D E C O R N E I L L E LE
1695. pourvus d'arcs & de fleches,
io. Mai. 11 arrive même f o u v e n t q u ' i m e c i n -
Leurs demeures.
quantaine de ces gens-là donnent
la chiiiTe à 3; ow Tartar es Mongales.
Ceux d ' e n t r ' e u x , qui demeurent
proche de la villelubfiftent du
bétail i mais ceux q u i habitent fur
la Schilka & fur V Amur y vivent de
la chañe des martes zibelines, qui
y font d'une beauté extraordinaire
& très-noires.
Ils demeurent dans des cabanes 3
qu'ils nomment,y^/rííí, dont le dedans
efl fuit de perches jointes enfemble,
qu'ils peuvent tranfporter
facilement en changeant de lieu,
comme cela leur arrive fouvent.
Lors que ces perches font dreflees,
ils les couvrent de p e a u x , à l'exception
du trou par où fort la fumée;
& leur f o y e r , autourduquel
ils s'aiïeient fur du g a z o n , eft au mi-
Leur cul- lieu de la cabane. Leur culte eft
ce- femblable à celui des habitans de la
province de Daurie, dont ils prétendent
être d e f c e n d u s j 6c ne diff
é r é guere de celui du refte de la
T a r t a r k i jufques à la frontiere des
Habille- Mongales. Les femmes y font ro-
Srroes^es ^ ^^ vifage large comfemmes
me les hommes -, & lors qu'elles
& des fil- montent à c h e v a l , elles font armées
de même avec des arcs 8c des fleches,
dont elles fe fervent fort ad
r o i t e m e n t , ausfi bien que les jeunes
filles. Leurs habits ne différent
pas non plus de ceux des hommes,
comme il paroit par la taille-douce
ci jointe. L'eau eft leur boiiFon
o r d i n a i r c j c e p e n d a n t j c e u x qui ont
de quoi , boivent du thé , qu'ils
nomment Kara 't za ou thé noir
parce q u ' i l noircit l'eau au lieu de
la rendre verte. Ils le bouillent dans
du lait de cavale & un peu d'eau,
mêlée avec de lagraiiTeoudubeur-
Eau de ^^^ efpece d'eau
vie dim- de vie qu'ils nomment Kumen on
dïcîvÎk ' extraite du même lait de
' c a v a l e , qu'ils f o n t c h a u f e r , &puis
^^ le mettent dans un petit tonneau,
riere'de ^vec un peu de lait aigre, qu'ils
lafaii-e. remuent Une fois par heure : Après
q u ' i l a pafle la nuit de c e t t e manier
e , on le met dans un pot de terre
bien couvert & bien bouché avec
Certain
thé qu'ils
boivent.
B R U N . U7
de la p â t e j S c puis on le fait diftil-
1er f u r le f e u , comme parmi nous, 20. Mai.
en fe fervant d ' u n rofeau. Cela fe
f a i t à deux reprifes, avant q u e cett
e liqueur foit bonne à boire, &
enfiiife elle eft aulîl forte & auifi
claire que l'eau de v i e f a i t e de grain,
& elle faonje aulfi facilement. II
efl: à remarquer que les vaches de
la Sjherk, de la Daurk & même Pourquoi
de t o u t e la Tartarie,n<i veulentpas"^|j jé'
fe laiffer t r a i r e pendant qu'elles al-hit dec»-
laitent leurs veaux, & qu'elles ne
donnent point de lait dès qu'elles
ceiTent de les voir. Cela fait q u ' on
eft obligé de s'y fervir de lait de
cavale, qui eft beaucoup plusgras
& plus doux que celui de vache.
Ces Payens vont à la chaffe, & iis durfont
leur provifion de venaifon au f™"»
printems , comme les Bmtes-, &
la fechent de même aufoleil. Leur Lem'
pain fe fait d'une farine d'oignons pain,
de lis orangés fees, qu'ils nomment
Sur am, dont ils fe fervent à plufieurs
autres ufages. Ils tirent fort
adroitement les poiffons dans l ' e a u , Jj,™''''
à coups de flèche, à la diftance de '
15. à 16. braiTes. Comme ces fléchés
font pefantes, elles ne fervent q u 'à
t i r e r de gros brochets & des truites ,
qui nagent dans l'eau claire, vers
les bords & fur le g r a v i e r , lefquelles
elles fendent en d e u x , comme un
coup de hache , étant larges de
trois doits.
Voici une coutume abominable, Coutume
qui fe pratique parmi eux , lors
qu'ils font obligez de prêter fer- xLg"-
ment, pour fe difculper d'un cri-''"-
me dont ils font accufez. On ouvre
la veine à un chien , fous la
jambe du côté gauche, dont celui
qui doit prêter ce ferment, fucce le
f a n g , jufques à ce que cet animal
tombe mort par l'épuifement defes
veines. Monfieur' l ' E n v o y é en vit
un exemple à Nerzimkoi,3.Végatà
de deux Ttmgvfes, qui y é t o i e n t en
otage, felon la coutume,pour repondre
d e la fidélité des peuples répandus
d e c ô t é & d'autre dans la Sjberiet
lefquels viennent fe mettre fous la
p r o t e f t i o n de fa Majefté Czarienne.
L ' u n de ces Tiingufes accufa l'aut
r e d'avoir enforcelé quelques-uns
de
hM
\W
t!
M