les abandonner aux ravages du temps jusqu’à ce
qu’ils soient complètement détruits. Les matériaux
qui servent à ces constructions ne paraissent pas
devoir résister longtemps dès qu’ils sont abandonnés
, et les cailloux seuls qui forment le piédestal
peuvent longtemps encore indiquer là place du monument
et sa destination.
Jusqu’ici M. Dumoutier a vainement tenté de décider
quelques Nouka-Hiviens à laisser mouler leur tête.
Tant qu’il a été question seulement de prendre des
mesures, la chose a été possible ; mais dès le moment
qu’il s’agissait de porter la main sur la tê te , le fatal
tabou était un arrêt pour toutes les bonnes intentions
de ces indigènes, et rien à cet égard n’a pu vaincre
leur répugnance. Cette superstition, jadis commune
à tous les peuples de la Polynésie, paraît régner
encore ici dans toute sa vigueur.
Les blancs établis dans cette vallée sont au nombre
de sept. Quatre sont Américains, deux Espagnols
et un Anglais. Chacun d’eux a dû s’établir sous
la protection d’un chef, dont il n’est au fond que le
premier serviteur. Au demeurant, à l’exception de
Hutchinson, qui avec de l’intelligence' paraît encore
conserver quelques sentiments d’honneur, tous les
autres sont de véritables chenapans déserteurs de
leurs navires, et peut-être pis encore. Il faut convenir
que ce sont là des guides bien mal choisis pour amener
les pauvres sauvages vers des vues nouvelles \
Notes i , a, 3, 4» 5, 6, 7, 8, 9 et 10.
CHAPITRE XXVI.
Fin de la relâche de Nouka-Hiva, et traversée de Nouka-Hiva à
Taïti.
Notre provision d’eau est entièrement terminée;
aujourd’hui les chaloupes vont chercher le bois à
brûler que Hutchinson a préparé pour nous. Pour
quelques haches nous en avons une bonne quantité.
Ce moyen qui est prompt et peu dispendieux a épargné
à nos matelots bien des fatigues, et je m’estimerais
heureux s’il pouvait se représenter à chaque
relâche de la mission.
Hutchinson m’apprend aujourd’hui que PaJcofcoest
ce chef qui fit tuer l’Américain dont j’ai déjà parlé, et
dont tout le crime était d’avoir volé quelques patates.
Ce furent les gens de Pakoko qui dévorèrent ensuite
le cadavre après l’avoir d’abord inhumé ; le navire de
guerre qui passa sept à huit mois après l’événement
parvint à se saisir de ce chef, mais celui-ci obtint sa
liberté en payant sa rançon, et s’enfuit ensuite dans
les montagnes. Hutchinson m’assure que les naturels