compagnons tentèrent de s’évader dans la pirogue d’un navire
baleinier américain, qu’un matelot déserteur leur avait livrée. Ils
partirent en effet, le matelot les accompagnait, mais au bout de
deux jours, le temps et le manque de vivres les ramena à Vavao,
ou ils reçurent chacun trente coups de corde. La violence des
coups était extrême, et ce châtiment les rendit malades pendant
quelque temps.
Cependant le souvenir de cette punition ne put empêcher Mafi
et son. frère de tenter une nouvelle fois de recouvrer leur liberté.
En 1837, gardés plus strictement, ce ne fut qu’au moyen des
femmes dont ils avaient gagné l’affection, qu’ils firent préparer les
moyens qui devaient les conduire à la liberté. Une pirogue double
était déjà prête, les vivres nécessaires s’y trouvaient, ils allaient
partir, lorsque la faiblesse d’une des femmes qui les accompagnaient
vint trahir leur projet. Arrêtés sur-le-champ, on les
punit encore, mais avec tant de violence, que le frère de Mafi
mourut des suites des coups de corde qu’on lui avait appliqués.
Mafi revint à la santé, on lui rasa la tête et on lui assigna pour
demeure le village d’Oatea, lieu où les navires font leur eau. Il
était la sous la surveillance du chefVeykile.
Souvent les missionnaires de Vavao ont essayé de le convertir,
mais Mafi les considérant comme la cause de ses malheurs et les
oppresseurs de son pays, les a toujours repoussés. Il leur a voué
une haine implacable, et s’il s’est réfugié sur un navire français,
cest qu’il aura peut-être appris que cette nation et celle des missionnaires
sont rivales. Dans tous les cas, ne pouvant atteindre
Tonga-Tabou, il préfère s’éloigner pour longtemps, il quitte son’
pays en conservant l ’espérance de revenir un jour et d’aider à
chasser les missionnaires persécuteurs.
Voici maintenant quelques détails sur les opérations de la
guerre de Tonga-Tabou. Elle eut lieu dans le milieu de l’année
1837, et dura quatre mois. Les forces sous les ordres de King
D.
George s’élevaient à i 56o guerriers, dont 700 de Vavao et 860
des îles Hapaï. Ce nombre indique la totalité de la population de
ces îles en état de porter les armes à cette époque. A cette troupe,
Nougalafa, chef chrétien de Toubaou, avait joint plus de 1000
hommes. La guerre avait pour motif les persécutions que les
chrétiens de Tonga-Tabou éprouvaient de la part de ceux qui
restaient attachés à l’ancienne religion.
Les missionnaires anglais avaient excité cette croisade, mais ils
ne participèrent pas aux opérations de la guerre, qui commença
ses ravages en ruinant Mafanga, défendu par 800 habitants sous
les ordres de leur chef Faka-Fanoua. Puis vint le tour de Houle
dont les habitants, au nombre de 3 à 4°°> s’étaient fortifiés en
creusant des fossés et en élevant des murs de terre.
Outre la population de Houle, un corps considérable d’auxiliaires
défendait la place. Le frère de King-George ayant été blessé
dans l’attaque, on fit main-basse sur les assiégés ; on tua femmes
et enfants, et on porte le nombre des morts à 700. L ’action dura
quatre heures. Plus tard , Noukciu-Noukou, village habité par
1700 habitants, fut attaqué, mais sans succès.
En revanche Hala^Leva, petit village, fut saccagé, ses habitants,
au nombre de 3o, furent presque tous tués.
A Pea, fort village défendu par 2800 hommes, King George
battit les habitants en diverses rencontres. C’est là où des guerriers
de l’armée chrétienne mangèrent le foie et le coeur de deux
chefs ennemis. C’est du reste le seul cas de cannibalisme dans
une guerre où les atrocités ne manquèrent pas.
Teiki fut aussi attaqué, on tua une vingtaine d’hommes sur
'4oo qui y demeurent.
Comme on le voit, la guerre opérait sur des villages isolés, et
les combattants se réunissaient rarement en corps sur le champ de
bataille. Une fois les forces réunies, des chefs de Tonga-Tabou
soutinrent le choc des ennemis, et cette fois elles ne furent pas battues.
C’était à Nichifa oùMogniola, premier chef de Pea,Finoua