D E C O R N E I L L E LE ;B R U N.
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1701. nous eûmes un grand brouillard &
»T-.A'oût. de lapluie. Sur les 8.heures nous
rencontrâmes un vaiffeau, parti de
Hambourg le 30, Juillet, allant à
Archangel. Le brouillard continuoit
toûjours, & nous empéclioit de voir
la terre, qui étoit à côté de nous ;
mais le ciel s'étant éclairci, nous
Tapperçûmes enfin. Avançant toû-
^ jours, nous nous trouvâmes à la hau-
"teitr du 70. degré, 36. minutes de
latitude, proche de la rerre de Lofpe,
•&• d'une haute montagne pierreufe, '
au Sud-Ell de nous. Il s'y trouva
un ViiiíreauÍT-«»f«í,dont le Patron
yint à notre bord. Comme il ne parloir
q u e i ï M p i j , Se qu'il n'y avoit
que moi fur le vaiileau qui l'entend
i t , jeiervisd'interprete. Il nous
dit qu'il y avoit cinq mois, qu'il
étoit parti de Bajonne, pour aller en
Groenlmde, d'où il s'en retournoit
chez lui, après avoir pris neuf baleines,
la derniere à 4. ou 5. lieues
de l'endroit, 0Í1 nous étions, & qu'il
efperoit d'en trouver encore fur cette
côte , oiiil nous demanda fi nous
n'en avions point apperçû. Notre
pdote lui aiant fait quelques hon-
Emiige nctetez, il ajouta qu'une des baleibjicinc.
nés, qu'il avoit prifes , avoit des
dents de cinq pouces de long, au
lieu de côtes ; qu'il avoit rempli
•32. tonneaux de fon lard, & 7. &
demi du fel, qu'elle avoit fur le derrière
du col. 11 nous affura, que ce
n'étoitpasla premiere fois, qu'il en
avoit trouvé de femblables ; qu'on
rafinoit ce fel à Bayonne , pour le
tranfporter enfuite , dans les païs
étrangers : Qii'il avoit une vertu
admirable pour éclaircir le teint des
femmes, & leur donner un certain
airdejeuneffcjque c'étoitun remede
excellent pour pluficurs maux,
& qu'on en tiroir bien de l'aro-ent.
11 voulut nous perfuadcraufl;,°que
les Bnfquis étoicnt les premiers, qui
avoient entrepris le voyage de la
Groenlmde. iN ous rencontrâmes plufieurs^
autres vailfeaux en ce quartier
là , & continuâmes notre route
lur le foir, le tems étant toujours
fort variable. Le vintiéme , nous
parvinmes, furies huit heures du
matin, à 6. ou 7. lieues des côtes
Sonfcl.
de 1 Me de Lofpe, que nousavions lyoi
au Sud-Eft, ians la voir, par-M.Aok
ce que l'air etoit fort couvert &c ntbuleux.
Le TOKi-le brouil-•
lard fut fi épais, que nous avions
de la peine à voir d'un bout du '
vaiffeau à l'autre. Le vm-crnqrné.
me nous nous trouvâmes à la hauteur
du 72. degré, 24. minutes, &
il furvint un calme fur le foir, avec
lin grand brouillard la nuit, pendant
l'obfcuriré de laquelle, un
matelot prit un grand faucon, qui Prii'ed'ufl
s'étoit venu-percher fur notre navire;
mais il ne voulut jamais manger.
Le brouillard & la pluie continuant
toujours , nous n'aperçûmes
la terre que le mnt-huititme.
Lors que nous parvhimcs au nord
de Lamhaskii, le tems fe mit au
beau , avec un vent favorable au
Sud-Sud-Ouëft, dont nous eûmes
bien de là joye , parce que nous
n'aurions ofé en profiter, fi le brouillard
eut continué , de crainte de
donner contre terre. Celle que nous
avions à droite étoit la côte de la
Laponie Mofcovite, communément•J»
nommée , côte ferme de Liifonie.
Elle contient une chaîne de montagnes,
qui ne font pas trop élevées,
& à peu près d'une hauteur égale
fur le rivage , dont la couleur eft
rouffàrre & le terrain fterile. On
découvre de la neige en plufieurs
endroits de ces montagnes, laquelle
s'entalTe dans des creux où elle ne
fond pas. Un calme nous aiant furpris
le •vint-neuvieme, nous msuillâmes
pour ne pas reculer. Mais un
petit vent d'Eft s'étant élevé peu
L'ine de
Loppe.
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après, nous pourfuivîmes notre route
au Sud-Eft & nous approchâmes
de la terre, aiant plufieurs
vaifieaux en vue. Le trentiémi
nous entrâmes dans la Mer blanche,
dont les eaux font plus claires
que celles de l'Océan qui
font verdâtres & afl'ez brunes, en
approchant delà RuJJle, à caufedesi
rivieres qui s'y viennent décharger.
Après avoir pafle à côté des
inontagnes , nous trouvâmes imc
côte plus unie , & en partie couverte
debois-taillis, environ à une
lieuë de diftance. Sur leshuit heu-
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