après, Touti étant allé sur une petite île chercher des cocos, le
même Taou-Getho-Gonotou, auquel il avait donné la vie, l’attendit
en embuscade et le tua...................
Après déjeûner nous nous acheminons, M. Dumoulin et moi#
vers la partie nord de la côte de Lebouka que je n’avais pas encore
visitée. Ici le paysage est encore plus joli que celui des endroits
que nous avons déjà visités dans les environs du mouillage.
Des vallées ombragées par de beaux arbres, sillonnées par des
cours d’eau, offrent partout des sites charmants ; çà et là des rochers
pittoresques, des élévations et des monticules, ajoutent à la
diversité de la scène et ornent de beautés naturelles cette portion
de la côte. Dans un étroit vallon où se trouve une des maisons
solitaires appartenant à l’E sprit, un grand emplacement noirci par
le feu, indique le lieu où un grand festin a été fait. Là les vainqueurs
auront célébré leur victoire en dévorant les vaincus ; il
me semblait entendre en passant sur ces lieux les clameurs sauvages
de cette réunion, les.hux’lements des guerriers, les cris des,
prisonniers, les bruits des préparatifs du repas Quel horrible
tableau ces lieux devaient présenter. Dirait-on à voir les.,
figures des naturels qui nous entourent, et leurs démonstrations
amicales, qu’ils soient tellement dépravés................
(M. Desgraz. )
N o te 4 7 i P a g e 2 6 1 .
De bonne heure nous appareillons par une légère petite brise
et nous dépassons bientôt après la passe nord des récifs qui défendent
ce port. Nous continuons notre route au nord en prolongeant
les récifs très-éténdus de Balaou. Nous voyons Mangonaï
et Vakaïa sur notre droite et une petite île sur la gauche, border
notre x’oute de nouveaux brisants. Nous naviguons au milieu d’un
véritable canal formé par les coraux. Notre pilote Tom, plus habile
que son précédent confrère, nous conte dans les intervalles
de calme des anecdotes qui se rattachent aux diverses terres que
nous apercevons. Vrais ou inventés, quelques-uns de ces récits
attirent notre attention et fixent nos regards sur les lieux qui ont
été la scène des faits racontés. Voici un de ces récits.
Voyez-vous la-bas une petite île? On l’a nommée Lewa, femme
en Vitien, à cause d’une histoire singulière. Un chef de Ovalaou
avait épousé la fille d’un chef de Mangonaï, mais après peu de
temps de mariage, il dédaigna sa femme, prit des concubines et
donna de telles marques de mépris à son épouse de Mangonaï,
quelle demanda a plusieurs reprises à être renvoyée chez son
père. Son mari refusa toujours et lui disait quelquefois par
dérision , vas-y a la nage. Oui, j ’ira i, s’écria-t-elle un jo u r , et
l’on pai’lera longtemps dans l’archipel de ta cruauté et de ma
courageuse tentative. Cette réponse excita l’hilarité des personnes
présentes, car la distance à parcourir entre les deux îles est de
plusieurs lieues. Une nuit cependant elle partit, et passant de
récifs en récifs, elle obtenait quelque x’epos dans sa course ; au
lever du soleil son mari s’apperçut de sa fuite, et craignant qu’elle
ne se noyât ou peut-être la colère de son beau-pèi’e, il arma sur-
le-champ sa pii’ogue et courut Sur les traces de sa femme, il l’atteignit
près de cet îlo t , et il la conjura de revenir sur ses pas.
Non, dit-elle, j ai ti’op fait d’efforts pour ne pas accomplir mon
dessein; je veux qu’on sachepartout ce qu’une femme a fait quand
on l’a poussée à bout. A u s s i, dit Tom, cette histoire est connue
de tout le monde, et on a donné le nom de Lewa au x’ocher où le
mari a rejoint son épouse. Cette histoire aura sans doute énormément
perdu de son origine vitienne en passant par la bouche
d un Anglais. Qu’il est fâcheux de ne pouvoir comprendi’e en
quelques jours les discours de ces sauvages. Quelle riche moisson
il y aurait à faire, des l’écits, légendes, hauts faits merveilleux
de ces peuples peu connus encore..............
Quelques pix-ogues se montrent çà et là, une d’elles vient à
boi’d apporter des harpes et de l’écaille de tortue. Parmi son