lassé voulut effectuer son débarquement; mais elle
essuya une si vigoureuse résistance de la part des
naturels de cette île, qu il fu t obligé de se rembarquer
à la hâte et de revenir.
« De retour à Piva, le capitaine Bureau demanda
a Nakalassé la recompense qu’il lui avait promise
pour son passage et celui de ses guerriers ; mais ce
chef malveillant remi t le paiement d’un jour à l’autre,
tellement qu’au bout d’un mois d’attente, M. Bureau
voyant qu’il avait été trompé, envoya dire à Joseph
de rentrer a bord pour se tenir prêt à appareiller.
« Pendant cet intervalle, arriva devant l’île Lebouka
le trois-mâts américain Y Admirai, capitaine Eg-
gelsohn. M. Bureau ayant eu connaissance de ce navire
, expédia dans un canot son maître d’équipage,
un de ses matelots américains et six naturels de Piva,
pour aller acheter de la toile a bord de Y Admirai.
Quand le canot de la Joséphine fut arrivé à bord du
trois-mâts, le nommé David Wippy qui était aussi
venu à bord de Y Admirai, pria le capitaine de ce
navire d’avertir, par une lettre, le capitaine de la
Joséphine de se tenir sur ses gardes contre les naturels
de Piva, qui avaient dessein de le tuer pour
s emparer de son navire ; enfin, de l’engager à ne
pas souffrir tant de sauvages à son bord, que lui—
meme 1 avait déjà averti de ce danger ; mais que le
capitaine Bureau avait méprisé ses avis.
« Le capitaine Eggelsohn fit ce que lui dit Wippy,
et remit sa lettre au maître de la Joséphine, qui
la donna a son capitaine quand il fut de retour à bord
de son navire. M. Bureau n’eut pas plutôt lu la lettre
, qu’il la jeta avec dédain en prononçant des imprécations
contre le capitaine Eggelsohn. Un des
matelots américains ramassa la lettre, la lut, en fit
voir le contenu à son camarade, et voyant tous les
deux le danger qu’ils couraientà bord du brick français,
ils allèrent trouver leur capitaine et lui dirent que s’il
ne voulait pas suivre les avis du capitaine de Y Admirai
, ils quitteraient la Joséphine. Le capitaine
Bureau les ayant renvoyés brutalement, les deux
Américains montèrent leurs coffres sur le pont pour
débarquer sur-le-champ. Le capitaine les voyant si
bien décidés, prit une paire de pistolets et menaça
de brûler la cervelle à quiconque tenterait de s’évader
du bord. Les deux Américains se tinrent tranquilles
jusqu’à la nuit tombante ; mais alors, ils se
sauvèrent à la nage et mirent pied à terre sur l’île
Pao. Le lendemain de bon matin, ils s’embarquèrent
dans la pirogue d’un des chefs de Pao, nommé
Mara, et se dirigèrent sur Lébouka, où ils arrivèrent
le même jour à 10 heures du matin. Le même
jour aussi, vers 4 heures du soir, le capitaine Bureau
fut assassiné.
« Nakalassé voyant que la Joséphine était sur le
point de partir, résolut de mettre à exécution le projet
qu il avait médité, c’est-à-dire de tuer le capitaine
et 1 équipage de la Joséphine et de s’emparer du navire.
N osant commettre lui-même cet assassinat, il en
chargea son neveu Franck; mais ce jeune homme ne
voulait point se rendre à la proposition de son oncle,