voilure modérée, et à l’exécuter longtemps à l’avance
quand le temps commence à menacer. Par là
on évite aux matelots ces manoeuvres précipitées et
quelquefois trop tardives qui peuvent amener de
graves accidents. On évite surtout de faire réveiller
en sursaut ces hommes qui souvent en moiteur quittent
leurs hamacs pour venir s’exposer à la pluie ou à
l’air frais. Aussi, malgré la faiblesse de notre équipage,
XAstrolabe a pu achever son voyage souvent
traversé par des circonstances critiques, sans que
nos marins aient eu plus de cinq fois à se lever promptement
pour donner la main à la manoeuvre. Pour
ceux qui seraient encore appelés à faire de semblables
travaux, je ne saurais trop insister sur l’importance
de ces précautions.
Ce matin à 6 heures nous avions déjà dépassé de
près de 25 milles la position que Hutchinson m’avait
indiquée pour Tiberonnes, aucune terre ne se montrait
dans l’ouest, quoique l’horizon fût très-clair.
Aussi je me décide à abandonner la recherche de
cette île probablement imaginaire, et je fais route
au S. | 0.
Un beau sillage de sept, huit et quelquefois neuf
noeuds, nous a fait rapidement approcher des îles
basses de l’archipel Pomotou, La mer d’abord houleuse,
sans doute brisée par les coraux qui emprisonnent
les Pomotou, s’apaise bientôt et devient
unie. A midi, la vigie signale, des barres de perroquets,
les terres de l’île Tiokea,n o u s longeons sa
bande ouest à deux milles de distance ; c’est une
île basse bien boisée et ayant à l’intérieur un lagon
qui parait avoir quelque profondeur.
En doublant la pointe occidentale de Tiokea, nous
apercevons, sous d’énormes massifs de cocotiers, une
grande case entourée par d’autres plus petites. Une
cinquantaine d’insulaires environ se réunissent sur
la plage pour nous considérer, tandis que quatre chétives
pirogues montées chacune par trois insulaires,
pagayent vers nos navires. Je serais bien content d’avoir
quelques communications avec ces sauvages,
mais le temps me presse, je veux visiter l’île Oura
avant la nuit, et je continue ma route. Nous avons,
du reste, entrevu une passe dans les récifs, qui
semble promettre un bon ancrage où l’on pourrait
aller facilement mouiller avec les vents d’est.
Nous n’avions pas encore dépassé la pointe sud de
Tiokea que déjà nous apercevions les arbres de l’île
Oura. C’est encore une île basse, bien boisée et bien
pourvue de cocotiers, avec un lagon à l’intérieur. A
6 heures du soir nous l’avions prolongée à 3 ou
4 milles de distance, et la route était donnée au.
S. | E.
A 5 heures et demie du matin, dès que le jour
paraît, la vigie signale une longue terre sous le vent
et une autre au vent.
La première doit être sans doute l’île Ireland,
1 ancienne Carlshoff de Roggwein, et nous ayons dû
la prolonger à 12 ou 13 milles de distance, attendu
qu elle n’était visible que de dessus les vergues du
perroquet de fougue.