Je venais du reste d’être dupe de ma confiance dans.
les déterminations de Cook; l’île que nous venions de-
rencontrer était bien l’île Maupelia, et certes c’est un
bon avertissement pour apprendre aux navigateurs
que l’on ne peut jamais être trop prudent pour naviguer
dans ces mers semées d’écueils. En mettant en
panne pour ne pas faire route la nuit, j’aurais perdu
du temps il est vrai, mais je n’aurais pas autant aventuré
mes navires.
Au jour, nous reprenons les amures à bâbord, et
peu après nous revoyons la terre Maupelia à cinq ou
six milles devant nous. Bientôt après nous pouvons la
cotoyer à petite distance. Elle se compose de trois îlots
bas bien boisés, mais peu garnis de cocotiers, et qui
sont enchaînés par une ceinture de brisants qui s’é tendent
au loin dans la partie sud ; un beau lagon en
occupe l’intérieur. Nous n ’y distinguons, du reste,,
ni habitants ni traces d’habitation. Heureusement du
côté de l’est le récif ne s’éloigne guère plus de trois à
quatre encâblures de la plage, et c’est ce qui nous a.
sauvés, car nous avons pu apercevoir malgré la nuit
les arbres de la côte lorsque nous avions encore le
temps nécessaire pour nous éloigner. Si nos corvettes
eussent accosté le récif quelque milles plus sud, nous
ne l’aurions aperçu qu’en y tombant dessus.
Toujours poussés par une belle brise.d’E. S. E.,
nous courons ensuite dans l’ouest sur l’île Scilly. Dès
onze heures nous commençons à voir apparaître ses
arbres aux limites de l’horizon, et à midi nous n’en
sommes plus qu’à deux milles environ.
Nous sommes assez heureux pour avoir des obser- 1838; * x . Septembre.
valions l et des-lors nous pouvons avoir la certitude
que l’île Maupelia se trouve placée d’après Cook,
de vingt-cinq milles trop à l’ouest, erreur qui a été
près de nous devenir fatale pendant la nuit passée.
Je me proposais en premier lieu de doubler l’île
Scilly par le nord ; mais apercevant un immense brisant
qui s’étendait dans lé sud, j’ai pensé qu’il serait
utile aux navigateurs d’avoir la configuration de ces
dangereux écueils. L’île Scilly est formée par un récif
qui s’éloigne de deux à six milles et de quelques îlots
bas à l’intérieur, dont les parties boisées laissent
voir quelques touffes de cocotiers; du reste, nous n’y
apercevons pas d’habitants. L’eau nous paraît peu profonde
dans le lagon intérieur. Nous suivons le récif
de très-près, et ensuite je mets la route à l’O. ~ S. pour
rallier le plus vite possible les îles des Navigateurs.
Le vent alisé nous a poussés rapidement vers notre 23.
destination, qt le 23 la vigie, à qui j’avais recommandé
de veiller attentivement, ne tarda pas à signaler
un petit îlot droit devant nous. C’était l’île Rose,
la sentinelle avancée de l’archipel Samoa (ou des
Navigateurs). Cette petite île a été découverte par le
capitaine Freycinet, qui lui imposa le nom de sa
femme, qui l’avait accompagné dans son voyage.
De sept à huit heures du matin, nous prolongeons
à moins d’un mille de distance le récif qui forme à
l’îlot une ceinture de six à sept milles de circuit. L’île
Rose n’e s t, du re ste , qu’un monceau de sable de
200 mètres environ de diamètre, couvert d'un