' i l
1693.
I I . Fevr.
T a i f c h a»
o u Sei-
Mongale.
Safceur;
leligieufe
Mongale.
122 V O Y
mens de terre en ces'quartiers-là en
automne, mais ils ne font point de
mal. Monfieur l'Envoyé y trouva
un Taifcha ou Seigneur Mongale i
qui s'étoit mis fous la protection
de leurs Majeftez Czariennes , &
avoit embr^é la foi Chrétienne
Creqne.
Ce Seigneur j.voit unefoeur Religieufe,
à la maniéré des Mongoles ^
Laquelle avoit auiîl du penchant à
A G E S
embraiTer la foi Chrétienne. Lors
qu'on lui en parloit , elle difoit n. "FeTr.
qu'elle voioit bien qu'il falloit que
le Dieu des Chrétiens fût un Dieu
très-puiiîant,puis qu'il avoit chaffé
le leur du paradis: qu'il ne laif-Sacroïan»-
feroit pas d'y retourner j mais qu'il"-
; en feroit chafle une fécondé fois.
•Lors que ces Religieufes entrent
j dans une chambre, elles ne faluent
I perfonne, contre la coutume des
Mongales, leur ordre lie le permettant
pas. Elle avoit un chapelet à
la main, qu'elle tournoit inceiTamnient
entre les doigts, & elle étoit
Lama QU ^^^^mpagnée d'un Lama ou prêtre
p r e t r e Mongde , tenant pareillement un
Mongale. chapelet à la fienne, à la maniéré
àtsMongales^ àQsKalmuqueSj\Q(\\ié[
il tournoit comme elle, en remuant
continuellement les levres, comme
une perfonne qui prie tout bas. Il
s'étoit ufé le pouce j l'ongle &: la
jointure des doigts à force de tourner
fon chapelet, & n'y avoit plus
aucun fentiment.
Monfieur l'Envoyé s'étant repo- ^^
fé quelque tems ijehitskoi en par- jekuts- ^
tit le 'premier jour de Mars en trai- koi.
neau, & traverfa le pais, jufques
au lac de Baikal où il arriva le dixième
^ & le trouva encore tout gelé.
Après l'avoir traverfé , il entra ^^^ ^^
dans le païs de Katania. Ce lac a BaLusc
environ fix lieues Allemagne d e f a d e f c r i p -
large, & 40. de long, & la glace
y avoit deux aunes de Hollande
d'épaiiTeur. Il ne laiffe pas d'être
très-dangereux, lors qu'on s'y trouve
furpris de la neige Se d'un grand
vent. Il faut avoir foin fur toute
cho-
DE C O R N E I L L E LE B R U N . 113
chofe de faire bien ferrer les che-
10. Mars, vaux à la glace, parce qu'elle eft
fort unie & fort gliifantejôc que la
neige ne s'y arrête jamais à caufe du
Accidens ^^ ^'Y trouve aulîî de grands
cauféspar trous, fort dangereux pour les voyace
d i " ' ^^ violent,
vents. que les chevaux ne font pas bien
ferrés, dans lefquels on eftfouvent
entrainé. La glace s'y ouvre auili
quelquefois par la violence du vent,
avec un bruit qui reiTemble à celui
du tonnerre j mais elle n'eft pas
long-tems fans fe rejoindre Scferefferrer.
11 faut que les chameaux & les
m e n t o n boeufs j dont on fe pourvoit pour le
ce ^^ ^^ Chine , traverfent ce
auxcha- hc cn vcu'int de Jekutskoi. On met
m e a u x & p o u r cela, aux premiers, des botboeufs.
tes bien ferrées à la glace, &c des
fers bien aigus à la corne des pieds
des autres, fans quoi ils ne pourroient
fe foutenir fur cette glace
imie. Au refte l'eau de ce lac eft
fort douce, quoi que de loin elle
paroiiTe auiTi verte & auffi claire
que celle de l'océan. On voit beaucoup
de chiens marins dans les ouvertures
de cette glace , lefquels
font noirs, au lieu que ceux de la
mer blanche font de couleur mêlée.
Ce lac eft rempli de poiflfon 6c fur
tout d'éturgeon & de brochet, dont
il s'en trouve qui péfent jufques à
Sortie de 200. livres d'Allemagne.L'unique rice
lac, viere, qui fort de ce lac, eft l'Angara^
laquelle coule au nord-nord-oueft :
mais il s'y en décharge quelquesunesjdont
la principale eft la Silinga, 1695.
qui a fa fource au fud,dans le païs des 10. Mars;
Mongales i ouue quelques ruiifeaux
ou fources qui tombent des rochers.
Il s'y trouve auiTi quelques liles.
Ses bords, & le pais d'allentour,
font habitez par des Bur ates y des
Mongales & des 0«¿¿7ííJ,&:produi-jjabitans
fent beaucoup de belles martes zibe- du rivage.
Unes noires, outre qu'on y prend
fouvent un animal nommé Kaberdîner.
Il eft à remarquer que lors qu'on Etrange
approche de ce lac , du côté du
monaftere de S. Nicolas, iltué à l'en- l'égard de
droit d'où en fort Y Angara y\es\\^- ^^
bitans du pais avertiiTent très-particulierement
ceux qui le doivent
traverfer, de fe donner bien garde
de le nommer Ofer , c'eft-àdire
eau dormante , mais lac , de
crainte d'y périr parla violence des
tempêtes, comme pluileurs autres
qui ont eu l'indifcretion de lui donner
le nom d'Ofer ; chofe qui parut
fort ridicule à Monfieur l'Envoyé,
qui le traverfa, en le nommant
ainfi, fans fe mettre en peine
de leur prediction. Il arriva même
par un très-beau tems au château de^^^®''"
Katania j premiere fortereíTe de l a t a n i a . '
province de Datirie, en plaignant
la fuperftition de ces pauvres peuples
, qui craignent la colere des
élemenSjau lieu de mettre leur confiance
en Dieu, qui eft le créateur
& le maître du monde , & auquel
les vents & les élemens obeiiTent.
C h a p i t r e XXV.
Départ de Katania. Arrivée a Udinskoi. Defcription de cette
ville é'c. Départ du¿insV.o\. Arrivée a la forterejje ¿/^Jarauna.
Defcription du peuple de ce pais-la. Arrivée a Nerzinskoi.
Dtfcription de cette ville ^ & des hahitans i alentour.
Arrivée a Argunskoi, dmnere for ter effe du Czar du côté de
la Chine : f a fituation.
l'Envoyé repartit le
Départ de
MOnfieur Katania lendemain du château de
grand bourg diliinskoi ou de Boifoi
Saimkaj dont la plupart deshabitans
font RuJJiens, qui s'applica
2 quenc