de population qui s’est ‘transportée à Papeïii, et alors
il n’y aurait eu que déplacement. Je ne vois pas non
plus que les habitants soient devenus plus laborieux
ni plus industrieux ; ils semblent au contraire être
plus indolents que jamais. Il est presque inévitable
que cet état de choses ne les plonge de plus en plus
dans la misère. Les missionnaires seuls font là leurs
affaires et profitent adroitement des changements
qu’apporte chez ce peuple l’approche des Européens.
Ces résultats sont sans doute peu satisfaisants,
mais ils sont réels : ils sont la suite nécessaire de la
civilisation apportée par des hommes qui n’obéissent
qu’à des sentiments d’égoïsme. Dans l’état actuel, il
faudrait à ce peuple demi-sauvage qu’il pût être guidé
par d’autres hommes d’une nature supérieure et animés
surtout par dès sentiments charitables et complètement
désintéressés. Ce sont des qualités que n'ont
jamais eues les missionnaires anglais, et qui sait si les
catholiques, un jour plus puissants , ne marcheront
pas devant les prêtres protestants?... A tout cela, la
seule réponse qu’il y aurait à faire est celle-ci. Les
terres où se trouvent disséminées les peuplades de
l’Océanie, ne pouvaient pas rester inconnues aux Européens.
En supposant que ces peuples fussent restés
abandonnés à eux-mêmes, les déserteurs des baleiniers,
les échappés des bagnes de Port-Jakson, en un
mot le rebut de la société anglaise aurait débordé
sur leurs îles et les auraient grangrenés au physique
comme au moral, ce qui déjà n’existe que trop en
différents endroits. Il a donc mieux valu pour eux
DANS L’OCEANIE. 83
recevoir des missionnaires chrétiens leurs loiset leurs
institutions, tout imparfaites qu’elles sont, plutôt
que de rester exposés au triste sort qui les menaçait,
ce qui n’eût pas manqué d’amener promptement
leur ruine complète.
Après avoir gravi la colline du Cap-de-l’Arbre,
nous nous retrouvons sur la plage de Matavaï.
J’admire surtout combien les citronniers, les orangers
et les goyaviers se sont propagés sur cette belle
terre ; ils forment des bois entiers qui répandent au
loin leurs doux parfums. Les goyaviers surtout, que
l’on connaissait à peine en 1823, ont multiplié avec
une étonnante rapidité.
M. Rodgerson que j’avais invité à venir déjeûner
avec moi, arrive aujourd’hui à neuf heures et demie
du matin accompagné de M. Pritchard. J’ai cru un
instant que ce dernier resterait à déjeûner avec nous,
mais il s’est excusé sur ce qu’il est engage'à dîner chez
M. Wilson à midi précis. Du reste, il me renouvelle ses
offres "de services, et nous nous quittons sur un ton
très-poli. Après le déjeûner, je partage avec M. Rodgerson
le peu des graines de France que j’avais de
reste, et ce cadeau paraît lui faire bien plaisir ; j’y
ajoute une médaille de l’expédition.
M. De Flotte, aspirant de marine sur la frégate la
Vénus, ayant demandé à embarquer sur la Zélée, et les
capitaines de ces deux navires ayant donné leur consentement,
j’accorde à M. De Flotte l’ordre de quitter
la Vénusponv continuer ses services à bord de la Zélée.
Cette démarche prouve au moins de la part de ce