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V O Y A G E S
1705.
3i.Janv,
DE C O R N E I L L E LE
On trouve à un autre quart de lieuë
de diftance pluficurs arbres le long
d'une fource d'eau vive, la plus agréable
du monde, laquelle fore
d'un petit rocher, & des montagnes
voifines, & s'étend à l'eft, où elle
forme une petite riviere. Nous la
trouvâmes profonde de fix pieds en
quelques endroits , & remplie de
poiffon, que nous n'épargnâmes pas,
&dont nous dinàmes à l'ombre des
rochers & des arbres. Ce licu-là
fe nomme Kadamga , c'ell-à-dire,
itssT trouve fam y finger. Nous al.
Ks. lâmes voir , à une demi lieuë delà,
quelques figures taillées dans le roc,
divifé en trois tables : k premiere
en contenoit trois , dont l'une
avoit la main fur la garde d'une
grande épée : la feconde, un
homme avec quelque chofe de rond
fur la tête , & la 3. une figu-
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re mitrée , laquelle tient la main
^ fur la garde de fon épée com-
;me la premiere; mais elles font
fi defigurées qu'on a de la peine
à les diftinguer. On voit à côté
du rocher un petit étang ombragé
de fenez & de quelques autres arbres;
comme il paroitaunum. 179.
Nous revînmes à la ville au foleil
couchant.
Nous y trouvâmes trois marchands
François , qui venoient de
Gamron & alloient à Ifiahan. Ils '
partirent peu après avec les Anglois
dont on vient de parler. Quant à
moi, je reçus une lettre de Gawrm
le 17. Mars , par laquelle j'appris
qu'il y étoit arrivé un vaiffeau de
Batavia le 26. Fcvrier, fans qu'on
fût encore quand il devoit y retourner
; que notre Direfteur Mr. Kaftekin
avoit reçu fa demiilîon , & la
per-
1705. permifilon de retourner aux Indes ;
i;. Fcv. mais qu'il ne partiroit cependant
pas avant le mois d'Août. Cela me
lit prendre la refolution de retourner
à Ifiahan , ne voulant pas demeurer
à Gamron pendant les chaleurs
de l'été, la faifon la plus mal
fiine de l'année.
Je partis de Zjie-raes le vingtfixicme
MarSy croyant faire le voyage
feul ; mais j'eus le bonheur de
trouver encore à Sergocn\cs Anglois
Se les François , qui croient partis
avant moi. Nous traverfaines le
lendemain la plaine , qui étoit tellement
inondée qu'il fallut faire
aller les bêtes de fomme par un chemin
détourné. Nous arrivâmes fur
le midi à Mir-chas-koen, &• ne voulûmes
pas nous y arrêter, pour être
Retour à de bonne heure i Perfepolis , que
Pcrfcpo- ces Meilleurs vouloient voir. Je les
y accompagnai , & après avoir fatisfait
leur çuriofité , nous retour-
•nâmes au village, oit nous trouvâmes
nos équipages, & paiTâmes la
nuit. Nous pourfuivîmes notre chemin
le lendemain par NaxiRufian,
l'inondation ne nous permettant
pas de prendre la route ordinaire
Après en avoir vifité les tombeaux,
nous continuâmes notre voyage au
nord en côtoyant les montagnes ,
qui font à l'eft ; & paffàmes dans
un endroit où nous vîmes 25. trous
.taillez dans le roc, dont le plus
grand avoit environ 5. pieds de profondeur,
& autant de hauteur &
de largeur. Les autres étoient beaucoup
plus petits , & près à près,
fans qu'on pût juger à quoi cela avoit
fervi.
Nous trouvâmes un beau pais
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fon cavalier dans un foflë. Enfin ,170;;
après avoir employe bien du tenisKi. Man.
à les r'attrapjjer, & à ramaifer nos
armes & nos équipages répandus ça
& là dans la plaine, fins pouvoir
nous empêcher de rire de cette avanture
, nous continuâmes notre
route vers les montagnes , oii nous
trouvâmes encore plufieurs trous
dans les rochers , & une fortereife
démolie à gauche. Enfuite nous
traverlames une riviere, avançant
toujours dans la plaine à l'eft Se
arriv.îmcs à Majun avee la nuit,
après une traite de 9. lieues.
La pluie, qui furvintfur le foir,
& continua toute la n u i t , nous obligea
d'y refter tout le matin. JMous
côtoyâmes enfuite la riviere , que
j'avois trouvée feche en venant, &
qui étoit alors remplie d'eau, & arrivâmes
fur les fix heures au Carava
afirai à'Imanfada, à quatre lieues
de l'endroit , oii nous avions paiTé
la nuit. Le lendemain nous avançâmes
jufqu'a celui d'Jed-loen, où
nous fîmes bonne chere des proviflons
que nous avions apportées,&
de bon poiiTon que nous y trouvâmes,
& parvînmes avec la nuit au
Caravanfirai A'Jles-faes après une
traite de 7. lieué's. Le vent étoit
au nord , & nous donnoit dans le
nez , de forte que je ne fâche pas
avoir fenci jamais plus de froid. Le
dernier jour du mois nous nous remîmes
en chemin , & arrivâmes à midi
au Caravanfirai démoli de Dombaeym,
oii il y avoit beaucoup d'eau
&du gibier à plume, dont nous fîmes
bonne provifion ; & fur les 4.
heures à celui de Kosliiefiar , après
une traite de 6. lieues. Il y a une
bien cultivé en ce quartier-là, rem-; coline dans le village, fur laquelle
pli de villages & de troupeaux de ' on prétend qu'il y avoit autrefois
moutons & de chevres , dont les une fortcreiîe 3 niais il 'n'y a que
jeunes étoient feparez des autres. ¡' des maifons à prefenc. Il me lem-
Comine nous defcendions foUr ble n'avoir jamais vû un lieu qui
vent de cheval pour chailer dans la relfemble plus à celui , dont parle
plaine, où paiiToient un grand nom-! l'Evangile felon St.Marc aui.chabre
de cavalles & d'autres chevaux, I pitre , où le paralytique fut intro-
3. ou 4. des nôtres fe mirent à cou- duit à Capernaum, dans la maifon
rit après elles , & nous eûmes même
bien de la peine à retenir ceux
fur Iciquels nous étions montez ,
dont il y en eut un qui renverfa
où étoit le Seigneur,"foutenu par
quatre perfonnes, lefquelles en aiant
découvert le toit l'y dcfcendirent
couché fur fon petit lit.
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