Le musicien applique l’embouchure sur une de ses narines et
souffle assez doucement, il produit ainsi un son doux avec quelques
modulations ; c’est l’enfance de la musique. Usavaient aussi
des flûtes de P an , et une espèce de tambourin fait avec un tronc
d’arbre couvert d’une peau de requin......
( M. De mas- )
Note 38 , page 214.
Je ne voulais pas quitter le village de Pao sans aller visiter
quelques cases. Après avoir joui à mon aise du spectacle animé
que m’offrait la grande place, je me mis à flâner à droite et à gauche
sans but déterminé. Le hasard me conduisit devant une case
isolée qui ne paraissait pas habitée. Quelques naturels qui m’avaient
suivi, me voyant approcher de la porte de la cabane, s’empressèrent
de me crier tab ou! tab ou! à plusieurs reprises.
Je m’arrêtai sur-le-champ en cherchant à comprendre les bonnes
raisons que m’alléguaient les cinq ou six sauvages qui m’ac-
•compagnaient. N’entendant rien à leur langage , j ’allais prendre
une autre direction, quand l’un d’eux me fit signe de le suivre
j usqu’au seuil de la porte et là , il m’engagea à regarder l ’intérieur
de la case sans franchir toutefois le pas de la porte. Ça et là on avait,
suspendu des armes et d’autres objets q u i , autant que je pus le
comprendre, provenaient des ennemis qu’on avait tués ou vaincus.
C’était donc une façon de temple sacré où l’on venait déposer
les dépouilles opimes de la guerre, et dont l’entrée était interdite
au proiâne étranger ou à ceux qui n’y avaient encore rien
apporté. Au reste, cette cabane était bien construite, assez grande
et d’une propreté remarquable; le sol en était caillouté avec soin
et recouvert de nattes artistement tressées.
Tous ces trophées guerriers placés là un peu au hasard, et sans
ordre distinct, offraient un coup d’oeil bizarre et singulier. Le toit
de cette cabane était construit en feuilles de cocotiers; son épaisseur
pouvait bien avoir 12 à i 5 pouces à peu près. 11 était à quatre
faces et chacune de ces dernières avait une légère courbure
dans le milieu et se relevait ensuite dans le genre de petits chalets
en chaume qu’on rencontre dans nos provinces centrales de
la France.
Ce toit s’appuyait sur des piquets dont l’élévation pouvait varier
de 5 à 6 pieds, et quant à la muraille extérieure , c’était un
joli treillage serré en bambous ou en joncs d’une petite dimension.
L ’aspect de cette case isolée et retirée sur une petite plateforme
en pierres amoncelées, était d’un gracieux effet. Après l’avoir
examinée à mon aise, je dirigeai mes pas d’un autre côté, et
je trouvai dans les naturels qui m’avaient suivis, une obligeance
à laquelle je ne m’attendais pas. M’ayant vu examiner tout avec
curiosité, ils voulurent me conduire à la maison du roi et ils
s’empressèrent de m’en montrer le chemin. Sur la route un monument
d’une forme singulière fixa mon attention , et je voulus
m’en approcher assez pour en connaître au moins l’usage.
C’était un édifice à peu près carré et entouré de grandes pierres
plates fichées en terre. On avait planté tout autour des plantes
grimpantes qui s’étaient entrelacées avec les pierres et qui, après
les avoir enveloppées de leurs larges feuilles, étaient allées se réunir
et se joindre pour former comme un toit de verdure au-dessus.
Dans les environs de cette singulière construction, on ne
distinguait aucune autre case : des arbres plantés tout autour et
très-rapprochés entre eu x , en défendaient les approches, aussi
je fus obligé de faire un détour pour contourner ce petit monument.
Les naturels qui me suivaient ne paraissaient pas satisfaits de
mon obstination curieuse, et ils me répétèrent à plusieurs reprises
, tabou !_ tabou....... en me faisant signe de passer outre.
Je persistai dans mon exploration ; mais je ne pus rien distinguer :
les lianes et les arbres m’empêchèrent d’approcher de ce singulier