taille, large de vifagc
prochant fort des Kalmuques
»'-font armez d'arcs & de fléchés, &
ne font point de courfes fans avoir
de belles cottes de maille & de bonnes
lances , dont ils laiflent trainer
la pointe prefque jufques en terre,
lors qu'ils font à cheval. Ils demeurent
la plupart dans les montagnes,
où l'on ne fauroit les furprendre.
Leur langue ne diffère guère de cel-
11 y a une montagne
de cette ville au nord,
lac de Baikal, où l'on
de belles martes zibehj
très pelleter
lies contie
di
ifplante
; de Baïkal,
& ils payent
:e en pelletéqui
s'étend
jufques au
trouve auffi
les & d'ailes.
Le païs des Monit
toute l'étendue qui
de Kologol iVe&i
jufqu'au grand defert; delà jufqu'au
de Mongol, norami Dway,&c au
païs d'Argum, & enfuite au nord,
oueft jufques aux rivieres d'0«o» &
de S M : Ils vivent fous trois chefs,
frétés, dont le premier nommé & f -
tugt eft auffi grand Prêtre de la N a -
tion. Le fécond fe nomme yízí'ra-
SanuChan, & vit en parfaite i n t e l . S « £
iigence avec le premier ; mais le
I troifiéme appellé EUB , dont les
frontières s'étendent jufqu'au païs
des Tartares occidentaux, fait des
courfes continuelles , vole & pille
jufqu'à la muraille de la C t o , fans
épargner les préfens que l'Empereur
de la Chine envoye tous lee ans
aux Tartares d'alentour , pour les
encourager à lui être fidelles. Les
S 3 deux