plates élevées de champ; un massif épais de verdure cache aux
yeux des profanes l’intérieur de cette enceinte. C’est là qu’est l’autel
du sacrifice; c’est là que les victimes humaines sont immolées et
mises en pièces pour être dévorées. Quelques Européens qui résident
auprès de Tahanoa (un Espagnol et plusieurs Anglais) assurent
que peu de jours avant notre arrivée avait eu lieu un de ces
horribles festins. J’ignore quel rôle jouent en pareille occasion les
misérables transfuges qui ont fourni ces renseignements.....
Tahanoa, avant de s’embarquer, demanda des nouvelles de
celui de nous qui avait été blessé par l’explosion d’un fusil; C’est
ainsi qu’on apprit que l’un de nous voulant sortir d’une case, et
prenant son fusil par le canon pour le relever, la détente s’était
accrochée à la natte sur laquelle l’arme était étendue, le coup
partit et la balle effleura la main de l’officier, qui, heureusement
n’eut qu’une blessure très-légère. Cette détonation subite causa
une grande frayeur aux femmes qui n’en furent pas moins empressées
pour secourir le blessé. L’un des naturels voulait même
sucer la plaie. On aime à trouver de tels exemples d’humanité
chez un peuple sauvage , un peuple cannibale......
( M. Roquemaurel. )
Note 37 , page 214*
Les Vitiens sont cannibales et ne s’en cachent pas ; dans leurs
guerres ils mangent impitoyablement les morts amis ou ennemis;
souvent nous leur faisions le geste de nous mordre le b ra s , on
voyait alors leur face noire s’épanouir et ils souriaient de plaisir
en montrant deux rangées de dents blanches comme des perles.
C’est une belle race d’hommes.bien inférieurs cependant aux
Tonga. Les femmes sont petites, laides jusqu’à l’âge de puberté.
Les enfants des deux sexes sont complètement nus. Quand les
filles deviennent nubiles elles prennent la ceinture en sayne, en
paille ou fil de coco, et les hommes le maro comme chez tous les
peuples sauvages. La femme est entièrement l’esclave de son seigneur
et maître, tous les travaux domestiques sont exclusivement
de son ressort ; l’homme pêche , fait la guerre, construit sa case
et sa pirogue. Dans les plantations de taro nous voyons souvent
des femmes travailler avec un enfant sur la hanche, le marmot est
là à cheval et parfaitement à son aise ; quand il c r ie , la mère lui
envoie, sans se déranger, le bout de son sein par-dessous l’aisselle
; à deux ou trois exceptions près, j’ai trouvé ces misérables
créatures parfaitement dégoûtantes. Du reste, elles se livrent peu,
quelques-uns denous cependant, possédés du démon de la luxure,
ont fini par trouver le chemin de leur coeur ; mais en conscience,
il fallait avoir le diable au corps. Ces îles sont peu fréquentées par
les Européens, quelques navires viennent à de rares intervalles y
prendre du tripang et du bois de sandal qu’ils vont porter sur les
marchés de Chine. L ’Anglais Dillon en a fait une description assez
détaillée, mais il a menti avec une rare impudence. Le bois
de sandal si recherché dans presque tout l’Orient, y croissait en
abondance; on n!en trouve plus beaucoup sur le littoral, mais il
paraît qu’il est assez commun dans l’intérieur de grandes îles.
D’après ce que j ’ai pu savoir, les Vitiens, outre une infinité de
divinités, rendent un culte à leur manière à Yatoua (le grand
e sp rit), c’est suivant l’occurence un bon ou mauvais génie que
des jongleurs font parler avec des grimaces diaboliques. Il y avait
à Lebouka une maison de Tatoua qui ressemblait à toutes les autres
; les naturels paraissaient, du reste, s’en soucier fort peu.
Au fond de la case était un rideau derrière lequel Tatoua se communiquait
a ses serviteurs; des armes étaient appendues comme
des ex voto le long de la muraille et au beau milieu était un vaste
foyer autour duquel les vieillards se réunissaient à certaines époques
de Tannée.
Entre autres objets nous avons acheté aux naturels des flûtes
assez bien travaillées. C’est un bambou d’un pouce et demi de
diamètre et de 18 pouces de longueur avec trois ou cinq trous.