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7« V O Y A G E S
1703.
i l . Avril.
1703.
14. Avril.
C h a p i t r e XV.
Départ de Mofcou. Cours du Wolga. Defcriptlon des •villes é
places Jituées fur ce fleuve. Arrivée à Aftracan.
Kolom- T T allant au vaifleau je paffai
mcostc. par la ville de Kolommeiiske,
luuee à droite fur une éminence:
Elle a une belle apparence, un beau
monallere, une é g l i f e& deux tours.
On y entre- des deux cotés en tra- !
Verfant la riviere fur un radeau de
poutres jointes enfemble , de maniéré
qu'on en peut détacher une
p a r t i e , lors qu'il y a des vaiffeaux
à pailér , les rejoindre enfuite.
Je pafTai auili à côté de plufieurs
villages j dont là iituation eft ch;u:-
mante,fur une éminence à ¡adroit
e de la riviere. Sur le foir j'entrai
dans un bois, dont les arbres n'étoient
pas elevez, & fus quelques
heures à le traverfer,de forte qu'il
étoic t a rd lors que j'arrivai à Matsh
. J ' y appris, que les barques des
jirmemens n'étoient pas encore arrivées.
11 y avoir deux maifohs, Se
j'y paffai cependant la nuit dans une
grange à demi couverte , couché
fur la dure. Le vingt-troijïhm au
marin, mon compagnon de voyage
arriva avec quatre barques, & trois
autres Àrmeniim, qui alloient aufii
à Ifpahan; m'apprit, que le
vaiffeau fur lequel nous devions
nous embarquer, dans lequel il
avoir beaucoup de draps, s'étoit avancé
à 60. iZj'crjîes de là. Nous le
fuivimes par eau i & l'atteignîmes
à 10. heures du foir : mais comme
il étoit t a r d , & que tout étoit fans
deffus deffous, nous ne voulûmes
pas encore aller à bord, & campâmes
à terre, où nous fimes bon feu,
&: mangeâmes de bons brochets &
de bonnes perches, que nous avions
achettées en chemin de quelques
pêcheurs pour trois fols. J'écrivis
de là quelques lettres à mes amis
î Mofcou, Se en Hollande, Se nous
nous embarquâmes le vingt-quatrième
fur les 10. heures du matin. On
s'y fert de petits vaiff'eaux plats, Forme
que les Rny/rài nomment Stroeh
lefquels contiennent environ 300 nommées
ballots de foye, qui font 15. lefts,
& ont une grande cavité , un feul
mât & une voile, qui eft très-grande,
& fert principalement lors qu'on a le
vent en poupe ; mais lors qu'il eft
contraire on fe fert de feize rames.
Ils ont pour tout gouvernail une
longue perche dont le bout donne
dans l'eau & eft aiTez large ; l'autre
paffe par deffus le vaiffeau, appuié
fur Une piece de bois appro,
priée pour cela. Le Patron la gui.,
de par le moyen d'une corde attachée
entre deux ailes, qui la tiennent
ferme, &: qu'on peut mettre
& ôter à plaifir. Il y avoir à bord
23. matelots Se 52. paffagers, tant
Riijfitns Jr-meniens, en comptant
les valets. La riviere ferpente beaucoup
j u f q u ' i c i , & a par tout environ
40. braffes de large. Nous parvînmes
au bout de deux heures au
monaftere de Smolenski, qui paroit Monaiebeaucoup
& a un beau clocher. Il « à'
eft à côté d'un bois, environ à 100
'jjerftes de Mofcou. Nous ne le perdîmes
pas de vue jufques à quatre
heures. Enfuite nous vîmes de côté
& d'autre un pais plus ouvert,
rempli de villages, & fur le foir un
terrain plus élevé. Nous reftâmes à
l'ancre pendant l'obfcurité de la
nuit. Le vingt-cinquieme, nous arrivâmes
fur les 9. heures à Ko- Koidm^
lomna, au fud-oueft de la riviere de
Moskii. C'eft une ville épifcopale
dans la partie meridionale de la
R-uJfie, à l'eft de Mofcou. J'en fis
le deffein à terre au feptentrion,
fans voir la riviere. On le trouvera
au num. 18. Cette ville, dont
on a déjà parlé dans le voyage de
-m