1838. accores, la sonde nous donne quatre brasses, et la
Septembre. , , , , corvette, en appuyant sur ces blocs par sa hanche,
n’a aucune avarie à craindre pour sa quille et son
gouvernail.
Je faisais travailler à élonger une ancre à jet pour
nous tirer de cette position désagréable, lorsque trois
baleinières, envoyées par les Américains, viennent
se joindre à nos canots pour nous aider à nous éloigner
de la côte. Bientôt nous sommes rentrés au
milieu du canal et nous gagnons l’ouverture de la
baie, enfin la brise se fait sentir et nous pousse en
pleine mer, non p a s , il est vrai, sans avoir rasé à
moins de 60 mètres les cailloux de l’îlot ou sentinelle
de l’ouest.
Une fois hors de tout danger, je fais distribuer à tous
les hommes des baleinières un peu d’eau-de-vie, et
ensuite je les congédie en les chargeant de tous mes
remercîments pour leurs capitaines. Je renvoie ensuite
le grand canot de la Zélée à son bord, et je fais
hisser toutes mes embarcations. Je laisse porter à
l’est pour suivre la côte de l’île Nouka-Hiva, et rattacher
l’entrée du port Tai-Hoa à toute la bande méridionale
de cette île.
Ce n’est qu’à onze heures que je puis forcer de
voiles pour rallier l’île de Houa-Poou. La brise est
ronde, la mer belle, et notre navigation des plus
agréables.
Dans l’après-midi nous rangeons à 3 ou 4 milles
de distance toute la bande occidentale de Houa-Poou.
C’est une terre haute, très-montueuse, surmontée
d’aiguilles basaltiques fort déliées, et d’un aspect singulier.
Ses rives sont couvertes d’une verdure agréable,
et en divers endroits des enfoncements assez
considérables me font présumer que l’on pourrait y
trouver quelque bon mouillage. Mais il eût fallu du
temps pour s’en assurer et je n’en avais pas à employer
à cette reconnaissance.
Aussi à 4 heures, M. Dumoulin ayant terminé son
travail sur cette île, nous faisons nos adieux définitifs
à 1 archipel Noiika-Hiva, pour nous diriger sur la fameuse
Taïti. Tous mes compagnons, séduits par les
portraits flatteurs qu’en ont faits les navigateurs,
sont impatients de visiter cette soi-disant reine de
1 Océanie. Pour moi qui avais déjà bien rabattu de ces
beaux contes quinze ans auparavant, je me montre
moins empressé, et je n’éprouve d’autre désir que
celui d’observer les changements qui se seront
opérés depuis cette époque, mais surtout de voir
ce que les circonstances me permettront de faire
relativement à l’outrage commis sur mes compatriotes.
Notre navigation se présente sous les apparences
les plus favorables, nos équipages parfaitement rétablis
, témoignent de leur zèle et de leur vigueur,
on dirait quils ont tout-à-fait oublié les épreuves
passées. Sur 1 Astrolabe on ne compte pas de malades,
à peine deux ou trois hommes sont indisposés. MM. les
officiers se conforment aux mesures qu’une longue
habitude de ces navigations m’avait amené à adopter.
Elles consistent surtout à ne jamais garder qu’une
4.