deux classes distinctes par leur grandeur. Les plus
grands ont les formes les plus variées ; quelquefois
ce sont de simples moreeaux de bois très - durs et
je crois que ce doit être les plus redoutables, car
leur maniement est plus facile. Les petits casse-têtes
n’ont pas plus d’un pied de long, une des extrémités
est taillée en boule, tandis que l’autre, qui est celle
qui reste dans la main, est effilée de manière à pouvoir
êtFe saisie facilement. Toutes ces armes sont souvent
surchargées d’ornements ; chez ces hommes dont la
guerre fut presque l’unique occupation, tout le luxe
de l’industrie se reporte sur les armes qu’ils ne quittent
à peu près jamais.
Les poteries de cet archipel sont surtout remarquables,
elles affectent toutes les formes et toutes les
grandeurs, et quelques-unes se font surtout rernar-
qüer par leur élégance. Tous ces objets se fabriquent
à la main, quelques-uns ont des dimensions colossales
, souvent leurs formes sont circulaires. Lors de
l’incendie de Pi va, nous trouvâmes dans toutes les cases
une grande quantité de poteries. Quelques-unes
-servaient de réservoirs pour la provision d’eau; les
naturels se servaient encore jadis de poteries pour
préparer et faire cuire leurs aliments; mais aujourd’hui
que leurs fréquentations avec les navires européens
leur ont procuré un grand nombre d’objets de
fonte, ils n’emploient leur faïence que lorsqu’ils ne
possèdent pas de vases métalliques que leur abandonnent
souvent les baleiniers. Toutes ces poteries,
du reste, sont généralement surchargées d’ornements
qui affectent les formes les plus bizarres , et souvent
figurent des monstres créés par leur imagination.
Les ornements des îles Yiti sont comme aux îles
Tonga, et presque dans toutes les îles de l’Océanie
des colliers en coquillages, en dents de cochons et
en mâchoires de rats ; souvent ce sont des restes
humains des ennemis tués dans les combats, qui servent
à parer leurs barbares vainqueurs. Des dents
humaines fixées sur une corde, forment des colliers,
tandis qu’ils sculptent avec beaucoup de soin les os
les plus gros des cadavres.
Comme aux îles Tonga, les habitants des Yiti sont
musiciens, ils ont des tambours et des flûtes, souvent
bien travaillées. Celles-ci sont percées de six trous.
Ils en tirent des sons avec le souffle du nez et souvent
même les chants qu’ils exécutent ne manquent ni
d’expression, ni de légèreté. La conque leur sert pour
appeler les guerriers aux armes.
Sans doute ce peuple doit avoir aussi ses danses
guerrières et ses jeux; mais nous ne fûmes point
appelés à les observer*.
•* Note 47-