est haut; leurs grands yeux noirs, ornés de longs cils, sont pleins
du feu de l’intelligence ; leur nez est bien fait, très-peu épaté et
souvent aquilin ; leur bouche, leurs lèvres, leurs pommettes,
ont des dimensions et un volume infiniment mieux proportionnés
à l’ensemble de la face que ces traits ne le sont ordinairement
chez les personnes de la race mongole. L ’expression de leur visage
est pleine de douceur et de gaieté. Ainsi, aux Marquises, les
hommes partagent avec les femmes un agréable jeu de physionomie,
chose remarquable et qui en distingue particulièrement les-
insulaires. « Les jeunes gens de ces îles fortunées sont pour l’ordinaire
très-beaux, et ils serviraient d’excellents modèles pour un
Ganymède. » Les paroles de Forster sont, cette fois, aussi exactes
que précises. Ils portent leurs cheveux noirs relevés sur le
sommet de la tête; ils en forment deux touffes. Cette coiffure leur
imprime un air étrange d’abord, mais l’apparente recherche de
cet arrangement plaît vite ; elle s’allie également bien a une jeune
figure et à la figure sévère et même un peu sauvage des anciens ;
mais, en général, ces derniers entourent leur tête d’un turban en
tapa-mousseline d’une éclatante blancheur. Leur tatouage en
spirale rappelle celui des Zélandais ; il lui est parfaitement comparable
quant au genre de dessin, mais les lignes en sont plus
déliées et ne tracent pas de sillons dans la peau. Ils le disposent
sur les mains et les avant-bras avec un goût infini, on croirait
voir des demi-gants longs en dentelle brodée. Ils dessinent aussi
autour de la ceinture, autour des poignets, du bas de la jambe,
de larges bandes noires qui ne sont pas sans élégance, mais qui
deviennent d’un effet hideux quand ils se les appliquent transversalement
sur la moitié de la figure, soit au niveau des yeux,
soit au niveau de la bouche. Cette habitude est pratiquée palles
Patagón nés, non pas au moyen du tatouage , mais à l’aide
d’ocre rouge grossièrement, délayé dans de la graisse. La plupart
des vieillards rappellent ces bebes figures de pàtriarches-
dónt les peintres nous ont si souvent retracé la noble sëvei
ité ; c’est surtout chez les vieux chefs que cette remarque est
applicable, car l’abondance et une entière liberté sont favorables
au développement physique et moral; l’habitude delà supériorité
sut tout façonne les traits a une expression de dignité qu’inspirent
partout un haut rang et l’indépendance
Les femmes de ce pays sont parfaitement heureuses : la fidélité-
même ne leur impose que de légères chaînes d’un instant; leur
gentillesse multiplie leurs conquêtes sans jamais asservir leurs
désirs changeants ou attrister leur inépuisable gaieté. Il n’est pas
une seule femme qui ne soit à plusieurs hommes, sans qu’elle
soit, à leur égard, retenue par aucun engagement. Leur indépendance
est bien plus complète qu’aux Samoa, aux Tonga, et
même à Taxti, et bieh que l’on ne puisse disconvenir que cette
liberté illimitée ne nuise à leur constitution en épuisant trop
tôt leur jeunesse, cependant elle leur est moins nuisible que l’état
d’esclavage où certaines peuplades retiennent leurs misérables
compagnes. C a r , comme l’a très-bien fait observer Forster, à
propos des habitants de la Nouvelle-Zélande et de la Nouvelle-
Calédonie, le rang où l’on place les femmes dans la société domestique
a une extrême influence sur la civilisation, et plus une nation
est misérable et grossière, plus elles sont traitées durement.
Cet injuste partage des peines de la vie uni au manque d’aliments
flétrit rapidement leurs charmes et en fait des objets aussi laids
que dignes de compassion. Déjà nous avons jugé de la justesse de
cette observation à Manga-Reva : le dénuement de cet étroit séjour
maintient les malheureux indigènes de ce groupe dans l’état
de la plus complète barbarie; les hommes reçoivent de leur misère
une empreinte triste et sauvage; cependant leurs traits ne le
cèdent en rien à ceux des Taïtiens ; il y a plus, leur vie dure,
leur sobriété forcée, faute de variété, l ’air du large qu’ils respirent
dans toute sa pureté, grâce à l’exiguité de leur terre, développent
chez ces ces insulaires une haute ta ille , des formes
musclées ; mais les femmes sont généralement petites, lourdes, et,