à quelques exceptions près, leur visage a tout le type de la laideur
mongole ; il est même marqué du sceau de l’abrutissement.
Cette infériorité de la femme, réduite à ne reconnaître d’autre
loi que celle du plus fort, n’est pas seulement le résultat de cette
odieuse soumission et de la stupeur organique qu’elle entraîne,
mais aussi des souffrances de la misère. Une femme ne peut être
belle qu’en restant sensible, délicate; elle »’enlaidit en s’endurcissant.
Les nomades Patagons ne maltraitent point leurs femmes
; si 1 on en excepte la chasse , qui pourvoit abondamment à
leur subsistance, ils partagent avec elles le petit nombre de leurs
tiavaux, qui consistent surtout à dépouiller les animaux, dépecer
les viandes, coudre et préparer les peaux pour en faire des manteaux
ou des tentes grossières; elles n’ont ni intérieur à soigner,
ni troupeaux à garder; ces femmes cependant, qui passent leur
existence dans la plus oisive indifférence, Sont fort peu attrayantes
; toutes sont même beaucoup au-dessous des hommes, parmi
lesquels on trouverait de très-belles figures si l’on pouvait leur
enlever 1 air de stupidité. Les ressources , les petits soins multipliés
de l ’ingénieuse civilisation sont indispensables à la femme ;
il lui faut une nourriture moins abondante que choisie et délicate
; il lui faut une considération sociale qui assure à sa douceur,
à sa faiblesse, à sa vive sensibilité , protection ; à son dévouement
maternel, reconnaissance. A ce prix seul elle peut être
jolie et le devient quelquefois. C’est tellement vrai, que les peuplades
sauvages les plus heureusement placées sur la surface de
notre globe, les plus abondamment pourvues des fruits de la terre
et des ressources de la nature, présentent encore de notables différences
dans le développement de l’homme comparé à celui de la
femme. Les îles de la Polynésie, qui nous occupent i c i , offrent
un bon exemple en faveur de cette observation. Sans doute, les
îles Taiti, Tonga, Samoa, sont habitées par un rameau de la race
îouge incontestablement en progrès; les femmés y ont profité
de 1 amélioration générale. La preuve en est que les plus bellessont
celles qui représentent mieux, dans leur sexe, les traits et
même la stature des hommes de leur pays ; mais aussi sont-elles
hommasses. Ce n’est point là le genre de beauté qui leur appartient
et auquel la nature s’arrêterait si la civilisation répandait
sur elles tous ses bienfaits. Les Noukahiviennes ne méritent pas
le même reproche : leurs formes sont infiniment plus élégantes ;
mais il existe cependant encore une grande distance entre elles
et leurs maris ; ils sont en effet beaucoup mieux qu’elles de corps
et de visage. Essayons maintenant de tracer le portráit des intéressantes
habitantes des îles Nouka-Hiva ; choisissons pour modèle
les plus agréables d’entre elles que le hasard nous ait offertes
, c’est le seul moyen de nous faire une idée juste du plus haut
degré de beauté auquel les femmes rouges puissent-prétendre au
sein de la barbarie.
Le négligé où nous trouvâmes ordinairement lesjeunesNouka-
hiviennes fut très-favorable à nos observations. Un grand nombre
vinrent à bord en costume de naïades : quelques fleurs
dans les cheveux composaient toute leur toilette. Plus tard,
leur pudeur ne pouvant plus s’excuser sur la nécessité de fendre
les flots pour venir jusqu’à nous, elles s’empressaient de se couvrir
d’une pièce de tapa lorsque nous nous présentions dans leurs
cases ; mais ce sentiment de pudeur durait p e u , soit que l ’empressement
de nous accueillir leur fît oublier tout autre soin ,
soit qu’un sentiment de coquetterie les guidât, car elles ne tardaient
guère à se mettre à l’aise et à emprunter leurs plus beaux
ornements au plus simple appareil.
Leur stature est moyenne; nous l’évaluons à un mètre
soixante centimètres environ ; leurs cheveux noirs sont lissés,
huilés et relevés derrière la tête ou flottant sur les épaules et retenus
alors sur le front par un cordon rouge en vaquois. Leur
regard est doux , leur physionomie animée d’une expression de
gaieté un peu folle ; leurs yeux sont vifs, grands et souvent un peu
relevés en dehors ; de longs cils les abritent ; leur bouche serait