avec une boisson fermentée, et il arrive quelquefois que le repas
des fune'railles finit par une rixe. Les mariages se font librement
et simplement ; les parents refusent leur fille s’ils le veulent, et
cela a donné lieu à plusieurs scènes.sanglantes, car on considère
un refus comme une insulte. Les filles sont libres jusqu’au mariage
; elles peuvent disposer de leurs faveurs comme elles l ’entendent.
Quelquefois l’amant repoussé enlève sa maîtresse, et
1 on a vu de pareils exemples de rapt amener la guerre entre deux
tiibus différentes. Souvent les guerriers épargnent la vie de leurs
vaincus, qui deviennent esclaves et qui abjurent leurs dispositions
hostiles. Un homme ainsi épargné adopte les coutumes de
la tribu qui l’a pris et combat pour elle, même contre la sienne et
ses parents. Les femmes paraissent plus enclines à suivre les recommandations
des missionnaires. Madame Rodgerson avait
réussi à réunir un certain nombre de jeunes filles, qui commençaient
a lire et a écrire ; mais jamais les hommes n’avaient eu autant
de condescendance. Donnez-moi de la poudre, disaient-ils,
et je vous écouterai. Que me reviendra-t-il de travailler à apprendre
vos livres pour vous faire plaisir? Donnez-moi d e là
poudre, j irai me b attre, et je vous écouterai après...
(M . Desgraz.y
Note 18, page 96.
Nous fîmes route sur 1 île basse de Maupelia, que les cartes
mettaient a 22 lieues de distance de Maupeti; nous avions longtemps
a courir avant de la rencontrer, et tout le monde se coucha
tranquillement. Le vent était frais et augmenta encore dans la
nuit. Tout à coup nous fûmes éveillés en sursaut par le bruit
que 1 on faisait sur le pont et le doute qu’exprimaient plusieurs
personnes sur la possibilité de doubler la terre et les récifs que
nous avions sous le vent, à très-petite distance. D’un bond chacun
se trouva à son poste sur le pont. Nous nous croyions encore
à 24 milles de Maupelia, lorsque l’on aperçut tout à coup au milieu
de l’obscurité, une ligne blanche de brisants sur lesquels
nous courrions avec rapidité, et derrière les brisants une terre
basse qui s’élevait à peine au-dessus d elà surface de la mer. Nous
manoeuvrâmes immédiatement pour changer de route, et c’est
alors que tout le monde sauta sur le pont.'Nous étions dans une
position très-périlleuse, nous avions fort peu de voiles pour faire
moins de chemin avant de rencontrer la terre, et il nous en fallait
beaucoup plus pour que la grosse mer ne nous jetât pas sur
les récifs où tout le monde aurait infailliblement péri. Grâce à la
bonté de notre équipage, nous nous trouvâmes en peu d’instants
avec la voilure nécessaire pour marcher un peu malgré la grosseur
de la mer. A un certain moment le vent nous refusa de deux
quarts et nous mit dans la position la plus critique. Nous
ne pouvions plus doubler et il nous était impossible de prendre
1 autre bord. Fort heureusement la brise revint où elle
était et nous permit de doubler cette île à l'honneur après une
heure environ d’incertitude. Nous étions fort inquiets aussi sur
le sort de Y Astrolabe, mais nous aperçûmes ses feux de position
dans 1 ouest des récifs, ce qui nous tira d’inquiétude. Nous
faillîmes renouveler la catastrophe des deux frégates de Lapé-
rouse, et je crois que pendant tout le reste de la campagne nous
ne nous trouverons pas dans un plus grand péril.
[M. de Montravel.)
Note 19, page 125.
Sur les cinq heures du soir, j ’accompagnai le commandant
d’Urville dans une visite au missionnaire anglais établi à Apia ;
il habitait en ce moment avec sa femme et un jeune enfant, une
mauvaise case que lui avait donnée le chef, en attendant l’achèvement
d’une maison très-confortable que nous trouvâmes déjà