1838.
Oclobrc. l’officier à qui je l’avais confié ; mais dix ans se sont
écoulés depuis cette époque, et aujourd’hui la présence
même du missionnaire est une garantie. Du reste,
M. Duroch a l’ordre de ne point descendre à terre et
de se retirer au moindre signal pouvant faire croire
à des intentions malveillantes.
Une heure après j’ai le plaisir de voir revenir ma
baleinière qui m’amène deux hommes du pays. Yoici
du reste le récit de ce qui venait de se passer à terre
et que j’extrais du journal même de M. Duroch, qui
commandait l’embarcation.
« Je quittai le navire à deux heures et demie et gôu-
« vernai sur le récif vers un point de la plage où nous
« apercevions une masse de peuple. La distance
« ayant été bientôt franchie, j’entrai dans une passe
« d’une demi-encâblure au plus, et où l’eau s’agitait
« comme si elle eût été en ébulli tion ; mais confiant
« dans les bonnes qualités de la baleinière, je m’a-
« venturai sans arrière-pensée dans ce passage et
« bientôt je me trouvai dans une mer calme et tran-
« tranquille. Je me dirigeai alors vers une pirogue
« double, mouillée près du rivage, et sur laquelle se
« trouvaient une foule d’individus au milieu desquels
« j’eus la satisfaction d’apercevoir un costume euro-
« péen. J’accostai peu après cette pirogue et je fus
« reçu en effet par M. Cargill, missionnaire anglais,
« qui nous engagea aussitôt à nous rendre chez lui
« pour nous y rafraîchir. Il lut les lettres que je lui
« apportais avec une véritable satisfaction, car il
« y avait bien longtemps qu’il n’avait reçu de nou-
« velles de ses confrères. Ensuite nous arrivâmes sur
la plage où nous fûmes reçus par une nombreuse
population que j’examinai curieusement Je ne
pus du reste que jeter un coup d’oeil sur cette race
nouvelle, car je n ’avais qu’une demi-heure à passer
à terre, et j ’avais à m’occuper de choses plus sérieuses.
Le commandant m’avait chargé de demander
un pilote au missionnaire qui s’empressa
de s’occuper de cette affaire dès que je lui eus
fait connaître le but de ma démarche auprès de
lui.
« Après avoir marché environ un quart d’heure au
milieu des cabanes qu’ombragent de nombreux cocotiers,
nous arrivâmes dans la case du prêtre méthodiste
située dans un vallon gazonné où se montrent
quelques rares cocotiers. Nous y fûmes reçus
par madame Cargill, jeune femme au visage pâle et
souffrant, escortée par quatre ou cinq petits enfants.
Après nous avoir offert des rafraîchissements,
M. Cargill nous présenta un chef nommé Latchika ;
cet homme était très-bien, un peu trop gras peut-
être, mais grand, bien fait, et d’un physique remarquable....
Peu après, je fus présenté au roi ou
chef du canton, homme réellement magnifique, un
peu gros aussi, mais d’une belle taille. Son buste
était nu, mais le reste du corps était enveloppé par
une très-belle étoffe du pays, couverte de dessins
noirs à carreaux parfaitement faits. Sa tête était
garnie d’une étoffe blanche de même espèce. Sur
sa poitrine tombait une plaque en écaille indiquant