très-avancée. Charpentier de son métier, M. Mills en dirigeait
tous les travaux et exécutait lui-même la partie la plus difficile,
et se préparait un abri très-commode, distribué avec beaucoup
de goût.
Dès notre débarquement, nous fûmes conduits dans une grande
case entièrement vide, d’une architecture intérieure très-soignée,
que l’on nous dit être une maison publique, espèce de caravansérail
destiné a loger les naturels qui arrivaient momentanément
de leurs districts dans celui-ci. Chaque village de l’île a un établissement
semblable, dans le même but. Celui d’Apia servait
également d’église, en attendant qu’on pût en élever une, ce qui
n’aura lieu que lorsque la demeure du missionnaire sera terminée.
Prima sibi charitas a été la devise de M. Mills, qui nous
reçut néanmoins très-poliment et nous fit ses offres de service; sa
femme prit souvent la parole pour répondre à quelques questions
relatives au langage, aux moeurs des naturels, aux noms des îles
qui composent le groupe, et elle nous parut être parfaitement au
fait de tout ce qui concernait le pays. Le mari la consultait souvent,
et était loin de parler avec autant de facilité et de connaissance
qu’elle.
(M . Jacquinot.')
Note 2 0 , page 125.
C’est par les Européens établis à Apia que nous avons appris
que trois compagnons de Delangle avaient échappé au massacre
et étaient restés entre les mains des natui’els.qui les avaient épargnés.
L ’un d’eux ayant pris femme en eut plusieurs enfants dont
un seul vit encore et réside sur l’une des îles orientales. Il est à
regretter que nous n’ayons pu vérifier l’autben ticité d’un fait aussi
intéressant. Les moindres nouvelles, les traditions se propagent
si bien chez les tribus sauvages, que nous aurions sans doute
trouvé le descendant des compagnons du malheureux capitaine,
s’il nous eût été possible de mouiller à Toutouïla. La cause delà
catastrophe qui priva l’expédition de Lapeyrouse de son second
chef, n’est pas connue d’une manière certaine. Mais s’il faut en
croire les naturels, une tentative de vol faite par un des leurs sur
les canots, aurait été réprimée par les armes, d’où s’en serait
suivie une attaque des sauvages pour venger ce qu’ils croyaient
être une agression. Quoi qu’il en so it, les naturels de Samoa ne
paraissent pas plus féroces que ceux de Sandwich, des Marquises,
de Tonga Le massacre de nos compatriotes peut fortbien être
venu à la suite d’un malentendu, et peut-être même était-il une
sanglante représaille pour une injuste agression. Ces scènes de
carnage n’étaient que trop fréquentes dans les premiers temps de
la découverte de l’Océanie, parce que les navigateurs ignoraient
complètement les moeurs et la langue des sauvages qu’ils regardaient
presque toujours comme des cannibales altérés de sang
humain, tandis que ceux-ci prenaient à leur tour les navigateurs
pour de mauvais génies. Si le guet-apens dont un de nos
compagnons à manqué l’un de ces jours d’étre la victime, avait eu
lieu jadis, on n’eût eu aucun moyen de dénoncer cet attèntat au
chef du pays; nous aurions alors brûlé les cases et tué quelques
naturels, les premiers venus... Ainsi, nous aurions fait une
guerre injuste au district d’Apia dont le chef et les habitants ne
nous avaient rien fa it, et n’avaient même aucune connaissance
de nos griefs. Une pareille agression n’eût pas manqué s de nous
attirer la haine des naturels et les représailles les plus barbares.
( M . Roqiiemaurel. )
Note 21, page 125.
Nous continuâmes chaque jour à être entourés de pirogues des
districts voisins d'A p ia , la présènce de ceux du district payende
Tatata excitait la jalousie du chèf Peha et de tous les siens. Ceux-
ci , fidèles à leurs anciennes coutumes, nous proposèrent dès les