on voit paraître des groupes de sauvages armés,
gesticulant avec force. Plusieurs se dirigent du côté
de la vallée des Hapas, et bientôt la cime du mont qui
sert de limites aux habitants des deux baies se couvre
de naturels allant en découverte.
Le capitaine Jacquinot se transporte à bord de
Y Astrolabe et paraît convaincu de la réalité de la
nouvelle en question. Je lui fais part de mes dispositions,
et lui annonce que l’inspection générale que
je devais faire le jour suivant en qualité de chef de
division, serait ajournée jusqu’à ce que l’aiïaire pendante
ait eu une solution quelconque.
Le soleil couchant allait disparaître derrière les
hautes terres de l’île , mon inquiétude était des plus
vives, lorsque tout à coup au sommet de la montagne
se montre un groupe plus gai et plus agité que les
autres, et au milieu des sauvages qui le composaient,
je reconnais très-distinctement M. Le Guillou , objet
de toutes nos anxiétés. Au coton blanc et à la coiffure
bizarre qu’il a coutume de porter dans ses promenades,
il est facile de le distinguer. Il paraît sain et
sauf et même très - tranquille pour son propre
compte.
Dès-lors adieu à tout projet de guerre. Tout rentre
dans l’ordre habituel, et l’inspection reste fixée pour
le jour suivant. Le soir on peut seulement remarquer
qu’aucune des filles de Nouka - Hiva ne se re n d ,
suivant leur coutume, à bord des deux navires, sans
doute elles avaient craint de se hasarder après
l’alarme qui venait d’avoir lieu.
Loin d’avoir été maltraité chez les Hapas, M. Le 1888-
. . AOUt. Guillou avait été bien accueilli, et rien n’avait pu lui
faire croire à des intentions malveillantes de la part
des naturels. Il était simplement arrivé que le bruit
s’était répandu que M. Le Guillou était allé chez les
Tai-Piis, on avait pensé qu’il y avait été nécessairement
massacré.
A sept heures du matin, je me rends à bord de la 1er septembre.
Zélée, où je suis salué de quatre coups de canon.
Sur-le-champ je procède aux diverses opérations de
l’inspection en général, prescrite par l’ordonnance
ministérielle de juin 1837. On fait l’exercice de la
mousqueterie à poudre et l’exercice du canon sur
un but placé sur le rivage , à une distance d’environ
300 mètres. C’était un morceau de fourrure carré de
3 mètres de côté, tendu sur une roche de la falaise.
Plusieurs boulets ont porté dans le but, mais les
autres faisaient voler avec fracas les morceaux du
roc voisin. Ce spectacle avait attiré une grande quantité
de naturels sur la plage. Ils étaient dans l’admiration
et ils la manifestaient par des cris de joie et
des démonstrations belliqueuses.
Dans l’après-midi c’est le tour de Y Astrolabe, où
les mêmes exercices recommencent. Le résultat de
ces deux inspections a été que les deux équipages se
trouvent dans un état d’instruction et de discipline
très-satisfaisant. Bien que le but de notre mission
ne soit nullement militaire, je vois avec plaisir que
néanmoins nos navires réunissent sous ce point de
vue tout ce que l’on peut raisonnablement en