l yo
13. Sep
i l . :
. qu'ils ont
pendant,
d'examine
& de voir
V o
Y A G E
Ce- du pié .
autour de la tête
comme j'étois curieux
r la nature de cet attelagej
mieux le mouvement de
ces animaux , je fis atteler deux
traineaux par ce Samoiede, & mettre
deux rennes à chacun. Nous
allâmes ainfi fur la glace, & traverfàmes
plufieurs fois la riviere :
Je fortis même du traineau pour
mieux obferver toute chofe, & en
faire une petite ébauche; & je trouvai
que le Samoiede n'avoit pas
bien ajufté celui qu'il avoit fait entrer
dans ma chambre. On en trouvera
la reprefentation au Num. 9.
ichc- J'obfervai fur cette riviere, que
IX s'enfuïoient à la vue des
les chev
teliti la rennes &: des Samoiedis, foit qu'ils
rmntr ^ traineaux ou
non. Cela arrive même dans la ville
j & fait voir la crainte qu'ils ont
de ces animaux & de ces gens-là.
courent avec une imperane
». tuofité, qui furpaffe celle des chevaux,
fans choifir un chemin battu,
& paffent également par tout oii on
les guide,levant la tête de maniere,
que les cornes leur touchent le dos.
Ils ne fuent jamais ; mais lorfqu'ils
font f a t i g u e z , la langue leur fort de
la bouche de côté , & quand ils
font fort échaufez ils haletent comme
des chiens. On fe fert; de trois
fortes de dards pour les^firendre.
Les premiers n'ont qu'une pointe
comme les dards ordinaires; les féconds
en ont deux:, & les autres
font fort aigus par devant, & reffemblent
à un coin, comme il paroit
au carquois marqué dans la
taille-douce. Ils les nomment Jlre-
U, & les Riifims Jierla , & un arc
loeck. Lors qu'ils vont à la chaffe
des écureuils , ils fe fervent d'un
autre dard, qu'ils nomment tomaer,
lequel eft émouflé par le bout, $c
relTemble affez à une poire de bois,
d'os ou de corne, pour les tuer fans
en entamer la peau ou la fourrure,
qui en diminueroit de prix. La
chaffe des rennes fe fait en hyver,
& on fe fert pour cela de patins de
bois^, d'environ huit pieds de long,
& d'un demi pié de large , qu'on
attache par le milieu fur la pointe
Manici
deles
prcndr
Dards
des Samoiede
ChalTc
des n
. fec une courroie , à laquelle
on en joint une autre , qui
entoure & ferre le talon. Les piés
armez de cette maniéré, ils paffent
par deffus la neige & fur les colines
avec une vîteffe incroyable. Ces patins
font doublés par deffous de peau
de piéd de renne , la fourrure en
dehors, pour les empêcher de g l i f.
fer en arriéré, & pouvoir s'arrêter
en montant les colines, Ils tiennent
a la main une houlette, garnie par
le bout d'une petite pele, avec laquelle
ils jettent de la neige aux
rennes qu'ils apperçoivent, pour
les faire aller du côté où ils ont
tendu des pieges pour les attraper,
lors qu'ils font trop éloignés pour
les atteindre de leurs dards. Il y a
à l'autre bout de cette houlette un
petit cercle d'environ quatre pouces
de diamètre, garni de petites
cordes enechiquier,dontils fe fervent
pour s'arrêter de tems en tems,
la pointe du bâton qui paffe au travers,
& un peu au delà de ce cercle
, s'enfonçant dans la neige où
le cercle s'arrête. Lors qu'ils ont:
chaffé leur proye dans les pieges
q u i l s leur tendent, où ils fe prennent
comme dans des filets, ils y
accourent & percent de coups ceux
qui ne peuvent s'en tirer. Enfuite
ils en vendent la peau, ou s'en
font habiller, comme il a été dit,
& fe repaiffent de leur chair. Ils né
tirent pas moins de profit de ceux
qu'ils élèvent & qui fontapprivoif
e z , en vendant une partie, & fe
fervant de l'autre pour tirer leurs
traîneaux en hyver. Lorfqu'un
malefauvage s'accouple avec une
tenielle appnvoifée , ils en tuent
le faon , parce que ces jeunes fe
fauvcnt dans les deferts au bout de
trois ou quatre jours. Mais ceux
quifont apprivoifez demeurent dans
les bois autour des cabanes ; & ils
favent les attirer en les appelant,6c
faire tomber dans les pieges
qu'ils leur tendent. Ces animaux N<
cherchent eux-mêmes leur nourriture,
qui eft une certaine mouiTe
blanche, qui croit dans les maréiges.
Ils favent la trouver quand
même elle feroit couverte d'une pique
1701.
l3-5ept,.
D E C O R N E I L L E LE
fert de
tement
l'huile. Il
q
B R U N .
1701. que de neige , qu'ils écartent de
15. Sept, leurs pieds jufques à ce qu'ils y
foicnt parvenus. C'efl: aullî prefque
leur unique nourriture, quoi qu'ils
puiil'cnt manger de l'herbe & du
f o i n , lorscju'ils n'ont point de
Defcrip. cette moufle. Ils refl^emblent affez
î c n n e i aux cerfs, mais ils font plus puiffans,
& ont les jambes plus courtes,
comme on peut voir par la taille
douce. Ils font prefque tous blanchâtres
, mais il s'en trouve de
gris; & ils ont fous les pieds une
ei'pece de corne noire. Leur bois
tombe & fe change tous les ans au
printems; & eft couvert d'une efpece
de peau velue, qui en tombe
à l'entrée de l'hyver. Au refte ces
animaux-là ne vivent d'ordinaire
Chaire que huit à neuf ans. Outre cette
a,«at.- ils en ont une autre par eau,
c'eft celle des chiens marins, qui
fe trouvent pendant les mois de
mars & d'avril dans la mer blanche,
& qu'on tient, qui s'y rendent
de la nouvelle Zemble, pour
y produire leurefpece. Ils s'accouplent
fur la glace où les Samoiedes
les attendent, vêtus de maniere
qu'ils ne reffemblent à rien moins
qu'à des créatures humaines, pour
les furprendre. Cela fe fait de cette
maniere. Ils s'avancent fur la
glace, qui s'étend quelquefois en
mer à une demi-lieuë de terre, armez
d'un bâton garni d'un harpon,
attaché à une corde d'environ douz
e braffes de long ; & au fli-tôt qu'ils
apperçoivent ces animaux, ils fe
gliffent fur le ventre , auffi près
d'eux qu'il eft poffible, dans le tems
qu'ils s'accouplent , & s'arrêtent
dès qu'ils trouvent qu'ils s'apperf
oivent de leur mouvement. Enfuite
ils s'en rapprochent encore, & lorfqu'ils
en font à portée ils leur lancent
leurs harpons,dont ces animaux
fe fentant atteints fe jettent à l'eau.
Alors le Samoiede tire la corde, qu'il
tientattachée à fa ceinture, jufques
à ce que l'animal bleffé n'en pouvant
plus tombe entre les mains. Quelquefois,
cetanimal,fefentantbleffé
par la douleur que lui caufe
l'eau falée, s'élance fur la glace,
où il eft pereé de coups. Sa chair
lourriture, & la peau de vê-1701.
au chaffeur, qui en vend 13. Sept,
trive cependant auffi, Danger
e ce chien marin percé s'élandans
l'eau avec tant de violence,
qu'il entraine après lui le pau-
're chaifeur , qui ne pouvant fe
débarraffer affez tôt de la corde,
qu'il a autour du corps, pent niiferablement.
Ils fe fervent à peu
près du même ftratagême pour
prendre des rennes , fe gliffant, '
couverts de leurs peaux , & fans
être reconnus, entre ceux qui font
ipprivoifez, puis s'approchantdes
fauvages, ils les percent de leurs
dards : iVIais il faut qu'ils fe tienlent
fous le vent , parce que ces
nimaux, qui ont l'odorat admirable,
ne manqueroient pas de les dé-
Tir lans cela, & ainfi ils parviennent
à leur but & font de bonles
prifes.
J'appris cela de la femme du
moiede, cjui accompagna fon mari,
lors que je fis fon portrait. C'étoic
la plus jolie & la plus agreable de
toutes celles que j'ai vues parmi
eux. Je tâchai au/fi de me mettre
bien dans fon efprit, pour apprendre
d'elle ce que je fouhaitois favoir.
Rien n'y contribua davantage qu'une
bonne provifion d'eau de vie
que j'avois, & dont les femmes de
ce pais-là fe faoulent comme les
hommes, jufqu'à tomber parterre.
Cela ne manqua pas auill d'arriver
à celle-ci , dont le mari penfa fe
pâmer de rire en la voiant. Elle fè
releva pourtant, & fe mit a pleurer
amèrement s'étant reffouvenuè"
:n ce moment, qu'elle n'avoit point
d'enfans, & qu'elle en avoit perdu
quatre, à ce que me dit lamaitreffe
de la maifon ; reflexions qu'on
fait quelquefois dans la boiffon.
Discourant un jour avec elle fur le
hapitre des enfans, elle m'apprit
leur maniéré de les enterrer , ou
d'en difpofcr après leur mort, laquelle
eft fort extraordinaire. Lors
qu'un enflint à la mammelle, où
lis les tiennent un an, vient àmoBrir
fans avoir goûté de viande, ils
l'enveloppent dans un drap & le
pendent à un arbre dans les bois,
B J Com