très-grande dans les combats qu’ils se livraient entre
eux.
Ils affectent surtout de prononcer le nom de
Yalcinot, qu’ils répètent à chaque instant. De grandes
fdles s’attachent à sa personne, et cela fait que
M. Jacquinot se retourne souvent machinalement
pour voir ce qu’on lui veut.
En traversant le village, nous voyons qu’il est assez
régulièrement divisé par des rues larges et bordées
par de jolies palissades de deux à trois mètres de
hauteur, qui entourent les diverses habitations. Ces
dernières sont à peu près distribuées comme certaines
maisons de campagne d’Europe; elles ont un
corps-de-logis séparé des hangars qui en sont les dépendances;
le tout est environné par une clôture^
et cet ensemble sert à toute une famille qui y vit en
commun.
Sur une grande place nous trouvons deux ou trois
cents naturels réunis et qui s’occupent à rebâtir l’église
qui, il y a peu de jours, dans un incendie, a été
consumée entièrement. Mais tous ces ouvriers y travaillent
avec tant d’activité et de zèle, sous la direction
de leurs chefs, qu’elle ne tardera pas à être relevée.
Les matériaux qu’ils emploient sont de simples
poutres bien polies, et des tissus fabriqués avec des
fils de coco, de couleurs variées et du travail le plus
élégant. Ces braves gens sont tellement occupés de
leurs travaux, qu’ils ne se dérangent même pas pour
nous regarder un instant. Ils ont reporté à leur nouveau
culte tout le dévouement et toute l’attention
qu’ils témoignaient jadis à leurs anciennes céré-
monies.
Vers le bout du village, deux beaux enclos, entourés
de palissades bien entretenues, et au milieu desquels
s’élèvent deux jolies maisonnettes en bois, nous
annoncent la résidence des deux missionnaires. A cha- pi. l x x v i î .
cune d’elles se trouve affectée la jouissance d’un jardin
bien entretenu, où, au milieu de tous les végétaux
d’Europe, tels que choux, oignons, salades, artichauts,
asperges, etc., on remarquait encore plusieurs fleurs
qui répandaient au loin leurs délicieuses odeurs. Cependant
le sol paraît maigre et manquer d’eau, mais
sans doute, les eaux pluviales y suppléent et entretiennent
une humidité suffisante. Nous nous présentons
d’abord chez M. Thomas qui, avec sa femme,
nous reçoit sans façon et avec une cordialité vraiment
touchante. Voici ce que j’apprends dans cette
visite.
Il y avait dernièrement à Vavao plusieurs habitants
des îles Viti, parmi lesquels j’aurais pu trouver
un pilote, mais ils sont tous repartis sur le Conway
qui allait dans leur pays. M. de Pompalier a passé il y
a dix mois environ à Vavao, il était embarqué sur le
schooner Raiatos et accompagné de deux prêtres
français. Ces derniers se sont établis dans l’île Wallis,
dont le véritable nom est Vea. Les habitants les re çurent
d’abord volontiers au milieu d’eux , mais
quand ils surent que leur but était d’enseigner leur
religion, plusieurs chefs s’y opposèrent; il les outragèrent
et même se portèrent à des voies de fait