ievenir à bord de Y Astrolabe qui leur faisait prendre un bain si
malin......
■ÇM. Raqueinatlrel.')
Note 3, page 34*
Parmi les jeunes filles se trouvaient quelques femmes, dont les
maris, indifférents autant que possible sur leur chasteté, étaient
venus les accompagner. Ceux-ci ne se bornaient pas à fermer les
yeux sur les artifices qu’elles employaient pour nous séduire ;
mais ils les excitaient même du geste et de la voix, et nous les désignaient
par leurs signes, cherchant par là à attirer notre attention
pour tromper notre surveillance et se glisser à bord de nos
corvettes. A chaque instant q uelques-uns d’entre eux, franchissan t
les filets d’abordage, nous forçaient à avoir recours à des mesures
sévères pour les faires rentrer dans leurs pirogues. La prudence
commandait d’en agir ainsi, car la perfidie des sauvages dépasse
souvent tout ce que peut inventer la civilisation la plus raffinée ;
et si le Polynésien, dans l’état de nature éminemment hospitalier*
ci oit souvent en remplir les devoirs envers l’étranger qui le visite
en luioffrantsafemme ou sa fille, quand sa cupidité, instinct tout
puissant chez lui, est en jeu, il est capable aussi d’employer l’un et
l’autre comme un appât pour attirer dans le piège qu’il a tendu.
Parmi tous ces sauvages qui nous obsédaient, je remarquai un
beau jeune homme auquel les autres montraient de la déférence,
qui d’un air timide et suppliant réclamait la faveur d’être admis
parmi nous. A peine sorti de l’adolescence, son physique n’avait
pas encore atteint ce développement des muscles qui caractérise à
un si haut degré les Nouka-hiviens, annonce la force et la vigueur
et fait deux une des plus belles races d'hommes qu’on
puisse rencontrer. Mais il se distinguait commeeux, par sa grande
taille pleine d assurance, la beauté de ses formes, la proportion
exacte de tous ses membres qui formaient un ensemble parfait et
plein de grâce, digne de servir de modèle à un sculpteur chargé
de reproduire Apollon. Son vêtement était encore plus, simple
que celui qu’on a l’habitude de donner à ce Dieu dans nos
musées, car il ne portait, comme tous ses concitoyens, qu’une
espèce de ceinture en étoffe de mûrier, ayant assez de consistance,
destinée seulement à remplacer la feuille de figuier de nos premiers
pères; ses cheveux noirs, luisants et touffus, rasés sur le
front et réunis, comme dans la coiffure à la chinoise, en
touffe sur le sommet de la tête, laissaient à nu un front large et
intelligent, et ses traits beaux et réguliers résistaient avec avantage
à l’épreuve d’une coiffure à laquelle nos beautés les plus
accomplies redoutent souvent de se soumettre, tant elle laisse
apercevoir les moindres imperfections. Ses-oreilles étaient ornées
de bases.de petits cônes arrondis et polis, à l’intérieur desquelles
était fixée par une espèce de ciment, une dent de cochon sculptée,
représentant,!’Atoua ou Dieu. Çet ornement quoiqu’.un peu gros,
fixé dans le. tube de l’oreille par une petite cheville en bois qui
traversait la dent, formait toute sa parure; Je tube de l’oreille n’én
paraissait pas trop surchargé, et celle-ci n’en conservait pas
moins avec la tête les proportions rigoureuses. Son corps, grâce
à son âge, n’avait encore du tatouage que la quantité qu’il en faut
pour parer des hommes qui vont nus ; il se composait de dessins
réguliers qui entouraient sans interruption le bassin, depuis les
hanches jusqu’à la moitié des cuisses, et formait une espèce de
pantalon. Ses jambes n’en'avaient-que quelques légères traces, et
des figures, symétriques couvraient le devant de sa poitrine et les
côtes à droite et à gauche. On remarquait surtout parmi elles
celle du requin, animal redouté par eux, et adopté ainsi, comme
un emblème pour épouvanter les ennemis. Beaucoup de naturels
ont le visage couvert de tatouage; le sien , n’en portait que quelques
légères marques et conservait-, grâce à cela, toute son expression
de douceur et d’ingénuité. Leur rareté qui n’était due