t f , I .
296 V O Y A G E S
1 - 0 5 . l a faftion des Hejderes , & 17.'
1-3. jsnv. des Mnrfwict-ollacy. 11 y a environ
700. families Jmnjes ^ fore pauvres,
qui habiccnc un quartier parciculier,
6c q u i font vignerons. 11 s'en trouv
e cependant qui travaillent aux étofes
d'or ¿c de foye. On pretend
qu'ils font deicendus des anciens
Juifs qui furent tranfportez de Jérnjalem
à Babyione^y & vinrent enfuite
habiter en Perfe. Qiiant aux
Indiens il y en avoirenvironunmillier
en cette ville , qui fubfiilent
du change de l'or & de l'argent
Petit de l'ufure: mais le nombre des£;/-
norabre o i , i
d'Euro- '''opeans y elt peu coniiderable ; les
peans. principaux font deux CarmeSjdont
l e premier eft Milanais y & fe nomme
Pedro d'Alcantere de Sante Terefe
3 galant homme, avec lequel j'ai
paile de fort agrcables momens.
L ' a u t r e eft un Poionois, âgé de 73.
ans, dont il en a pafle iJ.tnPerfe,
_ o ù il a été trois fois : celui-ci fe
nomme SUdiJln^'s. Il y a outre cela
un certain Frmcifco^ Italien, c]i\i
apprête les vins de la Compagnie
Angloife, & wnPortugais, qui trav
a i l l e à ceux que fes compatriotes
envoyent tous les ans de Ganiron
aux Îndes.
Mfcliins • La plupart des bâcimens de cette
bàtimins. yiWç tombent en ruine , & les rues
en font fi étroites èc fi fales, qu'on
a peine à y pafTer en tems de pluie.
Ï I y a plufieurs endroits, où i l f a ut
f e courber pour aller fous les arcades
qui font devant les m a i f o n s ,&
principalement dans le quartier des
Juifs. Les rues y fentent auffî trèsmauvais
à caufe du grand nombre
des aifemens , qui font en dehors.
C e l a fait que l'air y eft fort mal
f a i n , & que la meilleure partie des
habitans y font fort défaits & fort
maigres. Les Europeans même y
font fujets en été à une certaine maladie,
qui les emporte f o u v e n t j &
les cimetieres y font expofez aux
Jakah ou chiens fauvages , engendrez
d'un chien & d'un renard, lefquels
y commettent fouvent de
grands desordres, font pendant
Paanteur
des rues.
A i r mal
fain.
Hurle- la nuit, des hurlemens a f f r e u x , q ui
;ji5j^^"-reiremblent aiTez à la v o i x humai-
Les cyprès font le principal or-1705.
nement de cette ville j aulll n'enai- 23- Janv.
j e jamais vû de fi beaux , ni en fi p'^" ^y*
grand nombre , en aucun autre endroit.
II y a même plufieurs grands
jardins hors de la v i l l e , qui en font
remplis, aulli-bien quclesavenues,
où l'on a pris foin de les planter
rrès-regulierement. On voit à uneT^j^-
demi l i e u è d e l à , au nord, dans les idéaux de
montagnes, plufieurs édifices ou^'*'""'
tombeaux de Saints. Le nom du
plus confiderable (^'^Baba-Koej ^ow
le St. de la montagne, lieu où il avoit
demeuré long-tcms dans une
grande folitudc. Les Perfes
ont une devotion toute particulière
pour ce lieu-là, & s'y rendent
tous les jours. Ces tombeaux
ont plufieurs appartemens 3 & il y
a une cour dans celui qui eft le
moins avancé , avec une fontaine
entourée de cyprès, & d'autres arbres,
parmi lefquels j'en ai trouvé,
dont la tige avoit 30. paumes d'épaiiTeur.
On fe rend de ce tombeaul
à , à un autre plus élevé , par un
efcalier de 62. marches, élevées de
2. à 3. pouces, 6c fur le haut on en
trouve cinq autres, couvertes d'un
petit dome , fous lequel repofe le
Solitaire.
J'avois choifi cet e n d r o i t , pour
y faire le plan de la v i l l e , mais il fît
trop mauvais tems ce jour-là. On
trouve au pied de la montagne, fur
un petit rocher, les ruines d'un j o l i Joli édi'
é d i f i c e , avec un grand balîîn fans^'^'^*
eau, un grand jardin rempli de
cyprès &: d'autres arbres,avec de belles
allées plantées au niveau -, & au
bout de celle du milieu, les ruines
d'un autre é d i f i c e , quirepondoitau
premier: ce jardin étoit ceint d'une
muraille de terre, mais en f r i c h e en
ce tems-là, fans que perfonne en prît
foin. Ce joli lieu fe nomme Fer- Ruine
rodôin> ou le paradis ; il y a 200. Jj^jg'®^'
ans qu'il étoit habité par un certain
fLoiappellé TTizriZj'w. O n voit auili
à une demi lieuë delà v i l l e , les ruines
de l'ancienne forterefle de Kallaey
Faîidus. J'y g r i m p a i , à r e f t , a -
v e c bien de la peine , ôr y trouvai
quelque debns d'un mur fur le rocher
5 compofé de petites pierres
bien
D E C O R N E I L L E LE B R U N .
bien cimentées , d'un ciment aufll
ij.'janvldur que le rocher même. Cette forterefle
avoit une bonne demi lieue
de tour , autant qu'on en peut juger
p a r l e p e u q u i e n r e f t e . 11 y avoit
une feconde muraille plus haut j &
comme le fommet d e l à montagne cft
rempli de monceaux de pierres , il
y a de l'apparence que c'étoit une
petite forterefle detachée de la premiere.
Le rocher de la montagne
forme aufli une efpece de mur à
l ' o u è f t , où l'on v o i t quelques pierres
. détachées d'un mur plus é l e v é , &
297
quelques debris d'une t o u r , à la
premiere muraille. On trouve en 23. jan'v»
cet endroit un chemin cfcarpé qui
conduit au fommet de la montagne,
& quelques reftesdu mur, joints à ia
t o u r , dont on vient de parler. J'en
fis le deflein-ci j o i n t , au fud-oueft,
où l ' on v o i t quelques pieces d'un bâtiment
fur le rocher, dont le milieu
5 qui eft prefentement feparé du
r e f t e , faifoit une des tours de la muraille.
En voici la repréfentation.
On voit un autre édifice demoli
dans la p l a i n e , & le tombeau d'un
K U I Î f X S D E I , A f OK.TEBJES S E . K A I J L A y J t j J - i m JS
Tom^, des premiers Poètes de k Perfe ^
nommé Siegzady^ qui vivoic il y
Perian. environ 400. ans & fit fiùre lui-même
ce tombeau, qui eft grand
bien bâti. 11 étoit Derviche & de
Zjieraes^ il refte encore une vingtaine
de livres Arabes de fa f a ç o n,
& deux Perfans. On trouve à côté
decetombeauun grand baiTm o£togone,
dont l'eau eft tiede & remplie
T o m . II.
de poiflbn. Ce baflîn eft entouré
d'une muraille bafle , & l'eau en
coùle du côté de la v i l l e par-deffous
un certain bâtiment, & forme
plufieurs autres fontaines ^ qui fe répandent
enfuite au travers des prairies
> mais i l n'eft pas permis de pren^
dre le poiflbn , qui paflTe d'une de
ces fontaines dans les autres. J ' y pris
cependant quelques écrevices. T o us
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