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Pl. XCIT.
rizon et on la suit jusques presque à sa limite
orientale.
A mon arrivée à Lebouka, je rencontre Wippy et
Cuningham ; ils me montrent une large excavation
qui, Creusée dans le rocher qui domine le village, sert
de retraite à ses habitants. Wippy m’assure que cette
cavité n’a point été faite par la main des hommes, et
les naturels affirment quelle a été faite par les eaux
de la mer. C’est une de leurs traditions; les plus vieux
racontent même que déjà pendant leur jeunesse, la
mer montait beaucoup plus haut qu’à présent. Cette
assertion peut être vraie, mais malheureusement
les moyens manquent pour prouver, à n’en pas douter,
qu’un soulèvement lent a fait surgir ces terres
d’une hauteur de plus de 6 mètres au-dessus du niveau
de la mer.
Tous les Européens que je rencontre sont munis
de certificats, et même ils me promettent de m’envoyer
le journal tenu à bord de leur petit schooner
Jane.
Je fais ensuite un tour dans le village de Lebouka,
dont les ruelles sont toutes bordées de fortes murailles
en pierres qui servent de clôtures aux maisons. Sur
une plate-forme construite en gros galets , s’élève
une case un peu plus ornée que les autres : c’est
la maison de l’Esprit ou amboua du village ; je vais la
visiter et m’y reposer un instant, en compagnie des
Européens qui habitent le village et dont j’obtiens
les renseignements suivants, outre la narration du
meurtre de Bureau que j ’ai rapportée plus haut.
Le 3 mai dernier, un des chefs de Ber ata voulut
imiter l’exemple donné par Nakalassé. Au moment
ou le schooner David-Wgilby, capitaine Helchings,
alors au mouillage devant cette île, se préparait à appareiller
, plusieurs pirogues l’entourèrent, beaucoup
de naturels montèrent à bord avec tous les signes de
l’amitié ; mais à un signal le capitaine fut tué sur le
coup, le second fut grièvement blessé et plusieurs matelots
reçurent des blessures plus ou moins graves,
Heureusement ceux-ci, en grande partie, se retirèrent
dans les hunes de misaine, d’où ils firent un feu
nourri sur les naturels qui encombraient le pont du
navire. Le chef, principal auteur de cet infâme guet-
apens, fut tu é , ainsi que plusieurs des naturels et les
autres ne tardèrent pas à fuir en abandonnant leur
proie. Le schooner arriva le jour suivant à Lebouka.
Le fils de Tanoa qui s’y trouvait par hasard, voulut
forcer les Européens fixés dans ce village, à conduire
le navire à Pao; mais après quelques négociations
qu’ils accompagnèrent de cadeaux pour le fils de
Tanoa, ils obtinrent de celui-ci, de conduire le David-
Wgilby à Leva où ils le confièrent au missionnaire
anglais, M. Cross, qui a auprès de lui un pilote de
sa nation.
C’est cette dernière affaire qui a amené le capitaine
Drink-Water devant Berata; mais sa courte
apparition a été à peu près sans résultats,
Les habitants des divers villages d’Obalaou se font
souvent la guerre et se mangent entre eux. Tanoa
lui-même est souvent le premier à souffler la guerre