1833.
2 octobre.
CHAPITRE X X X .
Traversée d’Apia à Vavao, et séjour à Vavao.
Bien que le temps soit à la pluie, fidèle à ma coutume,
je fais tous mes préparatifs de départ pour appareiller
aujourd’hui, ainsi que je l’ai annoncé. A 7
heures, profitant de quelques faibles risées, les corvettes
déploient leurs voiles et s’éloignent du port
d’Apia en prolongeant les récifs à 3 ou 4- milles de
distance.
La côte d’Opoulou que je prolonge vers l’ouest, devient
basse, mais elle conserve toujours le plus riant
aspect, et de distance en distance, au milieu d’une
verdure uniforme, on voit se détacher de jolies habitations
et quelques grandes cases qui, par leur blancheur,
indiquent une construction européenne; ce
sont les églises de la nouvelle religion.
Le temps, d’abord peu favorable à nos reconnaissances,
s’éclaircit peu à peu, et nous permet d’atteindre
l’extrémité occidentale d’Opoulou.
Manono qui lui succède est un verger d’un aspect
enchanteur, cette île est couverte d’arbres, mais elle
est si petite que j’ai peine à croire qu’elle puisse nourrir
700 habitants. Il me semble aussi difficile que
Apolina sa voisine puisse en contenir 3 ,0 0 0 . Cette
population, si elle existe, serait concentrée dans un
joli village que l’on aperçoit aü fond d’une petite baie
et sur la bande septentrionale de l’île.
Quant à Sevai, c’est une grande terre, d’une immense
hauteur, mais dont la pente douce et admirablement
boisée, semble promettre la nourriture à une
grande population.
Vers midi, je donne dans le détroit qui sépare Sevai
Apolina. Ce passage, quoique resserré, me paraît
sain et profond, la sonde ne nous indique pas moins
de 45 brasses.
A notre arrivée, une grande quantité d’habitants
d’Apolina, s’étaient mis en mouvement et avaient cherché
à nous approcher, mais une seule petite pirogue
montée par trois hommes, se présenta à bord de
Y Astrolabe et nous offrit quelques belles nattes en fil
de Bromelia. Plusieurs amateurs se présentèrent
comme acquéreurs , mais ils furent repoussés par les
exigences des naturels. Après quelques moments d’attente
nos sauvages marchands nous quittèrent et
portèrent leurs produits à bord de la Zélée où ils ne
réussirent pas davantage.
Le peu d’empressement que mettent ces insulaires
à accoster nos corvettes, contraste singulièrement
avec les centaines de pirogues qui entourèrent les fré