dant une visite chez eux, i l m’a paru qu’il faudrait bien peu de
chose pour x’enverser l’édifice élevé par l’homme de Dieu.
Un autre missionnaire est établi sur l'île même de Viti-Lebou,
assez près de la résidence du grand Tanoa. Mais il a fort peu de
prosélytes et ne paraît pas même très-rassuré sur son compte
quoique jusqu’à présent il n’ait eu à se plaindre d’aucun mauvais
traitement.
Je pense pourtant qu’avec heaucoup de patience ils réussiront.
Mais alors il est facile de prévoir l’état misérable de cette nombreuse
population. Les peuples de Taïti et de Vavao sont là pour,
nous montrer l’issue probable de la conversion du groupe. Ces
fiers et courageux insulaires seront changés en bêtes de somme,,
et au lieu de suivre leur instinct libre et indépendant et de se
procurer par des marchés qui leur sont maintenant faciles, les
objets de leur convoitise, sales et dégoûtants, courbés sous un
joug de fer et privés du, commerce libre, ces pauvres diables viendront
à bord des navires tâcher d’extorquer quelque peu d’argent
avec le peu de vivres dont ils pourront se débarrasser et dont
le prix servira en outre à payer l’impôt établi par le nouveau,
gouvernement.
Cette idée est pénible, et cependant la chose doit arriver ainsi,
car quel autre qu’un missionnaire pensera à s’établir sur ces îlesdans
le but d’en civiliser les habitants..................
( 4 / . Duroch.')
Note 46 , page 233*
11 y a quelque temps Lebouka était en guerre. Ses guerriers,
secondés par les Anglais, dont les intérêts sont désormais ceux
de la peuplade où ils vivent, surprirent une nuit le village ennemi;
le massacre ne cessa qu’au jour. Vainement les Anglais
voulurent arrêter un carnage qui les révoltait, les guerriers de
Lebouka n’avaient plus de frein, comme des bêtes féroces ils
avaient soif de sang. Ces hommes, disait Tom, qui paraissent si
tranquilles, s’enivrent à la vue du sang, ils deviennent fous. Tous
ces récits me paraissent exagérés et d’ailleurs, cette férocité est
souvent la nôtre, nous peuples civilisés qui nous croyons beaucoup
meilleurs que ces sauvages ignorants et encore enfants dans
la vie des nations................
L homme tué deux jours avant notre arrivé a Paoet dont nous
avions appris la mort parLatchika, était un chef de pêcheurs
nommé Touti. Il avait concerté avec Nanghalassé et Thouna-
loua, fils du Roke-Toui-Mbao ( le gouverneur de P ao , comme
Bill le nomme), d’assassiner le vieux Tanoa auquel (Nanghalassé
surtout) ils portaient une haîne profonde. Tanoa fut instruit du
complot, et pour le prévenir, envoya Taou-Getho-Gonotou,
frère de Lila, deuxième chef de Pao, avec la mission d’assassiner
Touti. Cet envoyé s’introduisit pendant la nuit dans la demeure
de T o u ti, et s approchant de lui , il allait lui décharger à bout
portant son fusil dans la tête, lorsque le chef des Lascaos, se réveillant
en sursaut, détourna par un mouvement subit le coup
dont la balle se perdit dans les nattes du lit. Taou-Getho-Gono-
tou, terrassé sur-le-champ, avoua, pour sauver sa vie, qu’il avait
été envoyé par le chef Tanoa. Il fut laissé lib re , après cet a v eu ,
de retourner auprès du chef de P a o , et de lui rapporter les paroles
suivantes de Touti : « Puisque ma mort est résolue, avait-
« il d it , qu’au moins je ne meure sans vengeance. Tanoa t’a
« envoyé pour m’assassiner, qu’il prenne garde à lui. »
Touti était un homme grand et vigoureux, il était redouté non
seulement à cause de son pouvoir, mais aussi comme guerrier.
Le même jour il entra dans Pao. Tanoa effrayé envoya le prier
d assister a un kava de réconciliation. Soit que Touti crut à la
sincérité du chef de Pao, soit qu’il ne jugea point le moment
prospère pour exécuter ses projets, il s’y rendit et les deux ennemis
se jurèrent l’amitié la plus vive.
Mais telle est la perfidie du caractère vitien, que six jours