gates de Lapeyrouse, et plus récemment encore les
navires de Kotzebue. Les leçons des missionnaires anglais
ont dû contribuer à les rendre bien plus réservés
envers les navires étrangers.
La nuit qui s’approche ne nous permet de voir
qu’une faible partie de la côte S. E. de Sevai. Elle est
limitée à la mer par des falaises taillées comme une
muraille, mais d’une hauteur médiocre; les longues
houles du S. 0. viennent s’y briser avec violence, et
par moments on voit d’immenses jets d’eau s’élever de
la mer, retomber sur les terres, d’où ils s’échappent
ensuite en cascade à travers les fissures des rochers.
A six heures et demie, disant un adieu définitif au
groupe des îles Samoa, je donne la route au S. \ E.
pour rallier l’île Vavao que je désire visiter.
Dans le projet primitif de mon voyage, Yavao devait
être une des relâches principales de la campagne ;
mais par suite des modifications que ce projet avait
subies, je me trouvais retardé de trois mois. Je ne
savais quand la mousson d’ouest arrivait dans ces
parages, c’est pourqnoi je me hâtais de profiter du
reste de la saison, et je voulais passer rapidement à Yavao
, d’autant plus qu’au fond, aucun besoin pressant
ne m’appelait dans cette île, toutes nos provisions
d’eau et de bois étaient au grand complet, et la santé
de nos équipages était très-satisfaisante.
Du reste, assez favorisés par le vent et surtout par
des courants qui nous portent assez régulièrement de
20 milles chaque jour dans l’ouest, dès le 4 nous
sommes en vue des îles Yavao.
La journée débute par des grains de pluie accompagnés
d éclairs et de nombreux coups de tonnerre
puis le temps s’éclaircit, et le soir, vers six heures loe
terres deVavao se déroulent devant nous. Redoutant
de forts courants dans l’ouest, je passe la nuit aux
petits bords, mais lorsque le S au matin nous revoyons
la terre, elle est déjà à 10 ou 12 milles au vent à nous
Un petit îlot qui se distingue à toute vue dans le
deviUt être Amargura. Sur-le-champ je me
mets a courir des bordées en serrant le vent pour atteindre
le port de Valdez, et à midi nous ne sommes
plus qu a 3 ou 4 milles de son entrée.
L’île de Vavao offre un aspect peu gracieux, une
longue falaise très-escarpée forme sa limite à la mer
l’intérieur est un vaste plateau d’une uniformité
desespérante.
Apres les riantes îles de Samoa, j ’éprouve un sentiment
de tristesse devant les terres dénudées de l’île
Vavao, si riche cependant de souvenirs et illustrée
surtout par les récits de Mariner, rasssemblés par le
docteur Martyn.
Au moment où notre route nous rapproche de
1 anse de Refuge, ainsi nommée par le capitaine espagnol
Maurelle , une petite pirogue montée par un Anglais
et plusieurs naturels, s’approche de Y Astrolabe
et me propose un pilote; mais il aurait fallu prendre
la panne pour permettre à cette embarcation assez
ma adroitement dirigée,de nous accoster. Sans perdre
un temps précieux, je continue ma route sans l’attendre.
IV.