1838.
Octobre. Pendant son séjour à Taïti, le capitaine Bureau vit
débarquer onze hommes de son équipage, parmi lesquels
se trouvaient son second et son charpentier-
Ces hommes, mécontents de leur capitaine, avec lequel
ils avaient eu différentes altercations, quittèrent
la Joséphine sans avoir touché un centime de
leurs gages; il n’y eut que le charpentier, pour qui
le capitaine avait gardé quelque estime, qui put être
payé.
« Avant de quitter Taïti, M. Bureau prit à sou
bord deux matelots américains, dont l’un était charpentier,
puis il se remit en route pour les îles Viti.
« Pendant 1 absence de la Joséphine, le deuxième
maître, Joseph, qui était reste sur l’île Piva, pour y
continuer la pêche, fut atteint de la petite-vérole qui
l’obligea de garder le lit. Les nommés Thomas et David
Wippy, Anglais, résidant a l’île Lebouka, ayant
appris qu’il y avait un Européen malade à Piva, s’y
rendirent dans une pirogue, et emmenèrent Joseph
avec eux à Lebouka où ils le soignèrent pendant six
semaines que dura sa maladie.
« Quand Joseph fut rétabli il revint à Piva. Quelque
temps après arriva au mouillage, devant la même
île , un navire américain auquel le deuxième maître
Joseph vendit le produit de sa pêche pour des fusils,
de la poudre, etc. La longue absence de la Joséphine
qui devait revenir au bout de trois mois, engagea
Joseph à faire ce marché, croyant que le navire
s’était perdu.
* Quand le capitaine Bureau fut de retour à Piva
et quand il eut appris de la bouche même de Joseph
ce que ce dernier avait fait du produit de sa pêche,
il lui en fit d’amers reproches. Le second maître craignant
que cette affaire n’ait des suites plus graves, remit
à son capitaine les fusils et la poudre qu’il avait
eus en échange de son poisson et déserta; mais il fut
repris peu de temps après par des naturels du pays
qui l’emmenèrent à M. Bureau. Quand il se vit pris,
Joseph s’excusa si bien auprès de son capitaine, et parut
tellement repentant de sa faute, que M. Bureau
lui rendit sa confiance et le réintégra dans ses fonctions
de surveillant de pêche.,
« Quelque temps après, Nakalassé voulant faire
la guerre à Tanoa, chef de l’île Pao, demanda au
capitaine Bureau à prendre passage à bord de la
Joséphine avec ses guerriers pour se rendre à l’île
Sama-Sama,, où Tanoa s’était réfugié. Il promit au
capitaine quantité d’écailles de tortue et de tripangs
pour payer son passage. M. Bureau ne se refusa pas
à la demande de Nakalassé, qui s’embarqua sur la
Joséphine avec sa troupe et l’expédition mit sous
voiles.
« Avant d’arriver à Sama-Sama, la Joséphine relâcha
devant l’île Datéoa, où Nakalassé et ses gens
firent une descente, tuèrent un naturel, prirent deux
pirogues et rapportèrent leur butin à bord du navire
, où ils y firent rôtir l’homme qu’ils avaient tué
pour le manger , et amarrèrent les deux pirogues
derrière le brick.
« Arrivés devant Sama-Sama, l’armée de Naka—