Dans le cas contraire, elle reste libre de ses volontés
et dispose à son gré de ses faveurs. C’est grâce à
cette croyance que la race des îles Vit! s’est conservée
avec toute sa beauté, attendu que les jeunes gens, malgré
leurs passions, ne s’épuisent pas dès leur jeunesse
comme on le voit chez presque tous les peuples de
l’Océanie, et surtout chez les Nouka-hiviens. Les
femmes affectionnent beaucoup leurs enfants; la
stérilité est rare et elle est considérée comme un
grand malheur. La terre fournit presque sans travail
une nourriture abondante; dès-lors, les enfants sont
une source de richesse et en même temps une jouissance
vraie pour les parents.
Ils conservent un grand respect pour les morts ;
les prêtres sont chargés des funérailles des chefs dont
les corps sont déposés dans de superbes moraïs. Il
serait difficile de définir la religion des îles Viti ; les
habitants ont une idée d’un être suprême auquel, du
reste, ils n’adressent aucune prière. La maison
de l’Esprit est le seul temple que l’on rencontre, et
nous avons vu à quel usage il est destiné. Seulement
il est à remarquer que quand un homme meurt, ses
parents cherchent autant que possible à l’inhumer
près de la maison de l’Esprit; mais nous ne pouvons
savoir s’ils y attachent quelque idée religieuse, ou
bien s’ils ne veulent que rapprocher le mort de ce
lieu public où généralement on rencontre nombreuse
société.
On retrouve aux îles Viti cette coutume barbare de
tuer les vieillards, lorsque les infirmités inséparables
d’un grand âge, ne leur laissent plus qu’une existence
misérable. Ce soin est ordinairement réservé aux
plus proches parents ou aux enfants. Une fosse est
préparée d’avance, la victime y descend d’elle-même
et son bourreau l’y attend. Lorsque le vieillard s’est
assis ou plutôt accroupi à la manière des sauvages,
on le frappe d’un coup de massue sur la tête, et si la
victime n’est pas abattue du premier coup, l’exécuteur
est toujours inexorable, il le frappe avec fureur
jusqu’à ce qu’il soit mort, et cela, souvent malgré les
cris et les supplications de celui qui est condamné à
mourir.
Lorsqu’un chef meurt, on immole toujours sur sa
tombe plusieurs de ses femmes; aussi avons-nous vu
Latchika redouter surtout le sort qui devait être réservé
à ses femmes, si son absence, lors de son
voyage sur Y Astrolabe, avait dû se prolonger au point
de faire croire à sa mort. Les hommes et les femmes
se coupent une phalange du pied ou de la main pour
témoigner de leur douleur à la mort d’un chef ou
d’un parent, et ils montrent avec honneur ces horribles
blessures.
Nous avons déjà dit que l’on retrouvait, dans les
moeurs des habitants des îles Viti, plus d’un point de
contact avec celles des Tonga. Comme chez ceux-ci,
le kava est fort en usage aux Viti ; on le prépare dans
toutes les grandes occasions. Les cérémonies qui le
règlent sont, du reste, les mêmes qu’auxîls Tonga*.
* Voyez V~>yagc sur la corrette /’Astrolabe, t. IV, p. 25a.